Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Procès Demjanjuk: des récits bouleversants

Un rescapé néerlandais des camps nazis a livré mardi en Allemagne un témoignage émouvant au deuxième jour du procès de John Demjanjuk, accusé de complicité dans le meurtre de 27.900 juifs.

Demjanjuk chariot.jpg
Le 1er décembre 2009
Rudolf Salomon Cortissos, 70 ans, a fondu en larmes en racontant comment sa mère avait été déportée puis gazée par les nazis au camp d'extermination de Sobibor, où Demjanjuk est accusé d'avoir été garde pendant six mois en 1943.

La cour a fini par éloigner ce témoin submergé par l'émotion, qui avait apporté avec lui à Munich (sud) la dernière lettre de sa mère, écrite à la hâte peu avant de partir vers la mort. "C'est la seule chose qui me reste d'elle", a dit le retraité en luttant contre les larmes.

La missive disait: "Nous sommes lundi soir et prêts à partir. Je te promets que je serai forte et que je survivrai sans aucun doute (...) On ne peut rien y faire, c'est comme ça". Et à la fin: "J'espère vous revoir tous bientôt".

"Trois jours plus tard, elle était morte", a raconté son fils.

Pendant ce témoignage, l'accusé d'origine ukrainienne est resté couché sur un brancard, sans quitter sa veste en cuir, une casquette bleue baissée sur les yeux. Il n'a pas dit mot. La défense a annoncé qu'il userait de son droit à ne pas s'exprimer.

Un autre survivant a témoigné. "Je pensais qu'à la fin de la guerre, toute ma famille reviendrait. Personne n'avait dit que c'était un aller sans retour", a dit un autre Néerlandais David van Huiden, 78 ans, dont toute la famille est morte à Sobibor.

Comme d'autres rescapés, il a accusé Demjanjuk d'exagérer ses ennuis de santé pour tenter de paralyser le procès, alors que l'accusé âgé de 89 ans s'est pris la tête entre les mains à plusieurs reprises en gémissant, les yeux fermés mais clairement conscient.

Demjanjuk avait déjà passé lundi une partie de la première audience couché sur un brancard, entièrement recouvert d'une couverture, mais on avait pu le voir ensuite discuter avec animation avec son défenseur. Ce qui avait provoqué l'ire de nombreuses parties civiles, dont certaines venues de loin.

Mardi, Demjanjuk a écouté sans broncher l'acte d'accusation, qui évoquait certaines des dizaines de milliers de personnes convoyées vers Sobibor.

Pour l'accusation, Demjanjuk "a aidé d'autres personnes à tuer avec cruauté et sournoisement des êtres humains pour des motifs vils" et était "convaincu par l'idéologie raciste" des nazis.

Dans un e-mail, le fils de l'accusé, John Jr. Demjanjuk, a affirmé qu'il n'y avait "pas l'ombre d'une preuve pour dire que mon père a adhéré à une telle idéologie ou qu'il a fait du mal à un seul être humain".

Comme la veille, la défense a de nouveau réclamé en vain une suspension, en invoquant de nombreuses irrégularités dans la procédure.

Demjanjuk risque la perpétuité si la cour décide qu'il a bien officié à Sobibor, aujourd'hui en Pologne, où environ 250.000 juifs ont péri.

La défense a argué que Demjanjuk a été "déporté de force des Etats-Unis alors qu'il est atteint d'une maladie mortelle" et estimé qu'"il a déjà été poursuivi en Israël" pour les faits dont l'accuse la justice allemande.

Ces deux assertions sont toutefois infirmées. Un professeur d'hématologie a démenti qu'il souffre d'une leucémie, comme l'affirme la famille.

Et la Cour constitutionnelle allemande a jugé en juillet que les chefs d'accusation pour lesquels il comparaît diffèrent de ceux pour lesquels il a été condamné à mort en 1988 à Jérusalem: il avait alors été accusé d'être Ivan le Terrible, gardien au camp de Treblinka, un jugement cassé par la suite par la Cour suprême israélienne à cause de doutes sur son identité.

AFP. 01.12.09

 

Commentaires

  • "C'est la seule chose qui me reste d'elle" : les milliers de familles de pieds noirs et de Harkis massacrés par le FLN auraient aimé trouvé une lettre de leurs disparus…….Cela n’empêche pas notre nabot et ses acolytes de faire ami-ami avec le FLN et même de leur offrir des places de ministres dans son gouvernement !

    «il a accusé Demjanjuk d'exagérer ses ennuis de santé» : au fait, et Polanski, comment va-t-il ?

  • "Un professeur d'hématologie a démenti qu'il souffre d'une leucémie, comme l'affirme la famille."

    Hématologiste ne veut pas dire oncologue / cancérologue et je parie que l'hématologiste est du lobby qui existe .

  • @marcel: justement, il s'appelle Stein!

  • @marcel; aujourd'hui, 2 décembre, il n'a pas pu être transporté au tribunal: il souffre d'une "infection", on ne dit pas laquelle, enfin il est si mal qu'ILS n'ont pas osé le traîner sur son chariot jusque dans la salle... Il est réellement malade, c'est évident. On dit qu'il parle avec son avocat et lui sourit! Mais cela ne signifie rien! On n'a jamais prétendu qu'il était dans le coma. Il est grabataire et atteint de multiples pathologies invalidantes. On torture un grand malade âgé de 89 ans!

Les commentaires sont fermés.