La tension diplomatique monte autour de l'assassinat d'un cadre du Hamas à Dubaï, qui aurait été commandité par le Mossad. En visite à Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères de l'Etat hébreu a nié en bloc toute implication d'Israël.
«Je pense que vous regardez trop de films de James Bond». Le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a rejeté lundi à Bruxelles les accusations d'implication de son pays dans le meurtre d'un cadre du Hamas à Dubaï. Le ministre, qui rencontrait ses homologues européens, devait s'expliquer sur le rôle du Mossad, le service de renseignement de l'Etat hébreu, dans cette affaire. Sa réponse a été claire : «Rien ne prouve qu'Israël est impliqué», a réaffirmé le chef de la diplomatie israélienne dans un communiqué. «Si quelqu'un avait présenté de telles informations en dehors des articles de presse, nous aurions réagi, mais comme il n'y a pas de faits concrets, il n'y a aucun besoin de réagir».
Ce rendez-vous bruxellois était particulièrement attendu au lendemain de nouvelles révélations. Dimanche, la police de Dubaï a indiqué que les passeports européens utilisés par le commando responsable de l'assassinat étaient des documents diplomatiques. La Grande-Bretagne, l'Irlande, la France et l'Allemagne sont concernées. Le ministère émirati des Affaires étrangères a convoqué les ambassadeurs des pays de l'UE pour leur signifier sa «profonde inquiétude concernant le mauvais usage des privilèges» accordés à «certains pays amis», dont les ressortissants n'ont pas besoin de visa pour entrer aux Emirats. De leurs côtés Londres, Dublin, Paris et Berlin ont demandé des explications aux ambassadeurs d'Israël dans ces capitales.
Netanyahou pourrait être impliqué
Lundi, à Bruxelles, à quelques heures de la rencontre avec Avidgor Lieberman, les diplomates européens avaient fait part de leur profonde inquiétude. «Nous sommes extrêmement préoccupés que des passeports européens, qui sont des documents légaux rigoureux, aient pu être utilisés à des fins différentes de leur usage» normal, a déclaré le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE. Carl Bildt, chef de la diplomatie suédoise, a déclaré que «le détournement de passeports européens ne peut être toléré». Quant au secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, il a jugé «inadmissible et pas très amical» l'utilisation de passeports européens pour couvrir un tel assassinat.
De son côté, Israël ne lâche rien sur cette affaire. Si la presse israélienne a laissé entendre que le Mossad était bien responsable de l'élimination de Mabhouh, le gouvernement se borne à expliquer qu'aucune preuve irréfutable n'a été pour le moment présentée. Samedi, le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Dany Ayalon a affirmé qu'«Israël ne s'attend pas à une crise avec les pays européens car Israël n'a aucun lien avec ce qui s'est passé». Si l'Etat hébreu tente ce qui ressemble à un véritable coup de bluff, c'est que le premier ministre lui-même pourrait être impliqué dans l'affaire. Selon l'hebdomadaire The Sunday Times, qui reprend des sources internes au Mossad, Benjamin Netanyahou a rencontré les membres d'un commando au quartier-général du Mossad à Tel Aviv, avant qu'ils ne se rendent à Dubaï. «Le peuple d'Israël compte sur vous», aurait même déclaré le chef du gouvernement.
Pendant que le gouvernement israélien fait le dos rond, les membres présumés du commando, eux, semblent déjà prendre leurs dispositions. Lundi le quotidien israélien Yediot Aharonot rapporte qu'un homme soupçonné d'avoir participé à l'assassinat sous l'identité de Michael Bedenheimer a mystérieusement disparu en Israël. Son nom, qui figurait encore la semaine dernière sur la plaque d'entrée d'un immeuble de bureaux à Tel-Aviv, n'apparaissait plus dimanche et il s'avère que la société qui avait loué le bureau dans cet immeuble discret est fictive.
Le Figaro - 22.02.10
Commentaires
Beaucoup de bruit pour rien : comme ils dirigent tous les merdiats, cet incident va retomber comme un soufflé. D’ailleurs est-ce que ce cadre (sic) du Hamas sortait de Auschwitz ? Non, alors, de quoi se plaint-il ?