Le gouvernement italien de Silvio Berlusconi a approuvé à son tour mardi soir une sévère cure d'austérité de 24 milliards d'euros afin d'assainir les finances publiques du pays et de rassurer les marchés.
Entre les réductions des dépenses publiques et les recettes fiscales supplémentaires, la correction budgétaire s'élèvera à "24 milliards d'euros" sur les années 2011-2012, a annoncé le gouvernement dans un communiqué publié à l'issue du conseil des ministres
M. Berlusconi et son ministre de l'Economie Giulio Tremonti devraient donner une conférence de presse mercredi afin de détailler ces mesures qui devront ensuite être approuvées par le Parlement.
Alors que le gouvernement italien n'avait de cesse de répéter depuis des mois que l'Italie était à l'abri d'une contagion de la crise grecque, le bras droit du Cavaliere, Gianni Letta, a averti lundi les Italiens de la nécessité de "sacrifices très lourds, très difficiles, pour sauver notre pays du risque Grèce".
Les fonctionnaires vont payer un prix élevé: leurs salaires seront gelés pendant trois ans.
Le gouvernement va par ailleurs imposer aux ministères une réduction de leurs dépenses tandis que les collectivités locales vont subir une lourde diminution des transferts de l'Etat, ce qui sera "insoutenable" et aura "des retombées sur les services" apportés aux Italiens, a dénoncé Vasco Errani, le président de la conférence des régions.
Parmi les autres mesures, les salaires des ministres et des hauts fonctionnaires les mieux payés seront réduits.
Le gouvernement va également modifier les périodes de départs à la retraite, ce qui entraînera des décalages de quelques mois pour une partie des salariés.
Du côté des recettes, le gouvernement a promis de ne pas toucher au portefeuille des Italiens et mise donc sur un renforcement de la lutte contre l'évasion fiscale, à laquelle il associera les communes pour plus d'efficacité.
Il devrait par ailleurs augmenter la fiscalité sur les stock options et les bonus des hauts dirigeants du secteur privé.
Cette cure doit permettre à Rome de tenir son engagement de ramener son déficit public à 2,7% du Produit intérieur brut (PIB) en 2012.
Si l'Italie a réussi à limiter la progression du déficit public à 5,3% du PIB en 2009, le gouvernement n'ayant pas engagé de plan massif de relance durant la crise, sa dette reste l'une des plus élevées du monde et a atteint 115,8% du PIB l'an dernier.
La Péninsule est jugée par les économistes plus solide que l'Espagne ou le Portugal, qui ont annoncé il y a deux semaines de rudes cures d'austérité, mais elle reste tout de même un des "maillons faibles" de la zone euro.
L'adoption des mesures par le gouvernement, qui était prévue en juin, a d'ailleurs été avancée afin de rassurer les marchés.
Sur le plan politique, il s'agira pour le Cavaliere de convaincre du bien fondé de ce plan alors que sa cote de popularité vient de tomber à 41%, son plus bas niveau depuis son retour au pouvoir en 2008.
L'opposition de gauche, par la voix de Pier Luigi Bersani, le chef du Parti Démocrate, a vivement attaqué une cure d'austérité qui "n'affronte rien de structurel" et se contente "de coupes (budgétaires) indiscriminées".
Guglielmo Epifani, le leader de la CGIL, le plus gros syndicat italien, a tapé de son côté du poing sur la table en jugeant que ces mesures étaient injustes, car "le gros des sacrifices est demandé aux salariés". Et il n'a pas exclu un mouvement de grève.
Les deux autres grands syndicats, la CISL et l'UIL, se sont en revanche montrés ouverts à ces mesures d'austérité.
Le Point - 25/05/10
Commentaires
Le jeu de dominos une fois lancé ne s'arrête que lorsque le dernier est tombé. A qui le tour après, pour le profit des Crapunanciers ?