Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Correspondances

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles:
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le muse, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, 1857

Commentaires

  • Merci Gaëlle.
    Il est très rare de nos jours de pouvoir lire de si beaux textes sur un site web. "Correspondances" est proche de la perfection. J'ai acheté, il y a quelques années, "Les Fleurs du Mal" que je n'avais plus depuis trop longtemps sur les conseils d'une amie qui avait fait de même. J'ai donc pu retrouver "L'albatros", "L'homme et la mer", "Harmonie du soir" et bien d'autres, dont "Correspondances". Je pense souvent aux professeurs, maîtres et maîtresses qui avec beaucoup de patience et de métier ont initié des générations d'enfants aux arts et aux sciences. C'était juste avant la bolchévisation généralisée du système, la grande invasion barbare et la course au fric des bobos dégénérés. Et bien sur avant l'épidémie de sarkozite purulente !

  • Ce sonnet, un de mes préférés, sied bien à votre blog, chère Gaëlle .Soyez-en remerciée .Et, comme Philippe Maréchal, j'aime que vous "suspendiez" le temps (mauvais, malade et laid ) un court moment .
    J'aime aussi "Elevation" :
    "[...]
    Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides;
    Va te purifier dans l'air supérieur,
    Et bois, comme une pure et divine liqueur,
    Le feu clair qui remplit les espaces limpides .[...] "
    Quant aux pages que Baudelaire consacre (dans L'Art romantique ) à Wagner, en particulier à Lohengrin et Tannhäuser, elles sont ...sublimes !

  • Lohengrin et Tannhaüser , ils sont en finale de Koh Lanta ?

  • Merci pour ces commentaires qui m'encouragent à placer des poèmes sur le blog. J'en ai besoin moi-même!

    J'ai toujours aimé Baudelaire et je le tiens pour un génie.
    Son intelligence et sa sensibilité étaient extrêmes.
    Je le relis souvent. Il y a toujours quelque chose à apprendre, à méditer.
    Il manquerait quelque chose à la France et au monde s'il n'avait pas existé.

    Ce n'est pas Internet qui détruira la poésie. Ce sont les âmes basses, les fausses "cultures", la métèquisation du monde.
    Un peu plus de poésie et de beauté, un peu moins d'économie et de commerce, et les esprits ne seraient pas ruinés!

  • Chére Gaelle Mann,

    Marcel Aymé dans "Le confort intellectuel" a fait une analyse explosive de la poésie de Baudelaire; j'avoue que depuis, elle a perdu de son charme pour moi.

    Toutes mes félicitations pour votre blog.

    Pierre-Henri

  • Oui, "Le Confort intellectuel" est désopilant et le "comm" sur le sonnet "La Beauté" bat en brèche toutes les explications littéraires de préparation au bac-à-lauréats;-)
    J'ai le souvenir d'un génial prof qui, après avoir fait l'explication académique du poème et où nous nous étions pâmés de concert devant tant de ...beauté, espérant déjà tomber sur "La Beauté" à l'oral ,nous avait lu, malicieuse, le comm de Marcel Aymé ! Quelle chute ;-)
    N'empêche, j'aime Baudelaire !
    Quant à Wagner et "Koh Lanta", kezako ?

  • Une piètre tentative d'humour, Tania. Je n'ai pas osé "le banc des remplaçants", comparaison footballistique par laquelle on a coutume aujourd'hui de se moquer des imbéciles qui n'ont pour toute culture que ce que leur sert la boïte à décérébrer.

    Merci Gaëlle. Les plus belles fleurs continueront de pousser sur les tas d'ordure et les ruines des échoppes des marchands du temple.

  • Merci, chère Gaëlle, pour nous donner ces très belles choses et merci également à … Tania qui nous en a servi un petit supplément.

  • Je sais que KOh Lanta est un jeu-inter-actif-citoyen mais je n'en connais pas les arcanes ...Merci à voyageur de me mettre sur la voie : donc, il y a des zéros qui jouent aux héros ?

  • C'est ça Tania. On "largue" une dizaine de zéros sur une île prétendûment déserte (TF1 a été prise en flagrant délit de retouche d'images et de tricherie à diverses reprises par des internautes). Pour 400 000 francs (ne me demandez pas en zeuros), on les oberve s'entredéchirer en appelant "stratégie", honneur et amitié leurs calculs, leur mesquinerie et leur âpreté au gain.
    Naturellement, hormis un bon régime, les zaventuriers ne risquent rien et n'ont qu'à pêcher ou attraper de petits animaux près avoir potassé un petit manuel de survie dans la jungle. Pour les occuper TF1 leur invente des jeux intervillesques pompeusement baptisés épreuves. Le tout présenté par l'habituel animateur illettré de la maison.
    J'ai regardé quelques épisodes d'une saison pour me faire une idée.
    Méprisable.
    Un peu moins que le cynisme de TF1 tout de même.

  • Si je comprends bien on peut appeler çà Colles En Tas. On est loin de la petite maison dans la prairie.

  • Oui, on colle en tas des zéros veules et méchants sur une île pas déserte. On leur fait vivre une saison en enfer ;-) et on leur fait anonner :
    A noir, E blanc, I rouge,U vert, O bleu ....(tentative hasardeuse pour revenir au propos littéraire de Gaëlle ;-) car on s'en est un peu ...éloignés ! Mais, c'était tentant comme une île ;-)de TF1 .
    Z'ont sûrement pas de Bible, ni la chemise à carreaux de Charles Ingalls ;)

  • Bravo chère Tania, pour votre petit poème rimbaldien en prose !

  • @Pierre-Henri: Marcel Aymé, que je connais, est un excellent écrivain, très courageux (il a défendu Brasillach), faisant fi des honneurs et de la Légion d'honneur, je crois, mais il n'aimait pas Baudelaire...
    On lira encore Baudelaire qu'on aura oublié Marcel Aymé. Marcel Aymé, c'est une époque, et cette époque a disparu... Hélas, d'ailleurs, pour l'esprit et l'humour français!
    Tandis que Baudelaire, en visionnaire, est devenu un contemporain: il est aujourd'hui le grand poète qui manque à notre société pour la décrire dans sa désespérance.
    Il est intemporel, comme Villon, comme Rimbaud, comme tous les Albatros... On ne peut plus le juger, il existe, envers et contre tous les jugements.

    Mais chacun est libre de penser ce qu'il veut!

    Mon professeur n'aimait pas Baudelaire. Mais l'opinion des profs n'a jamais compté pour moi. La plupart sont des cuistres, et je me moquais de ce qu'ils pouvaient dire.

    Amicalement

Les commentaires sont fermés.