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Frédéric Mitterrand est un gai franco-tunisien!

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Minute n°2421 - 12 août 2009

Un Tunisien nommé… Frédéric Mitterrand

A force de pipeulisation du pouvoir, Nicolas Sarközy n’a même pas fait attention qu’il venait de nommer… un étranger au gouvernement ! Ou bien le sait-il et n’en a-t-il que faire ? Pour la première fois dans notre histoire, le ministre de la Culture n’est pas (seulement) français. Il est franco-tunisien ! Un neveu d’un ancien chef de l’Etat qui est binational, c’est vraiment la cerise sur le loukoum.

Entre Frédéric Mitterrand et la Tunisie, c’est une longue histoire d’amour. Débutée dans son enfance, dans le sillage des jupes maternelles – Edith Cahier, épouse Mitterrand, la nièce d’Eugène Deloncle, fondateur du Comité secret d’action révolutionnaire ou Cagoule –, à Hammamet. C’est là que réside, dans une somptueuse villa, la décoratrice Leïla Menchari, une amie de sa mère et une fierté nationale de la Tunisie, qui se définit comme « citoyenne du monde oui, mais méditerranéenne avant tout ».

« On ne pouvait pas souhaiter de meilleure introduction, écrira Frédéric Mitterrand, le raffinement sans le snobisme, la culture dans toutes ses composantes : la connaissance de l’Histoire, un Islam de l’amitié et de la tolérance, le respect fervent des arts populaires, les fixés sur verre, les jardins, les briks au thon, les récits de la Médina de Tunis et les souvenirs des innombrables voyageurs qui ont tous apporté quelque chose et enrichi la mémoire collective. »

« Le plus flamboyant des compagnons » de Ben Ali

La Tunisie, le jeune Mitterrand connaît déjà. Sans y être allé, il en a rêvé. « Enfant, j’étais fasciné par les campagnes d’Hannibal et par la résistance acharnée de Carthage à l’impérialisme romain. Sur cette terre d’Afrique, on cultivait le courage et l’astuce, ces deux vertus que prisent les lycéens timides et désireux de s’affirmer. » Chez lui, son père, le frère de François Mitterrand donc, lui parle de Bourguiba, le héros de l’indépendance, et de Pierre Mendès France, grâce auquel « on s’est réconciliés avec les Tunisiens ». Et puis il y a Claudia Cardinale, la belle et torride Claudia Cardinale, tunisienne depuis trois générations…

Ses goûts changeront, mais pas celui pour la Tunisie, où il trouvera « une atmosphère de solidarité et une chaleur humaine qui me manquaient en France », au point d’en faire son autre pays, et peut-être même le premier, celui où il se sent bien, dans l’odeur des corps et la chaleur des sables et réciproquement. La Mauvaise Vie (Robert Laffont, 2005) témoigne de ses dérives homosexuelles en territoire carthaginois, Une saison tunisienne (Actes Sud, 1995) qu’il s’est fait « Tunisien de cœur ». Tunisien de résidence aussi : il vit une partie de l’année à Hammamet, où il possède une villa que l’on prétend digne de son esthétisme.

Le président Zine el-Abidine Ben Ali a eu beau renverser Bourguiba, le héros de son enfance, en 1987, Frédéric Mitterrand reste fidèle à son deuxième pays. Le jeune Ben Ali – il a 41 ans lorsqu’il prend le pouvoir – est de ces hommes forts auprès desquels il lui faut être introduit. Il le sera jusqu’à devenir « le plus flamboyant des compagnons du régime tunisien de Ben Ali », malgré les atteintes avérées aux droits de l’homme dénoncée par l’ensemble de la gauche française mais qui ne pèsent pas lourd, à ses yeux, face à la modernisation du pays à laquelle procède Ben Ali.

Pour la Tunisie, Mitterrand est Tunisien !

Pour la Tunisie, Frédéric Mitterrand va faire beaucoup. Plus que pour la France ? Chacun en jugera. Lorsqu’il réalise Madame Butterfly (1995), très libre adaptation de l’opéra de Puccini, c’est en Tunisie qu’il choisit de le tourner. Pour la beauté des paysages, jurera-t-il, pas pour le moindre coût de production. Et lorsque cet homosexuel assumé se prend à vouloir un enfant, puis un deuxième, ce sont des Tunisiens qu’il choisit, on ne sait trop où on ne sait trop comment, puisqu’il affirme ne pas les avoir adoptés mais qu’il a élevés à Hammamet et qui sont tous deux majeurs aujourd’hui, l’un étant même papa.

A Frédéric Mitterrand, le président Zine el-Abidine Ben Ali, qui en est cette année à sa vingt-deuxième année de règne sans partage, ce qui doit plaire à l’ami des têtes couronnées, va octroyer deux faveurs extrêmement rares : d’abord il le décore de l’ordre du 7-Novembre, la plus haute distinction du régime qui renvoie au 7 novembre 1987, date du renversement de Bourguiba par Ben Ali. Ensuite il lui octroie la nationalité tunisienne et le passeport qui va avec. Et c’est là que ça se complique…

Car si, pour la France, Frédéric Mitterrand, né à Paris de parents français, et ministre de la Culture, est français, ce qui est bien le moindre, pour la Tunisie, il est tunisien. Frédéric Mitterrand est soumis, à chacun de ses voyages en Tunisie, qui étaient très fréquents jusqu’à ce qu’il prenne la tête de la Villa Médicis, aux contraintes administratives que connaissent bien tous les binationaux franco-tunisiens. S’il doit montrer son passeport français pour sortir de France, il lui faut présenter son passeport tunisien pour entrer en Tunisie ! Si par mégarde il l’avait oublié, il peut entrer en Tunisie avec son passeport français mais ne pourra en sortir qu’en s’étant fait refaire un nouveau passeport tunisien, sauf laissez-passer (en fait, un laissez-sortir !) établi spécialement par le ministère de l’Intérieur… Sur un plan strictement juridique, un binational franco-tunisien devient exclusivement tunisien dès qu’il pose un pied sur le sol de Tunisie ! Ça va être simple pour les voyages officiels…

L’article 230 du Code pénal lui a été épargné…

Frédéric Mitterrand va-t-il conserver la nationalité tunisienne ? Selon le Code de la nationalité tunisienne, il semble qu’il ne puisse plus la récuser. C’est à l’Etat tunisien de voir si son entrée au gouvernement française lui permet de demeurer tunisien. L’article 33 de ce code, qui prévoit les cas de déchéance de la nationalité, concerne les naturalisés qui se sont livrés « au profit d’un Etat étranger à des actes incompatibles avec la qualité de Tunisien et préjudiciables aux intérêts de la Tunisie », et encore dans un délai de dix ans à compter de l’acquisition de la nationalité tunisienne. On est prêts à parier que le ministre français de la Culture se gardera, dans ses hautes et nobles fonctions, de perpétrer des actes incompatibles avec sa « qualité de Tunisien ». « La Tunisie est un pays de paix, qui mérite largement qu’on ait foi en son avenir », écrivait-il en avril 2007.

La seule chose qui pourrait lui être reprochée, au regard du droit tunisien, c’est son homosexualité. Le Code pénal prévoit jusqu’à trois ans de prison pour les actes de sodomie entre adultes consentants (article 230). Le Guide du routard met en garde les touristes contre les risques encourus. Et les associations de défense des homos ne cessent de s’étrangler des interdits posés à la pratique de l’homosexualité en vertu de principes « archaïques ».

En décembre 2005, « Têtu », le « magazine gay et lesbien », rapportait la mésaventure d’un médecin parisien de 50 ans qui, ayant des relations sexuelles régulières à Tunis avec un certain Khaled, âgé d’une vingtaine d’années, fut pris sur le fait par la police tunisienne, et fut arrêté et condamné, ainsi que son amant, à six mois de prison, peines confirmées en appel. « Nous étions 80 personnes dans une cellule de 55 mètres carrés, relatera-t-il. On se tassait à trois par matelas. Dans une cellule dite “des étrangers“, j’étais le seul blanc et bien sûr, tout le monde savait que j’étais homosexuel. J’étais régulièrement agressé pour cela. » Grâce à des relations bien placées en France, il sera libéré au bout de trois mois. Khaled, lui, accomplira la totalité de la peine.

On voit cependant mal le pouvoir tunisien découvrir soudain que Frédéric Mitterrand a des mœurs qui tombent sous le coup du Code pénal du pays, ou s’apercevoir que le magazine « Têtu », qui dénonce la répression dont ses lecteurs en goguette peuvent faire l’objet à Tunis, avait pour chroniqueur, jusqu’à ce qu’il entre au gouvernement de François Fillon, Frédéric Mitterrand en personne. Lequel écrivait dans sa dernière chronique : « Je regrette qu’Andy Warhol ne m’ait pas filmé au lit avec Ultra Violet, et que Robert Mapplethorpe ne m’ait pas crucifié en string et soutien-gorge. »

Sous la signature de Ftouh Souhail, avocat au barreau de Tunis et délégué d’Avocats sans frontières pour la Tunisie, Frédéric Mitterrand a fait l’objet, lors de sa nomination, d’un curieux éloge sur le site drzz.info. Sous le titre « “Notre homme“ au gouvernement », Ftouh Souhail se félicite de l’arrivée au gouvernement d’un « familier de la culture juive », d’un intellectuel qui fut de ceux « qui ont œuvré avec l’ancien président pour instituer un décret qui mémorise une Journée nationale commémorative des persécutions antisémites commises sous Vichy » autant que d’un « un ami de longue date du président Zine el-Abidine Ben Ali ».

Son texte se termine ainsi : « Que cet homme talentueux accepte le poste de ministre de la Culture est un honneur pour la France, mais aussi pour Israël et la Tunisie. Espérons que son aura charismatique réussira, via la porte de la culture, à établir la voie du dialogue entre Tunis et Jérusalem. » Sans vouloir être rabat-joie, ce n’est pas ce qu’on attend, en priorité, d’un ministre français de la Culture.

Céline Pascot - MINUTE

Commentaires

  • Ces tafioles déclarées (monde politique,arts,cinéma télés et Cie) ont toutes de fortes attaches dans le maghreb.
    Non,je ne donne aucun noms,tout le monde les connait

  • « Le Code pénal [tunisien] prévoit jusqu’à trois ans de prison pour les actes de sodomie » : espérons qu’un juge tunisien le fasse rapidement condamner et qu’on en soit débarrassé !

  • "On ne pouvait pas souhaiter de meilleure introduction" écrira Frédéric Mitterrand...
    pour ce qui est de l'introduction il doit bien s'y connaître...

    "Ftouh Souhail se félicite de l’arrivée au gouvernement d’un « familier de la culture juive », d’un intellectuel qui fut de ceux « qui ont œuvré avec l’ancien président pour instituer un décret qui mémorise une Journée nationale commémorative des persécutions antisémites commises sous Vichy »"...

    L'homo de vichy déconstipe. C'est bien connu.

  • Il n'y a pas de souris chez lui, devinez pourquoi .

  • Excellents commentaires! Merci!

  • @turigol: parce que c'est une tapette!

  • Si je me rappelle bien , Sousse (ville portant bien son nom)
    était la destination des sodomites allemands .
    De bons coureurs de fions .

  • Ils aiment bien la Tunisie. Regardez Delanoé qui d'ailleurs est de Bizerte ; Gaudin lui préfère le Maroc. Déjà à l'Epoque de la France, Tunis était reputée pour sa liberté de moeurs.

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