INTERVIEW - Pour la première fois, une association publie un rapport sur les atteintes aux droits de l'homme que subissent des militaires en exercice. Son président dénonce des «pratiques d'un autre âge», surtout dans la Légion.
L'Association de défense des droits des militaires (Adefromil), une association créée en 2001 pour recueillir des témoignages de militaires, vient de publier son premier rapport sur les droits de l'homme dans l'armée. Un rapport explosif qui tire la sonnette d'alarme face à l'afflux de témoignages de soldats brimés dans le cadre de leur mission. Michel Bavoil est président de l'association. Capitaine en retraite, il dénonce la situation et réclame des mesures concrètes :
Lefigaro.fr : Quel bilan tirez-vous en matière des droits de l'homme dans l'armée ?
Michel Bavoil : Nous mettons le doigt sur des dysfonctionnements majeurs. Et principalement à la Légion étrangère. La Légion fonctionne sur un système de pression. Les gars sont retenus par la force et par la menace, il faut le savoir : sinon, 85% d'entre eux se sauveraient. Par ailleurs, les commandants profitent de leur pouvoir sur eux, parce qu'ils sont tous étrangers : ils décident des certificats de bonne conduite, dont dépend l'attribution de titres de séjour. Et font du chantage avec ça. Et comme les légionnaires ne s'engagent pas sous leur vrai nom, mais sous une «identité déclarée», des problèmes surgissent toujours en fin de contrat. C'est un scandale, on ne peut pas traiter des étrangers comme ça !
Pouvez-vous nous donner des exemples ?
Il y a cet ancien légionnaire, Taleb. Il a été réformé suite à une blessure au genou, libéré à Marseille sans ses papiers, ce qui a posé des problèmes quand il s'est présenté à l'hôpital pour se faire opérer. Il y a aussi Gurkha, un Népalais, atteint d'une tuberculose. Il a eu un moment de déprime et s'est retiré de la Légion quelques jours. Ce qui ne lui a pas été pardonné : la Légion l'a renvoyé à Paris, lui a retiré tous ses papiers et lui a bloqué son compte bancaire à La Poste.
Et puis j'ai des photos aussi de légionnaires en train de ramper en slip et en rangers la nuit, avec, à côté, un gradé qui tient un grand bâton et une bière. Ça relève du Code pénal ! C'est un autre monde, on a l'impression de revenir 100 ans en arrière chez eux !
La Légion étrangère est pourtant souvent présentée comme un creuset d'intégration synonyme d'exploits guerriers…
Des mythes tout ça ! Et nous, on met le doigt là où ça fait mal. Faire partie d'une troupe d'élite, c'est être très bon en sports, savoir tirer, bien connaître l'armement, mais ça n'est pas de foutre des coups à des gars ! Les victimes deviennent des hommes sans droits.
Dans votre rapport, vous vous appuyez sur le témoignage de 200 personnes par an en moyenne. Au regard des 347.903 militaires français, ne représentent-elles pas une minorité ?
Pour avoir un dossier béton, nous avons décidé de nous fonder uniquement sur les témoignages de personnes qui ont fait le déplacement et qui ont adhéré à l'association (c'est le seul lien de droit qui nous unit à elles). Mais on ne compte pas les quatre ou cinq militaires qui nous contactent chaque jour souvent anonymement pour parler de leur détresse, par téléphone ou par mail. On leur donne des conseils, et au besoin on les dirige vers des avocats. Quoi qu'il en soit, il y a de plus en plus témoignages, souvent très durs, c'est un fait.
Ne craignez-vous pas qu'on vous accuse de dénigrer l'armée ?
Dévoiler ces dysfonctionnements, est-ce dénigrer l'armée ? Faut-il que ces atteintes aux droits de l'homme continuent ? Mais attention, nous ne sommes pas dans une entreprise antimilitariste, loin de là !
Vous parlez d'une «régression». Faut-il y voir un rapport avec la professionnalisation de l'armée ?
Bien sûr. Les appelés avaient des bouées de secours, avec leurs parents ou les députés. Maintenant que les militaires sont des professionnels, tout le monde s'en fout ! Si le pouvoir ne surveille plus ce qui se passe, ça peut devenir n'importe quoi.
Quelles sont vos propositions ?
Il faut des contre-pouvoirs. On propose des médiateurs dans les armées, avec le renvoi systématique des gens qui pratiquent des brimades.
Qu'attendez-vous des pouvoirs publics ?
Le ministre de la Défense, Hervé Morin, refuse de communiquer avec nous. Michèle Alliot-Marie était beaucoup plus efficace : dès qu'elle entendait parler d'une brimade, elle ordonnait une enquête. Mais actuellement, nous nous sentons un peu seuls et il faudrait que ça change.
* Rapport sur les droits de l'homme dans l'armée française, 2005-2008, ADEFDROMIL, 28, rue d'Edimbourg, 75008, Paris. L'intégralité du texte n'est pas disponible sur le Net.
Commentaires
Que ces associations droit de l'hommesque commencent par s'occuper de Tsahal...
Chère LENI, vous avez parfaitement raison, mais il ne s'agirait plus alors des droits de l'homme, mais de ceux du reptile!
On n'a aucune preuve de ce que raconte ce Bavoil : son seul but, c'est de salir la Légion étrangère.
Parce qu'il faut détruire la France dans tout ce qui a encore chez elle le sens de l'honneur!
Bave au lit(je sais c'est facile) est un casse bonbons droitdelhommiste.
La dureté est la règle dans la L"gion et ceux qui signent
après les tests de sélection,savent à quoi ils s'engagent.
Cette dureté extrème est probablement la clé du succès de ce régiment d'élite.
Cela dit ,dommage que cette armée ne soit pas réservée aux Européens .
Très bonne remarque de LENI.
La Légion est le corps le plus glorieux de l’Armée française et pas seulement à cause de Camerone. La France lui doit beaucoup et doit lui en être reconnaissante !
Il peut existre des abus, comme partout; mais en effet , comme le dit Marcel, la dureté est la règle dans la Légion; peut-être ont-ils peur d'un "putsch"; donc tout ce qui est par trop viril est dangereux pour eux.
"Faire partie d'une troupe d'élite, c'est être très bon en sports, savoir tirer, bien connaître l'armement, mais ça n'est pas de foutre des coups à des gars ! Les victimes deviennent des hommes sans droits."
Et tu fais partie d'une troupe d'élite pour parler de ça, monsieur le droit de l'hommien ?
C'est aussi et surtout, si tu y connaissais quelque chose, un état d'esprit et un mental d'acier pour soutenir toutes ces qualités physiques. C'est ce qui est testé dans ces épreuves. Ceci dit, il est clair que certains doivent en profiter. Rien n'empêche les impétrants de partir alors... mais loin de France. C'est là que le bât blesse.
Ceux qui se sont engagé dans la Légion avec pour seul objectif l'acqusition de la nationalité française n'ont rien à y faire. Et c'est c'est bien ce qui semble chagriner véritablement monsieur le "surtout pas antimilitariste".
La ruse est grossière.
Cher voyageur: excellent commentaire, comme toujours! C'est bien de cela qu'il s'agit en fait: acquérir la nationalité française en s'engageant dans le Légion... Et s'adresser ensuite eux "droits de l'homme"! Ruse grossière en effet!
Moi, ce qui me surprend, c'est la faiblesse des exemples proposées.
1.Un Taleb blessé au genou et a qui on aurait retiré les papiers: c'était, oui ou non, conforme au contrat qu'il avait signé?
2.Un Ghurka qui s'est « retiré » quelques jours; ça ne s'appelle pas « de la désertion »?quant a ses papiers et à son compte; même remarque que plus haut
3.Une photo: prise par qui? En quel contexte?
quant on vient a la légion on sait a quoi sans tenir