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La grotte Mandrin, berceau de l'humanité en Eurasie?

La grotte Mandrin est-elle en passe de devenir le nouveau berceau de l'humanité en Eurasie ? Inspectée depuis 1991, elle commence à livrer des secrets retentissants dans le monde de la paléontologie, au point que l'université d'Oxford y délègue des spécialistes et y investit des dizaines de milliers d'euros. Et ce, sans même avoir été sollicitée par le Dr Ludovic Slimak,
le chercheur du CNRS qui dirige les fouilles...

Voilà bientôt 20 ans que des fouilles archéologiques sont menées dans la grotte Mandrin, sur le territoire de la commune de Malataverne, près de Montélimar (Drôme).

Et alors que cette cavité livre peu à peu ses secrets paléolithiques, c'est tout le monde scientifique qui commence à résonner de ces découvertes, et surtout des interprétations consécutives que peu à peu elles autorisent.

La semaine dernière, et pour la seconde fois cet été, l'université d'Oxford dépêchait sur place ses spécialistes pour une série de prélèvements à faire et à analyser. Sans que l'honorable institution ait été sollicitée, et pour des analyses dont le coût avoisine les 1000 € par prélèvement. À la grotte Mandrin, Oxford s'est donc déplacé à ses frais pour effectuer près de 80 prélèvements. Autrement dit, et avant même d'entrer dans le "vif" du sujet : Oxford investit actuellement des dizaines de milliers d'euros dans cette petite cavité drômoise.

Une couche vieille
de 50 000 ans

Débutées en 1991, les fouilles archéologiques régulières de la grotte Mandrin sont placées, depuis douze ans, sous la direction du Dr Ludovic Slimak, de l'université de Provence, chercheur au CNRS rattaché au laboratoire de l'université du Mirail à Toulouse. À l'heure actuelle, son équipe et lui fouillent un niveau vieux de 50 000 ans, comme en attestent les analyses faites à Oxford par la méthode du carbone-14 par ultra-filtration (qui recule les limites du carbone-14 de 35 000 à 55 000 ans). Mais c'est un peu avant, si l'on peut dire, que les découvertes semblent d'une extraordinaire fécondité...

«On peut mettre en évidence ici que nos ancêtres homo sapiens sont arrivés précocément dans cette aire de l'Europe. Jusqu'ici, avec l'aurignacien, on ne dépassait pas 36 500 ans. Or nous avons ici une très belle installation d'un aurignacien ancien - ou proto-aurignacien - aujourd'hui datée entre 38 000 et 39 000 ans » explique M. Slimak, « on fait donc un bond de 2000 ans, ou plus, avant ce qu'on pensait être l'arrivée de ces hommes-là ».

Où Mandrin vient confirmer

et situer Chauvet

Encore mieux : la découverte d'une trace d'art pariétal, dans cette couche vieille d'à peu près 38 000/39 000 ans, permet d'assurer que « ce premier art pariétal a donc existé 6000 à 7000 ans avant Chauvet ».

Et c'est précisément là, en tant qu'elle contextualise et affermit les découvertes faites à Chauvet, que la grotte Mandrin offre des perspectives déterminantes pour la connaissance paléontologique. En effet, pour déterminer la période de "naissance de l'art" chez les hommes - les scientifiques parlent d'émergence de la pensée symbolique - « longtemps la chronologie a été bloquée dans une période de 16 000/18 000 ans. Puis il y a eu la découverte de Chauvet, et des datations à environ 32 000 ans, pour un art déjà parfait et abouti, et qui semblait être l'héritier d'une longue tradition ». Datations qui avaient alors provoqué un vif débat, entre partisans et adversaires de l'ancienneté réelle des pièces découvertes à Chauvet.

Des symboles
et des peintures déposés
sur les parois

Selon M. Slimak, à la grotte Mandrin, «on apporte un élément de réponse majeur, car on peut démontrer que des symboles, des peintures, avaient été déposés sur les parois», et ce 6000 à 7000 ans avant Chauvet. « Les hommes de Chauvet étaient héritiers d'un artisanat, d'un savoir-faire déjà pluri-millénaire» explique encore Ludovic Slimak.

Occupée successivement par néanderthaliens et homo sapiens, la grotte Mandrin pourrait bien prétendre au titre - même provisoire - de nouveau berceau connu de l'humanité en Eurasie.

Il appartiendra au Dr Ludovic Slimak et à son équipe, dans les mois ou années qui viennent, de le déterminer.

Pierre Lasterra - Le Dauphiné libéré.com - 01.08.09

Commentaires

  • Comme dirait l’inénarrable Chichi : voilà de l’Art Premier !

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