COUTANCES — L'avocat général de la cour d'assises de la Manche a requis 16 ans de réclusion criminelle, assortie d'une peine de sûreté de huit ans, à l'encontre de Céline Lesage, accusée d'avoir tué six de ses nouveau-nés entre 2000 et 2007 à Valognes (Manche).
Le magistrat Eric Bouillard a estimé que cette période de détention devait être "un moment d'isolement social suffisant" pour que l'accusée puisse "regarder en face sa réalité". Il a également demandé un suivi socio-judiciaire de 10 ans, avec une peine de cinq ans supplémentaires en cas de non-respect.
"Les faits, à l'évidence, ont été commis avec préméditation" par une femme qui est "quelque part dans le déni de culpabilité", a estimé M. Bouillard. "Par votre verdict, vous allez inverser les choses, vous allez surtout la condamner à ne plus fuir sa réalité", a-t-il dit aux jurés.
A l'énoncé des réquisitions, l'accusée, qui comparaît pour avoir étranglé ou étouffé ses six bébés nés de deux unions successives, reste impassible. Elle encourt la perpétuité.
Tout au long du procès qui a duré quatre jours, cette petite brune menue, mère d'un garçon de 14 ans qu'elle a eu avec son premier compagnon, a échoué à "comprendre et se faire comprendre", comme elle avait dit l'espérer le premier jour.
"J'ai conscience que j'ai tué mes bébés, mais c'est trop dur... Je me fais tellement horreur que je me voile la face", a-t-elle répété jeudi matin.
Lorsque le président lui fait remarquer que deux des nouveau-nés, selon une hypothèse soulevée par un expert mercredi, auraient pu ne pas succomber sur le coup mais après plusieurs heures de coma, elle ajoute: "C'est un poids supplémentaire à porter dont je n'arriverai peut-être jamais à me délivrer".
"Elle est coupable, elle vous l'a toujours dit", reconnaît Me Véronique Carré en entamant sa plaidoirie. "Mais le fait que les enfants étaient vivants au moment où elle est passée à l'acte ne repose que sur ses propres aveux. Il n'y a rien dans le dossier" qui le prouve, note-t-elle. Pour l'avocate, on est donc loin de l'"être froid, manipulateur" dépeint par le parquet général.
C'est surtout "une femme en souffrance" qu'"il va falloir aider", poursuit-elle. "Il faut la condamner, mais il lui faut aussi des soins" appropriés, impossibles à recevoir en prison, "et il faut qu'ils commencent le plus rapidement possible", plaide-t-elle.
Luc Margueritte, son second concubin, partie civile au procès, s'est dit pour sa part "partagé" jeudi matin. "Céline m'a fait du mal. Pour moi, elle est coupable. Mais son entourage et moi-même sommes un peu coupables de ne pas avoir vu sa détresse".
"Il lui faut une peine juste, qui lui permette de se construire", a estimé cet homme avec lequel elle a eu une petite fille, retrouvée en état de décomposition, avec cinq autres corps de bébés nés de sa première union, dans la cave de leur appartement, le 17 octobre 2007.
L'avocat de l'association Enfance et partage, Rodolphe Costantino, se montre plus sévère: "Madame Lesage a tué ses bébés comme on tue une portée de chatons". Selon Me Rodolphe Costantino, "un accusé qui n'est pas capable de mettre des mots sur ce qu'il a fait est encore loin du compte".
"Vous avez commis des actes monstrueux, mais vous n'êtes pas un monstre", ajoute-t-il cependant. "Vous faites partie de la communauté des hommes, vous vous en êtes éloignée, mais nous souhaitons tous ici que vous (la) rejoigniez. Céline Lesage, vous n'êtes pas seule", lui a-t-il lancé.
Le verdict est attendu dans la soirée.
AFP. 18.03.10
Commentaires
Finalement ; elle n’a eu que 15 ans. Elle ne fera même pas la moitié, peut-être six, soit un an par enfant ! Ce n’est pas cher payé, un enfant !
@ abad: j'ai entendu ce matin sur RTL qu'elle ne ferait en fait que 8 ans de prison.
"Il faut qu'elle se reconstruise"! mais reconstruire quoi, après de tels crimes?
Quelle sollicitude!
On en a moins pour celles qui élèvent dans la peine et le sacrifice leurs enfants!