Epinglés à plusieurs reprises par Le Canard enchaîné ces derniers mois, les secrétaires d'Etat à la Coopération et au Grand Paris ont présenté leur démission dimanche.
Un coûteux déplacement ministériel en jet privé fin mars et un permis de construire soupçonné d'être illégal auront eu raison d'Alain Joyandet. 12.000 euros de cigares cubains achetés sur des fonds publics auront quant à eux coûté un maroquin à Christian Blanc.
Dimanche, le secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie, et celui en charge du Grand Paris, ont annoncé leur démission du gouvernement. Leurs fonctions seront respectivement exercées par Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, et par Michel Mercier, ministre de l'Espace rural, a annoncé l'Elysée en fin de journée.
Alain Joyandet avait été épinglé à deux reprises, ces derniers mois, par Le Canard Enchaîné. Une première fois en mars pour avoir eu recours à la location d'un avion privé pour 116.500 euros lors d'un déplacement ministériel en Martinique, et une seconde fois en juin quand il a été soupçonné d'avoir bénéficié d'un permis de construire illégal pour agrandir la résidence qu'il possède à Grimaud (Var), près de Saint-Tropez. «L'homme d'honneur que je suis ne peut accepter d'être victime d'un amalgame. Après mûre réflexion, j'ai décidé de quitter le gouvernement», a expliqué Alain Joyandet dans un billet publié sur son site officiel. «Pas un euro public n'a été détourné pour mon enrichissement personnel ou celui de mes proches», maintient Alain Joyandet, qui a «bien évidemment informé le président de la République, qui peut compter sur sa fidélité et son amitié».
«Je n'ai jamais eu besoin de la politique pour vivre. J'ai un métier. J'ai créé mon entreprise il y a près de 30 ans. Cela m'a procuré une grande liberté. Je suis entré en politique par passion, pour servir la France», déclare-t-il encore sur son blog, en se félicitant d'avoir «oeuvré pour les pays en voie de développement, le renforcement de nos liens avec l'Afrique et la promotion de la francophonie dans le monde».
De son côté, Christian Blanc avait suscité une polémique il y a une dizaine de jours pour avoir acheté, toujours selon Le Canard enchaîné, 12.000 euros de cigares cubains sur des fonds publics. L'ancien PDG d'Air-France et de la RATP avait alors reconnu avoir consommé 4.500 euros de cigares, et avait parlé de «petite négligence». Pour expliquer l'écart entre cette somme et les 12.000 euros effectivement déboursés par le ministère, Blanc avait accusé son ancien directeur de cabinet, Guillaume Jublot, qu'il soupçonnait d'être à l'origine des fuites au Canard.
Joyandet, Blanc, Woerth, Yade, Amara...
Les démissions d'Alain Joyandet et de Christian Blanc interviennent dans une série de polémiques mettant en cause des ministres pour leur train de vie ou pour des soupçons d'implication dans des affaires politico-judiciaires.
Le ministre du Travail, Eric Woerth, est ainsi accusé de «conflit d'intérêts» pour avoir été ministre du Budget de 2007 à mars 2010, à une époque où son épouse gérait une partie de la fortune de l'héritière du géant des cosmétiques L'Oréal, Liliane Bettencourt, soupçonnée de possibles fraudes fiscales.
D'autres membres du gouvernement sont mis en cause pour loger dans des hôtels hors de prix ou faire occuper leur logement de fonction par leur famille.
Ces révélations successives tombent au plus mal pour le président Nicolas Sarkozy, qui avait promis «une République exemplaire» et qui est désormais fustigé pour vouloir imposer la rigueur aux foyers français.
Le Figaro - 04 juillet 2010