La pression s'est accentuée un peu plus mercredi sur Eric Woerth dans l'affaire Bettencourt, avec l'autorisation donnée par le Conseil des ministres à son audition prochaine par la police et celle le jour-même de son épouse Florence.
L'audition mercredi de Mme Woerth, entendue depuis le début de la matinée comme témoin par les enquêteurs de la brigade financière dans le cadre de l'affaire Bettencourt, a pris fin vers 13H10.
Il y a dix jours, avec la publication du rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) le dédouanant de toute intervention dans le dossier fiscal de l'héritière de L'Oréal lorsqu'il était au Budget, le ministre du Travail se disait "soulagé", certain que le gros de la tempête Bettencourt était passé.
Las, depuis, le feuilleton Bettencourt s'est enrichi chaque jour de nouveaux épisodes. Et mercredi, le Conseil des ministres a donné son aval à l'audition du ministre par la police.
Elle devrait a priori avoir lieu à son domicile, soit dans son logement de fonction parisien au ministère, soit à celui de Chantilly, a-t-on appris de source proche de l'enquête.
Mardi, alors qu'il planchait en commission des Affaires sociales à l'Assemblée nationale sur la réforme des retraites, le ministre s'était employé à relativiser la portée de cette audition, qui en toute logique ne devrait pas avoir lieu avant la fin des travaux de la commission jeudi.
Il s'était dit "très impatient" d'être entendu, qualifiant même ce rendez-vous avec la police de "très bonne nouvelle".
Mercredi, le ministre a poursuivi, comme si de rien n'était en apparence, sa tâche en commission, ce qui lui a permis, accessoirement, de ne pas assister au Conseil des ministres autorisant son audition.
Dans le même temps, c'est son épouse Florence qui était interrogée comme témoin par les enquêteurs, dans les locaux de la brigade financière, à Paris.
Son avocat, Me Antoine Beauquier, s'est "réjoui que Mme Woerth puisse enfin s'expliquer sur les rumeurs dont elle est victime depuis des semaines".
Cette audition, sans placement en garde à vue, selon une autre source proche du dossier, intervient dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte sur le contenu des enregistrements clandestins de conversations entre Mme Bettencourt et ses proches, réalisés au domicile de la milliardaire, entre mai 2009 et mai 2010, par son ancien majordome.
Ces enregistrements suggèrent des opérations de fraude fiscale dans la gestion de la fortune de l'héritière de L'Oréal mais aussi un possible conflit d'intérêts avec l'ex-ministre du Budget puisque son épouse, Florence Woerth, a travaillé deux ans et demi dans la société Clymène, chargée de cette gestion.
Lors de sa garde à vue, le gestionnaire de la fortune de Mme Bettencourt, Patrice de Maistre, a assuré la semaine dernière que M. Woerth lui avait "demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière" au début 2007, selon un extrait du PV publié par Le Monde.
Déjà mardi, sitôt connu l'ordre du jour du Conseil des ministres, la députée PS Marisol Touraine avait dépeint M. Woerth en "ministre affaibli au sein d'un gouvernement affaibli" et estimé que sa prochaine audition ne permettait pas "un débat serein et tranquille sur les retraites".
France- Soir - 21/07/10