Son avocate demande l'ouverture d'une information judiciaire afin de comparer les ADN mêlés au sang de Ghislaine Marchal au Fichier des empreintes génétiques. En cas de résultats probants, la Commission de révision pourrait être sollicitée.
Les espoirs d'Omar Raddad reposent sur Michèle Alliot-Marie. Seize ans après sa condamnation pour le meurtre de Ghislaine Marchal, l'ancien jardinier, qui a depuis bénéficié d'une grâce partielle, désire toujours «être réhabilité». Son avocate, révèle le Journal du Dimanche, a saisi la chancellerie pour obtenir l'ouverture d'une information judiciaire afin de comparer au Fichier national des empreintes génétiques des deux ADN masculins, mêlés au sang de la riche veuve. En cas de feu vert de la Garde des Sceaux et de résultats probants, Me Sylvie Noachovitch veut saisir la Commission de révision. Seule cette instance permettrait d'enclencher le processus pouvant aboutir éventuellement à un nouveau procès.
La Commission de révision ne jugera la requête d'Omar Raddad recevable que s'il peut prouver qu'il dispose «d'un fait nouveau, inconnu du tribunal au moment du jugement initial». Si la Commission estime que les résultats de cette analyse d'ADN font «naître un doute sur la culpabilité du condamné», la requête sera transmise à la Cour de révision, qui statuera sur l'opportunité d'un nouveau procès. Suite à une contre-enquête du détective Roger-Marc Moreau, la défense de l'ex-jardinier marocain est persuadée de trouver dans ces traces d'ADN des indices mettant en cause d'autres suspects. «Nous croyons savoir à qui ces ADN appartiennent, à des gens qui ont déjà commis des délits et des crimes, et qui sont dans le fichier», confirme le détective, cryptique, au Journal du Dimanche.
Rachida Dati n'avait pas donné suite
Le corps sans vie de Ghislaine Marchal a été découvert dans sa villa de Mougins dans les Alpes-Maritimes en juin 1991. Sur la porte de la chaufferie, les enquêteurs retrouvent l'inscription mal orthographiée «Omar m'a tuer, Omar m'a t». Mortellement blessée à l'arme blanche et battue à coups de poutre, elle aurait agonisé une vingtaine de minutes. Omar, son jardinier, semble le coupable désigné. Lors du procès, les experts établissent que ce message posthume a été tracé de la main de Ghislaine Marchal. La défense d'Omar Raddad, à l'époque représentée par Me Jacques Vergès, soutient elle que l'assassin a trempé son propre doigt dans la mare de sang, en vue d'accuser l'employé de Ghislaine Marchal. Condamné à 18 ans de réclusion en 1994, Omar Raddad a toujours clamé son innocence. Aujourd'hui âgé de 48 ans, il a bénéficié d'une libération conditionnelle le 4 septembre 1998 après une grâce présidentielle partielle de Jacques Chirac.
Depuis cette libération, il mène un combat sans relâche pour se faire blanchir. Mais ces précédentes tentatives basées sur ces mystérieux ADN ont échoué. Omar Raddad avait déjà demandé en 2008 à Rachida Dati, prédécesseur de Michèle Alliot-Marie, l'ouverture d'une information pour comparer les ADN suspects. La Garde des Sceaux de l'époque n'avait pas donné suite. Ses analyses sont capitales. En 2002, la Cour de révision a rejeté une première demande. L'expertise qui montrait que ces ADN ne correspondaient pas à celui d'Omar Raddad ne constituait pas une preuve suffisante. «Il est impossible de déterminer à quel moment, antérieur, concomitant ou postérieur du meurtre ces traces ont été laissées», avançait la Cour. Elles pourraient notamment résulter d'une contamination venant d'enquêteurs ou de journalistes ou des proches de Ghislaine Marchal, présents sur les lieux.
Pour Omar Raddad, faire éclater son innocence est vital. «J'ai été gracié mais je n'ai pas été innocenté», a-t-il confié au Journal du Dimanche, sa première interview depuis 2008. «Je suis libre physiquement mais, dans ma tête, je suis toujours en prison. Je n'arrive pas à tourner le page. Quand j'aurai la vérité, j'aurai tout», explique l'ancien jardinier, auquel «la médecine du travail a interdit de travailler». Omar Raddad dit avoir son idée sur «les personnes derrière ce crime», mais il n'a «pas le droit de le dire». L'affaire devrait refaire les titres de l'actualité avec la sortie en 2011 du film Omar m'a tuer du réalisateur Roschdy Zem.
Le Figaro - 01/07/10
Ndb: le corps de Ghislaine Marchal a été incinéré
Commentaires
La justice n’a rien d’autre à faire ? Les preuves contre lui sont accablantes. Si ce n’était pas un immigré marocain, il y a longtemps que son affaire serait enterrée.
Cher abad, tout l'accable, mais il est possible qu'il ait eu un complice...
C'est une histoire horrible: Ghislaine Marchal a été assassinée de façon particulièrement barbare, inhumaine si j'ose dire.
Son ou ses assassins doivent être punis.
Je ne comprends pas cette grâce partielle. Il n'a fait que 4 ans de prison. Pourquoi Chirac la lui a-t-il accordée? Pour plaire au roi du Maroc?
bien entendu !! mais il pense surement à demander des dommages et intérets!!
salutations.