Des dizaines de blindés israéliens opéraient dimanche aux portes de la ville de Gaza, à plusieurs kilomètres de la frontière, ont rapporté à l'AFP des témoins, tandis que l'armée israélienne avancait en profondeur en plusieurs points du territoire.
Des blindés et des unités d'infanterie ont été signalés dans le secteur de l'ancienne colonie juive de Netzarim, évacué lors du désengagement de la bande de Gaza de l'été 2005, à trois kilomètres au sud de la ville de Gaza, principale agglomération du territoire.
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La route principale contrôlée par l'armée. Ces témoins ont fait état de «cinquante blindés», notamment des chars lourds Merkava, transports de troupes et bulldozers, qui se sont déployés dans ce secteur, autour d'un carrefour stratégique coupant en deux la route principale nord-sud de la bande de Gaza.
Des dizaines de familles fuyaient le secteur vers le sud en voitures, dans des camions, à l'approche des blindés israéliens.
Les blindés israéliens ont également coupé un important axe routier à la hauteur de Jabaliya et Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza, ainsi que près de Boureij, dans le centre. C'est dans ce secteur de Jabaliya et Beit Lahya que se sont déroulés les plus violents combats.
«Nos forces ont atteint les objectifs qui avaient été fixés pour empêcher les tirs de roquettes. L'opération progresse plus vite que prévu», a déclaré le porte-parole de l'armée, le général Avi Benyahou.
Par ailleurs les forces israéliennes procèdent à des opérations de ratissage systématiques et à des arrestations.
«Il n'y a pas de combats rapprochés, a déclaré un autre haut responsable militaire israélien. L'essentiel de l'opposition est sous forme de tirs d'obus de mortier». Il a précisé : «Il est possible que nous devions garder un certain temps le contrôle de certains secteurs d'où sont tirées des roquettes mais l'objectif n'est pas de réoccuper la bande de Gaza».
Quarante morts côté palestinien. Selon des sources hospitalières palestiniennes, quarante Palestiniens ont été tués dimanche dans la bande de Gaza, dont 20 dans le nord, par des tirs de l'armée ou des raids israéliens. Le chef des services d'urgence palestiniens Mouawiya Hassanein a précisé que 22 civils figurent parmi les victimes, dont des femmes et des enfants, et que plus de 200 Palestiniens ont été blessés.
Vingt morts au moins ont été recensés autour de Jabaliya et Beit Lahya, cinq à Gaza-ville, deux près de Khan Younès et trois autres à Rafah, dans le sud du territoire. Un des raids israéliens à Khan Younès a visé un chef du Hamas, Jihad Hamdan, qui a été grièvement blessé.
En fin d'après-midi, cinq Palestiniens d'une même famille ont été tués près de Gaza-ville. Les cinq personnes, dont une fille de quatorze ans, ont péri lorsque leur voiture a été touchée par un obus tiré par un des chars israéliens qui ont pris position sur le site de l'ancienne colonie juive de Netzarim, à 3 km au sud de Gaza-ville. Un ambulancier dépêché sur les lieux a également été tué par des tirs israéliens.
Plus de 493 Palestiniens ont été tués depuis le début le début des attaques israéliennes dans la bande de Gaza.
Premier mort israélien. La chaîne de télévision Al-Jazira a affirmé dimanche qu'un soldat israélien avait été tué dans l'offensive terrestre sur Gaza. L'armée a confirmé dans l'après-midi que le sodlat avait été victime d'un tir de mortier près de Beit Lahya. Il s'agit du premier militaire israélien tué depuis le début de l'opération. Auparavant, dans un premier bilan officiel, un porte-parole militaire a déclaré que 30 soldats israéliens ont été blessés dans l'offensive terrestre, dont deux grièvement. Il a démenti un communiqué du Hamas qui affirmait que neuf soldats israéliens avaient été tués. Un porte-parole militaire a également fait état d'une forte baisse des tirs de roquettes contre Israël. «Huit roquettes à courte portée et sept obus de mortiers ont été tirés depuis la déclenchement de l'opération terrestre», sans faire de victime, a-t-il dit
L'avertissement au Hezbollah. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a affirmé dimanche qu'Israël ne voulait pas de l'ouverture d'un nouveau front sur sa frontière nord avec le Liban, dans un avertissement voilé au Hezbollah. «J'ai donné instruction aux responsables de la Défense pour qu'ils se tiennent prêts à toute éventualité dans le cas de figure où quelqu'un penserait tirer avantage du fait qu'Israël opère sur son front sud», a ajouté le Premier ministre lors de la réunion du cabinet au ministère de la Défense à Tel Aviv. Les porte-parole du Hezbollah se sont refusé à tout commentaire.
Une situation humanitaire "très préoccupante". Selon Richard Miron, porte-parole de l'UNSCO (United Nations Special Coordinator for the Middle-Est Peace Process), joint par téléphone dimanche matin par leparisien.fr, la situation humanitaire à Gaza est "très préoccupante". "Il y a une escalade de la violence, qui entraîne une détérioration de la situation humanitaire. Nous réitérons notre appel au secrétaire général pour qu'il soit mis fin immédiatement à la violence."
Désaccord à l'ONU. Le Conseil de Sécurité de l'ONU, réuni samedi soir, n'a pas réussi à se mettre d'accord sur un texte appelant à un arrêt des combats. Son président, l'ambassadeur de France Jean-Maurice Ripert, a cependant fait état de convergences de vues «pour appeler à un cessez-le-feu immédiat, permanent et respecté». Il a aussi mentionné la nécessité de «protéger la population civile» et de «permettre et faciliter la fourniture d'assistance humanitaire» à Gaza.
Mais l'ambassadeur adjoint des Etats-Unis, Alejandro Wolff, a rappelé la position de Washington, faisant porter au Hamas et à ses tirs de roquettes la responsabilité de la situation. Les efforts des Etats-Unis, alliés d'Israel, «visent à établir un cessez-le-feu durable, fiable, qui soit respecté par tous et cela implique la fin des tirs de roquettes» et de l'approvisionnement de Gaza en armes, a-t-il dit.
Dimanche, le Hamas a qualifié la position de l'ONU de "farce".
Leparisien.fr avec AFP -04.01.09