Trois anciens compagnons de captivité avaient déjà écorné l'image d'Ingrid Betancourt, l'otage des Farc libérée en 2008. En février, ces trois mercenaires américains capturés en 2003 par la guérilla colombienne avaient publié «Hors de captivité» (Harper-Collins), où ils disent tout le mal qu’ils pensent de la Franco-Colombienne.
- Cette semaine, c'est au tour de Clara Rojas, ex-directrice de campagne d'Ingrid Betancourt enlevée avec elle en 2002, de livrer un portrait peu flatteur de son ancienne amie dans «Captive», qui paraît ce jeudi en France (Plon).
En 1998, les liens amicaux qui unissent les deux femmes se renforcent. Il s'agit «d'amitié, de fraternité et de compréhension» entre Clara et Ingrid, selon la traduction réalisée par l'AFP de la version espagnole de l'ouvrage. Clara Rojas, avocate de formation, participe alors avec Ingrid Betancourt aux élections parlementaires en Colombie. C'est au nom de cette amitié, dit-elle dans son livre, qu'elle n'a pas voulu laisser Ingrid seule lorsque la candidate à la présidentielle a décidé le 23 février 2002 de se rendre sans protection à San Vicente del Caguan (sud), dans une région tenue par la guérilla. Cette décision «paralysa» pendant six ans la vie de l'avocate de 38 ans après leur enlèvement sur la route et l'amena à être séparée pendant trois ans de son fils Emmanuel, né le 16 avril 2004 en pleine jungle après une liaison avec un guérillero, avant d'être confié à des paysans.
Des attitudes mesquines
Selon Clara Rojas, l'amitié entre les deux femmes a commencé à se briser après leurs deux tentatives infructueuses de fuite dans les jours qui suivirent l'enlèvement et alors qu'elles plongeaient toutes deux dans le «désespoir». Ingrid Betancourt était «amère». «Dans cette situation extrême, les différences de caractère sont devenues manifestes», écrit Clara Rojas sans s'étendre. Leurs relations devinrent si tendues que leurs geôliers décidèrent de les éloigner, au sein même du camp où elles étaient détenues. Ingrid Betancourt, accuse-t-elle, lui retira même un jour le dictionnaire qu'elle avait demandé pour occuper ses journées et alla jusqu'à l'expulser des cours de français qu'elle organisait pour d'autres otages. «Des anecdotes au final triviales... Je veux simplement démontrer l'atmosphère qui existait entre les otages», expliquait Clara Rojas jeudi sur Europe 1.
Une lettre jamais transmise à sa famille
Autre révélation de l'ouvrage : peu de temps après leur enlèvement, les deux femmes ont écrit chacune une lettre à leur famille, faxée aux Betancourt. Ceux-ci n'ont pas transmis la lettre de Clara à sa mère, restée trois mois sans nouvelles de sa fille. «Ils n'ont pas informé ma famille que j'étais encore vivante. Je crois qu'ils voulaient qu'Ingrid soit sur le devant la scène. C'est la seule explication que j'ai pu trouver», a-t-elle indiqué sur Europe 1.
Plus tard, en décembre 2003, lorsque Claras Rojas apprit qu'elle était enceinte, son amie n'eut pas la réaction qu'elle attendait. «J'aurais aimé qu'elle réagisse comme une soeur... vu l'amitié que nous avions», a-t-elle raconté à l'AFP en décrivant le «bienvenue au club» chargé d'«ironie» que lui aurait lancé son amie lorsqu'elle lui a annoncé la nouvelle.
Ingrid Betancourt, ex-otage dont le portrait géant a trôné sur la façade de l'Hôtel de ville à Paris, serait-t-elle victime du mythe construit autour de sa personne? «Chaque pays crée ses propres réalités et ses propres mythes. J'ai juste tenté d'être le plus respectueuse possible (...) Que chacun tire ses propres conclusions», déclare à l'AFP Clara Rojas.
L'ex-candidate à la présidentielle colombienne livrera peut-être sa version de cette amitié brisée dans un livre qu'elle rédige actuellement à New York...
le parisien.fr 16 avril 2009
Commentaires
Mais Ingrid, la madone des bobos, s’en fout de tout ça : elle est en train de dorer ses fesses de cocos aux Seychelles !
Certes.
Je note cependant le torrent de fiel qui s'est abattu sur Ingrid Betancourt qq temps après qu'elle se soit rendue à Lourdes pour prier la Vierge.
Je relève que sa ferveur catholique a été d'abord sidérante pour ceux qui l'avaient soutenue, puis insupportable, ensuite haïssable.
A Pierre-Henri : vous avez peu-être raison ; ce serait un étrange retournement de situation.
Je l'ai entendu, hier, sur la radio.
Elle a quand même accouché par césarienne, en pleine jungle.......
C'est haletant, vivement le prochain épisode!