Le gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, a affirmé aux policiers au cours de sa garde à vue qu'Éric Woerth lui avait demandé de "recevoir sa femme pour la conseiller sur sa carrière", selon des extraits de procès-verbal publié samedi par Le Monde.fr. Patrice de Maistre a passé 36 heures en garde à vue jeudi et vendredi avec trois autres proches de l'héritière de L'Oréal dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de blanchiment de fraude fiscale et de conflit d'intérêts entre les fonctions occupées par Florence Woerth auprès de Patrice de Maistre et celles de son mari au ministère du Budget (2007-2010).
Au cours de sa garde à vue, Patrice de Maistre a notamment été interrogé sur le contenu d'une note datée du 31 août 2007, saisie lors d'une perquisition dans les bureaux du gestionnaire de fortune, qui comporte un curriculum vitae de Florence Woerth avec une mention sibylline en bas de page : "rémunération environ 200 000 euros (...) Je suis obligé d'en parler à LB (Liliane Bettencourt, ndlr) vu le mari 120.000 euros", rapporte Le Monde.fr.
"Son mari était ministre, c'était donc sensible"
Patrice de Maistre a expliqué aux policiers qu'il "s'agissait d'une note (qu'il a) dû amener à M. et Mme Bettencourt pour évoquer le recrutement de Florence Woerth dans (son) équipe", selon un extrait de P.-V. d'audition. "Cette démarche était due au fait que son mari était ministre, et que c'était donc sensible", a précisé Patrice de Maistre, assurant que Florence Woerth "ne représentait pas un risque majeur".
Patrice de Maistre a précisé avoir vu l'actuel ministre du Travail "deux ou trois fois en 2007 parce qu'il m'a demandé de recevoir sa femme et ceci, pour essayer de la conseiller sur sa carrière alors, me disait-il, qu'elle n'était pas entièrement satisfaite". Florence Woerth, embauchée le 12 novembre 2007, a quitté en juin 2010 ses fonctions chez Clymène, le "family office" chargé de faire fructifier la fortune de Liliane Bettencourt.
Éric Woerth a affirmé le 21 juin 2010 qu'il n'était pas intervenu pour faire embaucher sa femme.
Le Point- 17/07/10