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La Saxe, terre d'élection des néonazis

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Le NPD, le principal parti d'extrême droite, a réussi à se faire réélire au Parlement régional.

 

Les néonazis ont réussi leur pari. En dix ans, ils ont fait leur nid entre les collines verdoyantes de la «Suisse saxonne» dans la vallée formée le long des méandres de l'Elbe. Ostracisé et marginalisé en Allemagne de l'Ouest et au niveau national, le NPD, le principal parti d'extrême droite, a concentré tous ses efforts dans les Länder d'ex-RDA. Lors des élections régionales du 30 août, le NPD a réussi, pour la première fois depuis sa création en 1964 par des "nostalgiques" du régime hitlérien, à se faire réélire au Parlement régional de Saxe.

 


Sur le papier, les résultats aux régionales du mois d'août sont décevants pour le NPD : 5,6 % contre 9,2 en 2004, lorsqu'il avait fait son entrée fracassante au landtag de Dresde. Mais le NPD compte huit députés sur 132 au Parlement de Saxe. «Nous nous sommes enracinés en Saxe» , se réjouit le député NPD Arne Schimmer. Autre victoire du NPD : il n'est plus considéré comme un pestiféré en Saxe, bien que les services de renseignements allemands le décrivent comme un parti «raciste, antisémite et révisionniste» visant à saper la démocratie pour former un IVe Reich. Selon une étude publiée récemment, un électeur sur quatre en Saxe considère le NPD comme un parti «normal».

Plus discrets

 

.C'est le résultat d'un changement de stratégie. Les responsables du NPD ont cessé de clamer ouvertement leur admiration pour le IIIe Reich. Ses militants ne sont plus seulement des crânes rasés portant des blousons bombers et des bottes noires. Ils se font pousser les cheveux et ont adopté de nouveaux codes permettant d'afficher plus discrètement leurs idées et de contourner l'interdiction des symboles nazis. Ils portent des vêtements de marques cannibalisées par les néonazis comme Thor Steinar (Thor étant une divinité germanique). Et se tatouent des «88» (le «H» étant la huitième lettre de l'alphabet) au lieu de «Heil Hitler»

Arne Schimmer refuse l'étiquette de néonazi et se décrit comme un «nationaliste». «Nous sommes pour une Europe des nations, mais contre la dictature de l'Europe qui a privé les citoyens de leur voix, dit-il. Nous ne voulons pas le retour à une dictature de type hitlérienne.» En Saxe, le NPD a axé sa campagne sur les problèmes sociaux et la criminalité liée à la proximité des frontières polonaise et tchèque.

Mais sous le vernis de «respectabilité» transparaît vite le vrai visage du NPD. Son autre slogan électoral «Travail, famille, patrie», la maxime du régime de Vichy, n'éveille pas de souvenirs en Saxe. Comme dans les autres Länder d'ex-RDA, on y souffre d'un manque de travail de mémoire, alors que les années de communisme ont glorifié un passé de «héros antifascistes». Arne Schimmer affirme que «le régime de Pétain a été mal jugé par les historiens. Évidemment on ne peut pas prendre Hitler comme modèle en raison de sa politique contre les Juifs et les Tsiganes. Mais le maréchal Pétain est pour nous une figure de premier plan.»

 


  Vers une banalisation du discours néonazi

Pour expliquer le succès du NPD en Saxe, Schimmer souligne que «les gens n'y sont pas obsédés par la culpabilité de l'époque nazie».

 «On ne peut pas condamner l'histoire du IIIe Reich en bloc, finit-il par avouer. Il faut porter un regard juste sur l'histoire et se souvenir des succès économiques et politiques de Hitler dans les années 1930. De même, il y a eu des erreurs individuelles à la Wehrmacht et chez les SS, mais on ne peut pas parler de responsabilité collective.»

 Malgré la «grande coalition», dont la formation favorise traditionnellement les extrêmes, le NPD n'a aucune chance d'entrer au Bundestag dimanche prochain.

 

 Mais en Saxe, certains s'inquiètent de la banalisation du discours néonazi et plusieurs associations de lutte contre l'extrémisme ont fini par voir le jour. «Les néonazis ont jeté leur dévolu sur les jeunes désœuvrés, explique Tim Waurig de l'association Aktion Zivilcourage, qui s'est installé à Pirna, où le NPD a fait plus de 10 % aux dernières municipales. Ils les emmènent en randonnée ou faire de l'escalade et leur inculquent des notions comme la peine de mort pour les violeurs d'enfants. Pour lutter, nous organisons des séminaires de mémoire, des voyages à Auschwitz et Buchenwald.»


À Reinhardtsdorf-Schöna, le NPD récolte entre 20 et 25 % des voix depuis dix ans aux élections locales. Une bonne partie des électeurs vote pour le NPD à cause de son candidat local, Michael Jacobi, un plombier qui possède sa propre entreprise. «Il est aimé, c'est un gars du pays, et il vient aussi réparer le chauffage le soir de Noël s'il y a une urgence», explique le maire Olaf Ehrlich. Et d'avouer son impuissance : «Ce sont tous des gars gentils, des garçons bien élevés qui ont grandi ici et qui sont connus de tous. Comment expliquer qu'ils sont une menace pour notre démocratie.»

Le Figaro - 22 septembre 2009

Commentaires

  • Heureusement qu’il y a les services de renseignements en Allemagne, sinon comment saurait-on que ce parti est « raciste, anti-sémite et révisionniste » ? Ce n’est pas le figaro qui aurait pu nous renseigner !

  • «Ce sont tous des gars gentils, des garçons bien élevés qui ont grandi ici et qui sont connus de tous. Comment expliquer qu'ils sont une menace pour notre démocratie.»
    En effet il est plus facile d'expliquer pourquoi leur "démocratie" est une menace pour les peuples Européens : il suffit d'ouvrir les yeux.

  • @Philippe Maréchal: je t'approuve entièrement! C'est cette "démocratie" qui est un danger évident pour les peuples européens! On le voit assez!

    Vivre en Saxe...

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