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Archives inédites sur la Shoah par balles

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Le père Desbois et un témoin en Biélorussie
(Cliquez sur la photo pour l'agrandir)

Le père Desbois ouvre jeudi, avec la Sorbonne, un centre de documentation pour rendre publics les témoignages recueillis en Ukraine et en Biélorussie sur le massacre par armes à feu d'un 1,5 million de juifs à l'Est pendant la Seconde Guerre mondiale.

C'est un drôle de prêtre qui remue la terre d'Ukraine pour apaiser le ciel. Pour soigner un secret qui le hante depuis l'enfance. Son grand-père, soldat français déporté en Ukraine à Revarovska, lui avait confié : «Le camp, c'était dur, mais c'était bien pire pour eux.» Eux ? Des milliers de juifs tués devant ses yeux mais jamais nommés. À l'occasion d'une cérémonie en Ukraine, le prêtre s'est mis à les chercher frénétiquement. «Où sont les morts juifs ?» a-t-il demandé au maire, sans obtenir de réponse. Desbois s'est entêté. Jusqu'à ce qu'un élu le conduise dans la forêt devant une fosse, puis une deuxième. Puis une troisième… C'était en 2004. Depuis, le père Desbois parcourt l'Ukraine et la Biélorussie, village par village, pour retrouver et cartographier les fosses où furent exécutés près d'un million et demi de juifs entre 1941 et 1944. Aujourd'hui, il ouvre ses archives, «un corpus unique en son genre, les interviews de plus de 1 000 témoins, qui ont permis la localisation de centaines de fosses», selon l'historien Édouard Husson.

Le tout nouveau Centre de ressources pour la recherche sur la Shoah à l'Est se trouve à Paris, dans le même bâtiment que le Service des relations avec le judaïsme que dirige le père au sein de l'épiscopat. Des ordinateurs neufs attendent thésards et historiens, à condition qu'ils obtiennent l'accord de la Sorbonne, chargée de la gestion pédagogique des documents. Husson, qui s'appuie sur les découvertes du prêtre dans le master qu'il a créé à Paris-IV, prétend ainsi «tenir les négationnistes à distance». Et peut-être les détracteurs. Car l'œuvre du père Desbois, louée au mémorial de Yad Vashem en Israël, reconnue en Allemagne et aux États-Unis, fait débat en France. Quelques historiens lui reprochent d'avoir construit sa renommée sur des faits déjà connus des spécialistes. De minimiser les responsabilités des populations locales. Ou encore d'accomplir une mission plus religieuse que scientifique.

Un temps déstabilisé, le prêtre a décidé d'ouvrir ses archives, parfois parcellaires, sans prétendre au statut d'historien ni minimiser ses trouvailles : «Nous avons localisé près de 400 fosses qui ne portaient aucune trace de mémorialisation», affirme le religieux, qui s'était appuyé sur Mgr Lustiger pour monter l'association Yahad-in Unum (Ensemble).

Savoir recueillir l'horreur

La Commission extraordinaire d'État soviétique avait la première entrepris le décompte morbide dans les villages repris aux nazis. «Tout y est consigné : les tueries, la taille des fosses, des photos, le nombre de morts, parfois leur “nationalité”, juif», explique Patrice Bensimon, le secrétaire général de Yahad-in Unum. Mais «les documents soviétiques avaient mauvaise réputation», reconnaît-il, car ils avaient fait passer l'exécution à Katyn de milliers d'officiers polonais pour une tuerie nazie. En 1991, le Holocaust Memorial of Washington décide cependant de les acquérir dans la réprobation générale. Depuis, l'association du père Desbois, comme d'autres, s'en sert et constate que «90 %» des informations sont exactes. «Nous complétons la préparation avec les procès-verbaux soviétiques dressés contre des soldats nazis entre 1950 et 1960», ainsi que les livres de mémoire écrits par les survivants ou descendants d'un village.

Puis commence la quête, sur place, des témoins. À cet instant, Desbois accomplit son œuvre. Il com­mence devant l'église. Apprivoise les mendiantes âgées. Le col romain favorise les confessions. Certains se seraient tus autrement. Mais l'aveu relève aussi d'une maïeutique. Savoir recueillir l'horreur. Les détails. S'obstiner. Tout est filmé. De l'arrivée dans la rue principale de villages boueux, aux conversations. Les rares témoins survivants n'ont jamais bougé. Ils ont connu la soviétisation, la grande famine des années 1930, le nazisme. Puis les Soviétiques à nouveau. Et l'ouverture. Sans que leur sort évolue. «Beaucoup sont dans une misère noire», raconte le père Desbois. Un dénuement qui les a tenus «à l'écart de la propagande soviétique», les a laissés seuls avec leurs souvenirs, analyse Desbois qui court après ce «continent de mémoire», avant qu'il ne s'efface. «Nous arrivons parfois dans des villages où le dernier témoin de cette époque vient de mourir ou de perdre la tête.» Partout, Desbois traque le «crime. Je cherche à délimiter la scène. Qui était sur place : les assassins, les auxiliaires, mais aussi les voisins qui ne pouvaient faire autrement, les curieux, et ils étaient nombreux, ou encore ceux qui pensaient récupérer quelque chose. Enfin, on trouvait les réquisitionnés». Si Desbois laisse à d'autres le soin de les déclarer coupables ou de les exonérer, il assure : «sans eux, les Allemands n'auraient pas pu commettre ce crime de masse aussi rapidement». Car ces enrôlés ont creusé les fosses, participé à l'encerclement des familles envoyées à la mort, parfois directement à l'assassinat. Ils refermaient les fosses, convoyaient les vêtements que des femmes reprisaient, avant qu'ils ne soient vendus sur place. «Tristes le matin d'être réquisitionnés, contents le soir d'avoir des vêtements», énonce, comme un proverbe, l'un des témoins.

Légende colportée de fermes en villages

«Je rentre dans l'histoire par la porte des tiers, ceux que l'on déteste d'avance, car ils nous représentent, dans nos ambiguïtés», dit encore Desbois. Ce parti pris dérange. Depuis Paris, beaucoup de témoins semblent coupables. De n'avoir rien dit lorsque cette juive a interrogé : «Tu creuses une fosse, c'est pour nous ?» ; d'avoir enfilé les habits de ceux que l'on venait de tuer sous leurs yeux. Leurs récits éclairent cependant le crime de masse. Car si les nazis ont veillé à faire disparaître les preuves, en brûlant parfois les corps, leurs crimes étaient publics.

«Les exécutions n'avaient pas toujours lieu dans les forêts. Car les Allemands redoutaient les partisans. C'était plutôt à la sortie des villes», raconte Patrice Bensimon, étudiant en histoire polyglotte (ukrainien, russe, yiddish), devenu la cheville ouvrière des voyages. Parmi les témoins encore en vie, certains mentent. D'autres jouent l'amnésie. La plupart racontent froidement. Le ghetto, la longue file des juifs du village qui marchent vers la mort. Ils se déshabillent sans voir les fosses. Un fusil-mitrailleur interdit la fuite. Une fois dans la fosse, ils sont mitraillés ou tués d'une balle dans la nuque. Les suivants s'allongent sur les morts. «À ce moment-là, je ne demande pas au témoin pourquoi il n'a rien fait ou s'il est antisémite», reconnaît Desbois en haussant les épaules. Tout comme il ne cherche pas à contredire une légende colportée de fermes en villages : les juifs seraient morts en «confessant  : nous avons le sang du Christ sur les mains». «J'écoute. J'en suis souvent malade. Mais je veux savoir qui était là», répète Desbois qui s'avoue «en analyse. La confession ne suffit pas pour tant d'horreur».

 

Plaque commémorative

 

Consignées par écrit, ces dépositions permettent à des familles de connaître le sort des aïeux. «Des rescapés et leurs descendants notamment américains nous écrivent pour retrouver la trace d'un proche. Lorsqu'il avait un métier connu, rabbin, fourreur, on obtient des informations. Autrement, c'est difficile, car les gens étaient appelés par des surnoms», raconte Desbois. Lors d'un voyage en Ukraine, Anne-Marie Revcolevschi, longtemps directrice de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, a retrouvé la trace d'un frère de son père. «Nous recevons également des lettres d'Allemands qui redoutent qu'un de leurs parents ait servi en Ukraine et nous demandent des informations», raconte le père Desbois.

Le gouvernement allemand, conscient des enjeux de mémoire, a versé 500 000 euros de subventions à l'association en 2009. Le reste des fonds (300 000 euros) provient de l'Union européenne, de donateurs privés et de fondations du monde entier.

Si Desbois tente de retrouver des victimes, sa priorité reste la localisation exacte de fosses qui, lorsqu'elles sont connues, s'avèrent mal délimitées ou encore soumises aux maraudeurs qui croient pouvoir y trouver de l'or.

Certaines fosses portent ainsi une plaque commémorative en l'honneur des citoyens tombés là. Le mot «juif» y figure rarement. Comme à Bronnaïa Gora, en Biélorussie, où la plaque se trouvait loin du véritable lieu d'exécution. Le père Desbois a fini par retrouver, en juillet dernier, un témoin clé, né en 1931 et fils de l'aiguilleur local. Il faisait paître les vaches à côté des voies et se rappelle bien des «wagons où on mettait beaucoup de [ juifs], on les amenait à Bronnaïa Gora pour se faire fusiller». Ils devaient se déshabiller sous les ordres de collaborateurs qu'il appelle les «Vlassov», du nom d'un général stalinien retourné par les nazis. Ils sautaient du wagon puis suivaient un couloir formé de barbelés. «On leur ordonnait de se coucher dans les fosses et quand ils se calmaient, on leur tirait dessus en rafale.» On achevait les survivants par des tirs isolés. Près de 52 000 juifs amenés en train ont ainsi été exécutés.

En Biélorussie, Desbois et son équipe ont d'abord erré, toujours suivis par des agents du régime local, sans cesse contrôlés. «Il faut accepter ces règles si l'on veut pouvoir interroger ces témoins avant qu'ils ne meurent», lâche-t-il. Desbois n'est entré en Biélorussie que sur la pointe des pieds, sur le fil d'un accord diplomatique obtenu par Nicolas Sarkozy. Et c'est encore plus prudemment qu'il vient de poser ses valises en Russie, suscitant la méfiance des autorités locales. «À l'Est, l'assassinat des juifs reste tabou. Les Soviétiques ont nationalisé tous ces morts, les additionnant aux martyrs de la nation.»

Le Figaro - 15.10.09

Commentaires

  • Bonjour, je crois comme le dit le Talmud que : "il ne faut pas avoir peur du bonheur. C'est seulement un bon moment à passer!".
    Je suis avec beaucoup d'intérêt les débats autour du père Desbois. Son propos est de redonner la vie d’une façon chrétienne, celle de la révérence aux morts , c’est à dire en leur donnant une sépulture , « leur rendant leur dignité humaine ». Réconcilier les Chrétiens et les juifs, les faire dialoguer… L’ouverture des charniers est l’une des actions qui en sont issues.
    En ce qui me concerne, j’ai répondu à une « mission sacrée »: non un devoir de mémoire mais un « devoir de vie ». J'ai écrit un livre "Tombes Lointaines" publié en avril J’ai rendu la vie à mes héroïnes (Ita, Brocha, Bluma) et à tous les autres, exterminés à Riga en 1941 par ces mêmes nazis. La torah dit que l’ «on est mort quand votre nom n’est plus énoncé». Je l’ai fait par une voix littéraire que je prête à Brocha - ma grand mère. Je le poursuis par l'adaptation théâtrale du texte. Avec Judith Magre et David Krakauer...
    Une lecture en sera faite, le 2 novembre à 20h 30. Durée 1h30 . Espace Rachi 39 rue Broca 75005 Paris. RESERVATIONS INDISPENSABLES.0142171038
    Merci à vous de l'annoncer!

  • Il ne faut pas avoir peur du bonheur dit le talmud. Eh bien je ne crois pas que le bonheur des enfants nés aujourd'hui ou demain soit qu'on leur ressasse sans cesse les mêmes horreurs. Parce cela installe la haine et pour longtemps.
    Les enfants d'aujoud'hui et de demain doivent regarder devant en toute connaissance. Mais nullement être des hommes attachés à un piquet à qui l'on met l'obligation de regarder sans cesse la même chose et seulement cela.

  • -----Il ne faut pas trop faire attention à ce qu'il y a dans le Talmud ou plutôt ne pas perdre de vue qu'il y est dit que seuls les Juifs sont des êtres humains, les autres, ceux qu'on appelle GOIM (dont je fais partie), n'étant que des animaux.------M. ou Mme Alix Landau-Brijatoff, je ne vous salue pas et d'ailleurs qu'en auriez-vous à faire du salut d'une larve comme moi.-----------

  • Vous êtes plus direct que moi montezuma. J'ai essayé de dire à cette personne que j'en avais marre pour moi et pour pour les futurs habitants desouche de l'europe de ce rabachage continuel.
    Mais je ne suis qu'une Goim qui n'adore pas les pleurnicheries institutionalisées pour son sujet de prédilection ou pour un autre d'ailleurs. On n'est pas des chèvres à des piquets.
    Je pleure beaucoup plus sur les victimes de Weil et cie

  • "...sur le fil d'un accord diplomatique obtenu par Nicolas Sarkozy..." => comme par hasard ;o)
    Pour ma part je demande à notre troll de service (landau-kollabovici) de bien vouloir nous donner la traduction exacte du vrai nom (georgien) de Staline, à savoir "DJUGASHVILI". C'est une façon de savoir qui doit donner des leçons. Je ne parle même pas de tous les responsables bolchéviques qui ont en grande partie modifier leurs patronymes pour faire plus russe que russe et qui sont responsables du plus grand génocide que l'humanité ait connu.

  • La Shoah par balles, c’est nouveau, ça vient de sortir ! On n’arrête pas le progrès.
    «tenir les négationnistes à distance» : voilà bien la preuve de la rigoureuse authenticité de cette histoire : les négationnistes sont interdits d’y mettre leur nez. J’espère que Dieudonné l’a bien compris : les shoatiseurs ne veulent shoatiser en rond qu’entre shoatiseurs ! Pourtant c’est extrêmement difficile de shoatiser : «Desbois n'est entré en Biélorussie que sur la pointe des pieds» : et encore, nous précise-t-on, sur le fil du rasoir, grâce au nain. Quel courage et quelle volonté!
    J’aimerai faire une suggestion à ce dénommé Desbois (et si bien nommé, puisqu’il va chercher sa shoah dans les bois !) : pourquoi donc ne se penche-t-il pas sur les massacres perpétrés par les terroristes FLN dont furent victimes les pieds noirs et les Harkis ? Quand on parle de la guerre d’Algérie on ne parle que des prétendues tortures de l’Armée française, mais jamais des horreurs des terroristes FLN qui ont dépassé tout ce qui est imaginable dans ce domaine ! Voilà un vrai terrain d’histoire entièrement neuf et qui ne remonte qu’à 45 ans et non à 70 ans et dont on peut très facilement trouver les témoins !

  • quand donc le père Desbois ira -t-il s'incliner à Perpignan devant le mur qui se souvient des pieds noirs disparus à jamais ;

    Aucune tombe ,aucune fosse commune pour eux

    Alix Landau Brijatof ,ces hommes ont existé eux aussi.Ils n'ont pas eu droit à une balle pour abréger leurs souffrances.Meme leur mort n'est pas retenue.

    Heureux sont ces martyrs juifs dont la mémoire ne s'estompera jamais .

  • Vous avez raison abad, quel courageux curé va se pencher sur l'algérie, quel évêque va se pencher sur les tombes profanées ?. Quel historien n'ayant plus rien à perdre va faire l'oeuvre de sa vie.
    Ce serait tout de même intéressant à divers titres. Il ferait oeuvre de bien public

  • "Réconcilier les Chrétiens et les juifs, les faire dialoguer" ; oui, on a compris que alix landau-brijatoff ne s'intéresse nullement aux dizaines de millions de morts du communisme, tombés eux aussi à l'est; réconcilier les chrétiens et les juifs , pour les alix , c'est culpabiliser les chrétiens puis par ici la monnaie et l'impunité .
    En relisant les commentaires, je m'aperçois que Philippe Maréchal a déjà évoqué le génocide perpétré par les communistes ; génocide sur lequel on ne se penche jamais , car cela amènerait à constater l'origine de ses responsables les plus importants et donc à poser des questions très dérangeantes ; cela ferait aussi une grande ombre au génocide officiel.

    «J'écoute. J'en suis souvent malade. Mais je veux savoir qui était là», répète Desbois qui s'avoue «en analyse. La confession ne suffit pas pour tant d'horreur», dixit Desbois .
    C'est à ce genre de phrases que l'on reconnait le propagandiste; Desbois est au mieux un imbécile prétentieux , espérant tirer quelques "menus" avantages : notoriété, titre de "juste".

    Et évidemment , aucun contradicteur en face , conformément à la jurisprudence en la matière ;
    écrire l'Histoire , sans permettre la contradiction, est le signe du totalitarisme le plus abject.

  • Et la Shoah par balai ? On n’en parle jamais ! Pourtant un bon coup de balai dans ce nid de serpent, ça nous ferait du bien et ça nettoierait toutes ces déjections qui nous polluent.

  • Cher abad, chère mélanie, comme je suis d'accord avec vos excellents comentaires!

    Je me faisais ces réflexions en lisant ce long article qui pue le mensonge!

    Norez qu'il n'y a aucune preuve de ce qu'il avance. Les fosses n'ont pas été ouvertes. Il peut s'agir d'une épidémie comme d'une épizootie.

  • Si je puis me permettre, ce ne sont tellement des victimes des nazis et/ou de leurs complices ukrainiens ou biélorussiens que l'on recherche, mais essentiellement des COUPABLES!

    Que vient faire le Talmud dans cette quête des charniers, qui n'ont pas été ouverts d'ailleurs? Il n'y a aucune identification scientifique, seulement les dires de quelques paysans très pauvres... Et on brode là-dessus...

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