On ne parle plus que de Roubaix, ou presque. Depuis que son maire socialiste René Vandierendonck a porté plainte contre Quick pour ne servir que des hamburgers halal, la polémique ne cesse d'enfler. Reportage dans le fast food le plus connu du pays.
Des camarades soudain divisés par un sandwich et renvoyés à leur identité. Normalement, ce jeudi soir, les militants et sympathisants du PS de Roubaix devraient tranquillement débattre des régionales, pratiquement gagnées pour leur camp… Mais dans ce café en périphérie, ce jeudi soir, ils ne parlent que de ça: les hamburgers "halal" du fast-food Quick de leur ville, faits de boeuf conforme aux traditions musulmanes, garantis sans bacon. Et garantis 100% discorde pour les socialistes locaux, dans cette ville de 100.000 habitants où la communauté musulmane est nombreuse, depuis que le maire PS, René Vandierendonck, a déposé une plainte pour "discrimination"… D’un côté de la table, Isabelle et Dora prônent "le choix et la diversité", reprennent les arguments du maire: "Dans un pays laïque comme la France, on ne peut pas vivre à travers la religion, s’emportent les deux quadras. Et on est bien obligé de prendre position, on ne peut pas laisser le débat au FN."
"C’est difficile, le vivre ensemble"
En face, Rachid et Mohammed, pour qui c’est le cri du coeur: ils en ont "marre des polémiques nauséabondes", marre de la "stigmatisation des musulmans", marre des "ghettos". Ils ont "mal à leur identité maghrébine". La discussion se poursuit dans la rue. "C’est difficile, le vivre ensemble", souffle Dora. On se sépare en fumant une dernière cigarette sur le trottoir. On s’embrasse. Mais on ne s’est pas compris. Un sandwich scandaleux ou un maire trop sourcilleux? René Vandierendonck, candidat aux régionales, ancien professeur de droit des libertés publiques, revendique son offensive. Vendredi, le parquet de Lille a ouvert une enquête préliminaire. L’édile reçoit dans son bureau, où trône un gigantesque buste de Marianne. Il martèle son refus de voir sa ville "stigmatisée" par l’"offre discriminante" de l’unique grande chaîne de Roubaix, l’autre fast-food le plus proche se situant à 2 kilomètres, sur la commune de Tourcoing. Il combat "pour maintenir le choix, pour l’égalité des droits". "Les musulmans doivent prendre toute leur place dans la société, mais la loi de la République est la même pour tous, répète-t-il à l’infini. C’est comme ça qu’on fera avancer un islam de France."
"Regardez, ça n’empêche pas les Gaulois de venir"
Soraya, elle, a justement l’impression qu’elle "avance", qu’elle se sent "plus intégrée", qu’elle a "enfin sa place". Et c’est "grâce à Quick". Nous sommes mercredi soir, 20 heures, au Quick, un grand bâtiment de brique ocre, coincé entre des barres HLM et un centre commercial. Cette jeune femme de 35 ans, chargée de mission emploi à Tourcoing, mange pour la première fois un Giant, le hamburger phare de la chaîne. Elle "peut" parce qu’il est halal. "On en avait déjà goûté un en 2005, mais à Marrakech", explique Abdel, son mari. "On en avait marre de se limiter au Fish, poursuit Soraya. Pourquoi nos enfants ne pourraient pas bénéficier des menus des grandes chaînes, comme leurs copains? Et regardez, ça n’empêche pas les Gaulois de venir." Elle tourne la tête, observe une mère de famille occupée à rabrouer ses deux têtes blondes. On l’interroge; elle hausse les épaules, reconnaît "ne pas sentir de différence de goût".
"Dans beaucoup de lieux, on ne fait rien pour nous, on nous exclut, conclut Soraya en débarrassant son plateau. Les musulmans d’aujourd’hui, ce sont les juifs des années 1920." La jolie brune, regard doux et tenue apprêtée, avoue qu’elle ne serait pas venue si l’enseigne avait proposé "du halal et du non-halal". Elle aurait eu "un doute sur la cuisson", un doute que les frites "soient mélangées avec de l’huile de porc". Que reste sur les plaques "le gras d’une viande non halal". Que son hamburger soit simplement "impur". "Impur." Les militants du Front national prononcent ce mot comme s’il leur brûlait les lèvres. Jeudi après-midi, à quelques centaines de mètres du fast-food, une dizaine d’entre eux distribuent des tracts, fraîchement imprimés dans la matinée. Sous un logo baptisé "Mon Q", sont repris les arguments de Marine Le Pen, leur patronne, qui a lancé la polémique. Un militant lève les yeux vers le clocher de l’église. "Bientôt, ce sera un minaret. Et le vendredi va devenir un jour férié." Le groupe hoche la tête, regrette en choeur que le prénom le plus donné en France soit "Mohammed".
"On parle de nous jusqu’à Miami, c’est la folie…"
Tête de liste du FN dans le Nord, Eric Dillies se plaît à citer le slogan d’une affiche placardée dans son bureau: "Dans vingt ans, la France sera une république islamique." "On y est presque. Il y a une avancée permanente des règles de l’islam dans notre société. On est en train de désintégrer notre pays!" Le groupe se sépare en deux. Il bruine. Un militant prévient: "Attention, n’allez pas dans les quartiers, sinon, on va encore se faire traiter de fils de pute…" Retour au Quick, jeudi soir. Sofiane et Afnane, 15 et 17 ans, viennent justement des "quartiers", en l’occurrence celui du Pile, à l’est de la ville. Ils "squattent" dans un coin de la salle, comme souvent depuis la fin du mois de novembre. "Pour attendre les potes."
Regard frondeur, enveloppée dans son foulard léopard, Afnane explique qu’avant, elle allait "au KFC, à côté". "Mais on n’était pas sûr de la viande, et tout. Il y a aussi le Flashburger en face. C’est halal, mais c’est nul. Alors quand des Textos ont circulé pour dire que le Quick passait halal, on est venu ici." "C’est devenu the place to be pour afficher qu’on est musulman, observe une militante PS. Les filles viennent là pour draguer, trouver un mari." Succès garanti. "Après le ramadan et l’Aïd, ils ont cartonné!", s’amuse Ali Rahni, militant associatif et encarté Verts, proche de Tariq Ramadan. Mais à quel prix?
Pascal Nys, gérant du fast-food et adjoint UMP à la mairie de Hem, s’écroule sur une table, abattu, exténué. Il engloutit un sandwich. Nous sommes vendredi, il est 13 heures. Sa folle semaine s’achève. "On parle de nous jusqu’à Miami, c’est la folie… Ce restaurant était en perte de vitesse, on a retrouvé une santé qui nous faisait défaut. Où est le mal? Les produits et les fournisseurs sont restés les mêmes." Il met son chapeau avant de se rendre "à la mairie" pour un dernier rendez-vous. "Courage!", lance un client. Pour clore la polémique, René Vandierendonck pourrait proposer un nouveau local afin d’ouvrir un second Quick, de l’autre côté du centre commercial. Un Quick cette fois-ci non halal. A chacun son fast-food.
Le JDD - 21.02.10
Commentaires
"Mal à leur identité maghrébine" (Rachid et Mohammed Molière)
"Regardez, çà n'empêche pas les Gaulois de venir " (Soraya la Gauloise en mégot)
Les Pieds-noirs ont-ils le droit de s'y présenter en tant que tels ??
Dire les Gaulois est ironique, nous utiliserons des mots aimables aussi, comme B, ou encore B, çà va, c'est correct ?
Maintenant on sait ce que le nabot voulait dire en parlant d’identité nationale et non d’identité française : pour lui clairement, il s’agissait de l’identité maghrébine ! Mais, bien sûr, il ne fallait pas que les raciniens s’en aperçoivent, selon la technique du voleur chinois, comme dirait JMLP. Je pense que pour certains raciniens qui n’ont pas encore ouvert les yeux, le réveil sera très brutal !
@abad: l'identité nationale, c'était l'identité maghrébine et musulmane!
Tout devient très clair!
Mais les Juifs de France ont quelle identité?
@ Gaëlle Mann
A la différence des musulmans ils sont cosmopolites et peuvent trahir sans vergogne la France comme c'est le cas avec tous les canaris émigrant en isra-elle.
Voyons le bon côté des choses : les hambeurkgers halal ou non de chez Quick et MAc Connard sont nuisibles pour la santé : dès lors , pourquoi ne pas encourager notre chère diversité à s'empiffrer de ces crasses ad nauseam ?
S'ils nuisent à leur sante , c'est du tout bon pour nous hors coûts d' hospitalisation .
@Le passant ordinaire: bien d'accord avec vous pour les cosmopolites, qui poussent devant eux le troupeau des muzz et des bêlants de souche...