L'ancien premier ministre affirme que la décision de faire appel de sa relaxe a été prise à l'Élysée.
LA RÉMISSION aura été de courte durée pour Dominique de Villepin. Lui qui savourait sa relaxe, jeudi soir, sur le plateau de France 2, a été cueilli à froid le lendemain matin, en apprenant la décision du procureur de Paris, Jean-Claude Marin, de faire appel. Jeudi, moins de deux heures après le jugement, l'Élysée avait publié un communiqué apaisant, qui semblait indiquer que le chef de l'État était prêt à tourner la page. Volonté sincère d'arrêter les frais ou habile manœuvre pour ne pas être accusé d'acharnement ? L'Élysée jure que rien n'a été fait pour influencer la décision du procureur de Paris.
Mais les justifications de l'Élysée n'ont pas convaincu Villepin. Après avoir fustigé dans la matinée « l'acharnement du président dans sa haine », l'ex-premier ministre s'est déchaîné hier soir sur Canal + contre l'Élysée. « Quand le procureur dit “J'ai décidé”, c'est faux. Il y a eu une réunion hier après-midi à l'Élysée où cette décision a été prise », a affirmé Villepin en évoquant une « décision scandaleuse ». Pour étayer son propos, il a assuré avoir eu « une information par des fonctionnaires de la présidence de la République ». L'Élysée a immédiatement réagi en affirmant ne pas vouloir « répondre aux allégations mensongères » de Villepin. Mais, interrogé par parismatch.com, le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, a tenu à assurer hier soir n'avoir eu « aucun » contact avec le parquet depuis le jugement de jeudi. Et a ajouté que le parquet n'était « absolument pas sous l'influence de Nicolas Sarkozy ou du ministère de la Justice ».
La charge de Villepin sur Canal + a pris des allures d'entrée en campagne, bien éloignée de la sobriété de son propos de la veille sur France 2. « La peur politique l'a emporté chez Nicolas Sarkozy sur l'intérêt général », a-t-il asséné avant de regretter que le président ne lui ait pas passé un coup de téléphone. « Ce qu'ont fait, a-t-il dit, Jacques Chirac, Alain Juppé, Ségolène Royal et beaucoup d'autres responsables politiques de droite et de gauche. »
« Une faute politique »
Les villepinistes ont relayé la colère de leur champion en dénonçant une « faute politique ». « On a bien vu que l'Élysée s'était lancé dans un exercice d'hypocrisie, qui consistait à dire : “Ce n'est pas nous qui faisons appel, c'est le procureur.” On a compris aussi qu'on voulait scotcher Villepin un an de plus », déplore l'ancien ministre François Goulard.
Forcément, ce procès en appel freine son nouvel élan. Contraint de retourner devant la justice au plus tôt au début de l'année 2011, il ne pourra pas se mobiliser à 100 % pour son combat politique contre Sarkozy. Mais les villepinistes avaient aussi envisagé ce scénario. « L'appel, cela veut dire que la guerre est ouverte. Ce que je sais, c'est que Villepin se présentera en 2012, c'est désormais une certitude car ce second procès va le radicaliser », parie un de ses amis.
Du côté des avantages, le renvoi en appel de l'ex-premier ministre lui offrira une tribune gratuite à un an, voire moins, de la présidentielle de 2012. Il pourra encore une fois se présenter en victime injustement persécutée par le chef de l'État, comme il l'a déjà fait cet automne. Et consolider un courant de sympathie à l'égard de Villepin « l'outsider ». Mais du côté des inconvénients, ce procès complique beaucoup la tâche d'un candidat sans troupes, sans parti et sans argent. C'est sans doute ce qu'en attendent les amis du président. « Est-ce que ça le remet en selle ? Encore faudrait-il qu'il ait un cheval pour ça », ironise le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre.
Une chose paraît acquise : la paix des braves ne viendra plus. Depuis quinze ans que les deux hommes se défient, se toisent, se provoquent... Sarkozy a gagné la première manche en s'affichant en victime de l'affaire Clearstream. Villepin a remporté la deuxième, en se posant en martyr d'un président qui le persécute. La belle se jouera donc en 2011 devant la justice. Avec peut-être des prolongations politiques en 2012.
Le Figaro - 30.01.10
Commentaires
Guéant : "Et a ajouté que le parquet n'était « absolument pas sous l'influence de Nicolas Sarkozy ou du ministère de la Justice »."
MAIS , C'EST PAS POSSIBLE DE LIRE DE TELLES CHOSES !
CAR LE CHEF DU PARQUET EST LE MINISTRE DE LA JUSTICE !
Pauvre France, pauvre Français ; mais , au fond, vous n'avez que ce que vous méritez !