Le chef de l'Etat met sur la table 800 millions d'euros supplémentaires de prêts bonifiés, et 50 millions en plus d'allègements de frais financiers pour les emprunts anciens. Sans oublier l'exonération des charges patronales pour les saisonniers.
En restant près de quatre heures ce matin au Salon de l'Agriculture à Paris, Nicolas Sarkozy aura voulu effacer dans les esprits le fait qu'il ne soit pas venu inaugurer la manifestation samedi dernier. Une visite qui a débuté vers 8 h 30 et qui s'est déroulée en deux parties de deux heures chacune. Dans un premier temps, le chef de l'Etat a rencontré les exposants des bovins du hall 1, puis ceux de la production végétale du hall 2 dans une cohue générale mais bien canalisée. Une ambiance bon enfant, où les applaudissements et les encouragements ont prédominé, toutefois sans aucune mesure avec l'ovation la veille réservée à Jacques Chirac. Quelques sifflets se sont fait entendre mais sans plus, sur l'escalier qui relie les deux halls.
Ensuite, le président de la République a organisé, et c'est une première, une table ronde avec l'ensemble des syndicats agricoles représentatifs. Et plus seulement la FNSEA, le syndicat majoritaire dont une délégation avait été cependant reçue à l'Elysée mercredi dernier. «C'est une première, auparavant seule la FNSEA assistait à ce genre de table ronde à travers le conseil national de l'agriculture», souligne Frédéric Hénin, qui suit le secteur depuis plus de dix ans pour la publication agricole Terre Net.
800 millions de prêts bonifiés
C'est au cours de cet entretien, où étaient présents aussi des représentants de l'agroalimentaire, des assurances et des banques, soit au total une vingtaine de représentants, que le président de la République a annoncé ses mesures pour aider le secteur à sortir de la crise. «Je ferai pour l'agriculture française et européenne ce que nous avons déjà fait pour sauver la finance, a martelé Nicolas Sarkozy. Je ne céderai pas d'un millimètre.» En revanche, il a fait une croix sur les méthodes du passé pour soutenir le secteur agricole. «Il y a des voies que l'on a empruntées depuis une vingtaine d'années, celles des échanges de prix contre des subventions, qu'on ne peut plus emprunter aujourd'hui, a-t-il indiqué. Car dix ans après, il faut les rembourser». Le chef de l'Etat faisait allusion aux 500 millions d'euros d'aides retoquées par Bruxelles cet été et que les producteurs de fruits sont censés rembourser. «Les solutions que nous avons retenues pour assurer un prix aux éleveurs sont légales». En plus du plan d'aides d'urgence annoncé il y a quatre mois à Poligny dans le Jura, Nicolas Sarkozy a mis sur la table 850 millions de plus.
Dans le détail, cela se ventile de la façon suivante : 800 millions pour les prêts bonifiés qui atteindront désormais 1,8 milliard d'euros, contre 1,5 milliard initialement prévu dans le plan de Poligny. «Toutes les demandes de prêts actuelles seront ainsi honorées», a affirmé le locataire de l'Elysée. Ce sont aussi 50 millions supplémentaires qui iront vers les agriculteurs au titre du FAC (Fonds d'allègement des charges). Ils serviront à alléger les frais financiers des emprunts anciens. Par ailleurs, le décret devant permettre l'exonération de l'intégralité des charges patronales pour les employeurs de saisonniers dans les fruits et légumes, paraîtra à la fin du mois. Une mesure de 170 millions d'euros déjà annoncée dans le Jura qui doit donner une meilleure compétitivité à la filière, avec une baisse de deux euros du coût horaire de cette main-d'œuvre intérimaire.
«Une nouvelle méthode de mesures environnementales»
Par ailleurs sur le front de l'environnement, le président a estimé que les agriculteurs avaient déjà beaucoup fait. «Je crois à une agriculture durable, cependant il faut changer les méthodes. J'ai demandé à Bruno Le Maire et Jean-Louis Borloo de tenir dès la semaine prochaine un premier groupe de travail autour d'une nouvelle méthode d'analyse des mesures environnementales en agriculture», a-t-il indiqué. Ce groupe de travail planchera autour de trois axes : une analyse de ce qui se fait chez nos voisins européens, une étude de l'impact économique et social sur les filières et un chiffrage du bénéfice attendu pour la société. Le président de la République a rappelé que les agriculteurs, à travers les prairies, permettaient de stocker le CO2. Un intérêt donc d'éviter le gaspillage de ces terres agricoles qui disparaissent au rythme d'un département tous les dix ans. Une taxe de 10% s'appliquera à toutes ventes de ces terres lorsqu'elles deviendront des terrains agricoles.
Enfin, dans le débat sur l'avenir de la PAC, qui doit être revue avant 2013, Nicolas Sarkozy s'est dit prêt à diminuer le budget de plus de 50 milliards d'euros mais à condition que les agriculteurs vivent avec des prix décents et que l'on applique la préférence communautaire.
A l'annonce de ces mesures les syndicats étaient mitigés, les plus septiques étant ceux de la Confédération Paysanne. «Ces mesures sont intéressantes et vont dans la bonne direction. Mais elles ne sont pas suffisantes, il faudrait aller vers la TVA sociale pour rendre plus compétitive l'agriculture français», a précisé François Lucas président de la Coordination rurale. La FNSEA s'est quant à elle félicitée de l'assouplissement des mesures agroenvironnementales. «Sans renier les objectifs de développement durable, on ne peut pas demander des investissements de plus en plus lourds aux agriculteurs s'il n'y a pas de prix rémunérateurs et des revenus, a réagi Jean-Michel Lemétayer, président de la Fnsea. L'agriculture ne doit pas devenir la sidérurgie ou le textile de demain», a-t-il ajouté.
Vers 12h30, le président de la République a clos le débat, en promettant de revoir les parties présentes trois fois dans l'année pour faire un point avec elles du suivi des dossiers en cours. «J'étais heureux d'être avec vous», a-t-il lancé à la vingtaine de participants.
Le Figaro - 06.03.10
Commentaires
«Quelques sifflets se sont fait entendre mais sans plus» : quand on lit cela dans figaro (et j'ai respecté l'inévitablela faute de français du figaro), on se dit qu’il a dû être copieusement sifflé. D’ailleurs on ne le voit guère dans les stands, si ce n’est entouré de ses gardes du corps. Quant aux syndicalistes avec qui il cassé la graine pour passer le temps, on sait que comme tous les syndicalistes, ils ne font que trahir les travailleurs qu’ils sont censés représenter. Car ces syndicats dits représentatifs ne représentent qu’eux mêmes !
Cher abad: il s'est fait siffler! - Des gardes du corps ont dû être déguisés en "vrais paysans"! - Pourquoi ne mange-t-il rien? A-t-il peur que ce soit empoisonné? Il devient fou... A moins que ce ne soit pas casher ou halal: il ne veut déplaire à personne, mais il déplaît à tous les Français de souche!
L'anecdote du petit producteur de fromages m'a fait de la peine... Il ne s'est pas arrêté à son stand, c'est minable!
Il préfère discuter avec les Syndicalistes, on comprend en effet pourquoi!
L'agriculture n'a rien à voir avec la finance! C'est un tout autre monde! Mais il ne peut pas le comprendre, il en est incapable!
Il remène tout à l'ARGENT, la peine des hommes, la terre de France, il s'en fiche...
Oui, Gaëlle, je pense que vous avez raison : il n’a rien mangé dans les stands parce que ce n’est pas cacher. Mais je me demande s’il aurait mangé s’il avait trouvé un stand hallal ? Mais comme vous l’avez remarqué, le naturel prend vite le dessus : il ne parle que de finance : les agriculteurs ont dû en rester éberlués !
Mais comme toujours le meilleur on le doit au figaro qui n’hésite à écrire le contraire de ce qu’il veut dire : «Une taxe de 10% s'appliquera à toutes ventes de ces terres lorsqu'elles deviendront des terrains agricoles». Les journaleux du figaro doivent avoir dans le crâne des toiles d’araignées au lieu d’un cerveau !
Le vrai journalisme est mort en France depuis la fin de la guerre, le coup fatal lui ayant été porté par le gaullisme.
Il n'y a plus de journaux d'opinion, puisque vae victis...
Les plumes sont cassées.