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Crash du Tupolev: les pilotes auraient-ils subi des pressions pour atterrir malgré le brouillard?

Trois jours après l'accident d'avion qui a coûté la vie samedi au chef de l'Etat polonais Lech Kaczynski, des questions surgissent sur des pressions qu'auraient pu subir les pilotes de la part de la délégation à bord pour atterrir malgré le mauvais temps.
"En l'état actuel de l'enquête, il n'y a pas d'informations en ce sens", a déclaré lundi à la presse le procureur général de Pologne, Andrzej Seremet.

Le procureur général a néanmoins ajouté que les experts étudieraient les bruits de fond de l'enregistrement des conversations des pilotes afin de déterminer s'il n'y a pas eu "de quelconques suggestions à l'adresse des pilotes".

Il répondait à la question d'un journaliste sur d'éventuelles pressions qu'auraient pu subir les pilotes de l'avion de la part de la délégation polonaise pour atterrir malgré de mauvaises conditions météorologiques pour arriver à temps à des cérémonies prévues à Katyn près de Smolensk, dans l'ouest de la Russie.

 La question posée par le journaliste n'est pas sans fondement, compte tenu d'un précédent.

En août 2008, en pleine guerre russo-géorgienne, Lech Kaczynski, accompagné de cinq autres dirigeants centre-européens voulant comme lui se rendre à Tbilissi pour soutenir les Géorgiens, a ordonné au pilote d'atterrir directement dans la capitale géorgienne.

Or, le plan de vol prévoyait un atterrissage en Azerbaïdjan, afin d'éviter le survol du territoire en guerre. Un journaliste de l'AFP était présent à bord de cet avion. Un adjoint du président est venu dans le compartiment de la presse situé dans la partie arrière de l'avion et a lancé : "On atterrit à Tbilissi, le président en a donné l'ordre. Il est le chef suprême des armées".

Le pilote, après consultations avec son supérieur direct à Varsovie, le colonel Tomasz Pietrzak, aujourd'hui à la retraite, a refusé d'obtempérer. Finalement, la délégation a atterri en Azerbaïdjan avant de se rendre en Géorgie par autobus.
De retour en Pologne, le président a considéré qu'un "pilote ne devrait pas être un lâche", avaient à l'époque rapporté des médias polonais. Un député conservateur avait même exigé une enquête judiciaire contre le pilote, mais le parquet a classé l'affaire.

Le Figaro - 12 avril 2010

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