Pour le monde politique, il y a manifestement les «cathédrales de Chartres» industrielles – selon l'expression d'Antoine Riboud qui parlait de Danone – et le reste. Sans critères évidents. Ainsi les pouvoirs publics ont laissé partir sans s'émouvoir Usinor ou Pechiney, leaders pourtant dans leur secteur. Mais le moindre soubresaut de Michelin ou de Peugeot provoque la mobilisation générale. Plus récemment, en 2002, la simple perspectique que Veolia (à l'époque Vivendi Environnement) puisse être vendu au groupe allemand RWE déclencha une riposte orchestrée par le président de la République, Jacques Chirac, en personne. En 2006, la rumeur d'une possible OPA sur Danone a suffi à faire monter au front l'ensemble du gouvernement. De même, le bruit d'une hypothétique attaque de l'italien Enel contre Suez précipita la privatisation de Gaz de France et sa fusion avec cette dernière entreprise, au nom de la sauvegarde du groupe privé. Mais certes pas du service public.
L'Oréal fait manifestement partie de ces cathédrales. Lors de son intervention mardi devant l'Assemblée nationale, la ministre de la justice, Michèle Alliot-Marie, a justifié la position du gouvernement par le caractère exceptionnel du groupe de cosmétiques. «Cette affaire peut remettre en cause l'avenir de l'une des plus grandes entreprises et des milliers d'emplois. Est-il anormal que l'on s'informe au niveau de l'Etat de l'avenir de cette entreprise?» Devant des députés de la majorité, reçus à l'Elysée le lendemain, Nicolas Sarkozy a expliqué ainsi l'extrême attention prêtée par le gouvernement au cas Bettencourt: «Liliane Bettencourt est la femme la plus riche de France et elle est restée en France. Est-ce qu'on aurait préféré qu'elle parte en Suisse? Si elle avait tout lâché, L'Oréal serait déjà suisse... Je ne veux pas qu'elle foute le camp en Suisse, moi!»
En écho, Patrice de Maistre, reçu deux fois à l'Elysée dont une fois avec Liliane Bettencourt, tient le même langage à propos de l'héritière de L'Oréal. Tout tourne toujours autour d'une éventuelle attaque ou prise de contrôle rampante du groupe par Nestlé et sur la nécessité de sauvegarder son indépendance. Le 6 janvier 2010, il rapporte ainsi une conversation avec Lindsay Owen-Jones, président de L'Oréal:
(Transcription des enregistrements clandestins réalisés par le maître d'hôtel)
«P. de M. : Pour le moment, ni Nestlé ni nous ne pouvons bouger à cause du pacte. Mais il (Lindsay Owen Jones) a dit que Sarkozy pouvait être très important dans tout cela. Car si Sarkozy dit à Nestlé: “Je vous préviens , je ne suis pas d'accord”, ce sera difficile.
L. B.: Sarkozy dit cela?
P. de M.: Non. Mais il (Lindsay Owen Jones) a l'intention d'aller lui en parler, d'aller le voir. Je ne vous ai rien dit.»
MEDIAPART - 04 juillet 2010
Commentaires
Incroyable. A ne plus rien comprendre...
jusqu'à ce jour je croyais que l'OREAL c'était Bio dop ...dop op dop...tout le monde adopte dop...
ça quoi:
http://cgi.ebay.fr/TUBE-DE-BRILLANTINE-ANNEE-50-60-PARIS-BIO-DOP-/180521695829
Et apparemment non. Puisque là ils n'en parlent pas:
http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Or%C3%A9al
Mais peut-être ils ne disent pas tout. Pour ne pas payer trop d'impôts. Chut....
@ Pastagaga: merci pour votre lien Wikipédia sur l'Oréal! on y apprend des choses passsionnantes. A lire!