par Elisabeth LANDI, Conseillère régionale Martinique
Elle a été relayée par de nombreux éditoriaux de journaux nationaux français et hier soir sur Tempo par l’émission « C dans l’air ». Vu d’ici cela pourrait paraître anecdotique et lointain et pourtant cela nous concerne à plus d’un titre.
Tout d’abord parce que les programmes sont nationaux et qu’ils sont appliqués dans les collèges martiniquais.
Ensuite parce qu’il s’agit de l’introduction d’éléments de l’histoire africaine et que cela est assez important pour que cela soit souligné par nous.
Enfin, parce que cette polémique révèle encore une fois comment certains Français ont encore beaucoup de mal à intégrer la réalité d’une France multiculturelle que le vivre ensemble condamne à prendre à compte.
De quoi s’agit-il exactement ?
Les nouveaux programmes d’Histoire-Géographie de la classe de 5e introduisent une partie III appelée « Regards sur l’Afrique ». Elle invite à enseigner l’étude au choix d’une civilisation de l’Afrique subsaharienne (le Ghana, l’empire du Mali, l’empire Songhaï, l’État du Monomotapa) et une première étude des traites négrières avant le XVIe siècle.
Cette partie est contestée par un groupe (constitué en juillet) intitulé « Notre Histoire forge notre Avenir » qui recueille aujourd’hui 6157 membres sur le site Facebook (au 8 septembre) et dont le slogan est « Louis XIV, Napoléon, c’est notre Histoire, pas Songhaï ou Monomotapa ».
Leur objectif affiché est de promouvoir et de défendre l’Histoire de France et son enseignement dans l’Instruction Publique. Pour ce faire, ils font circuler une e-pétition et demandent au Ministre de l’Éducation Nationale de revenir sur cette refonte du programme d’Histoire en collège.
Selon eux, il s’agit « d’assurer un socle élémentaire pour tous les collégiens de France et de permettre à chacun d’eux d’avoir les bases pour comprendre et vivre la France que nos ancêtres nous ont transmise ».
En fait, c’est à chaque fois la même chose.
Les concepteurs des programmes d’enseignement (universitaires, inspecteurs et professeurs) par cette nouveauté tentent de corriger les clichés (on se souvient du discours du Président de la République à Dakar) qui circulent sur l’absence d’histoire africaine avant l’arrivée des colonisateurs, sur le vide civilisationnel de l’Afrique.
Les mêmes réactions nauséabondes de la part de groupes réactionnaires font à nouveau surface, la bête immonde du racisme sort du trou, à peine tapie.
À les entendre, seule l’histoire de France (et non de la France !) est digne d’être enseignée, seule l’histoire de l’hexagone existe en France. Systématiquement, il est opposé l’argument de la « transmission culpabilisatrice de notre passé commun ».
Comme si l’Afrique n’avait pas d’histoire.
Comme si tous les Français étaient des Caucasiens et que la citoyenneté française était réservée à une catégorie d’habitants, blancs, catholiques et originaires du seul hexagone.
Comme si l’enseignement de l’existence de brillantes et originales civilisations africaines pouvait remettre en cause l’identité nationale, la cohésion nationale, la culture et le socle commun, etc., etc.
C’est dire si le combat pour l’affirmation des identités au sein de la République est un combat d’actualité et que nous ne devons pas faillir à l’instar de ceux qui nous ont appris à redresser la tête et à ne jamais courber l’échine.
O mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge ! nous apprenait Frantz Fanon dans « Peau noire, masques blancs ».
L’enseignement de l’histoire a vocation à développer la connaissance et l’esprit critique. Il vise à construire des citoyens libres et vigilants. La seule fonction identitaire et mémorielle attribuée à cet enseignement que d’aucuns réclament conduit inévitablement au développement des discriminations, de la xénophobie et du racisme et aux crimes de sinistre mémoire.
Depuis quelques années, l’histoire enseignée est instrumentalisée par les tenants du culte de la mémoire et d’une conception close et repliée de l’identité nationale. Nous ne pouvons rester indifférents à cette polémique, car elle illustre la difficulté de certains Français, souvent au plus haut niveau de responsabilité, à comprendre que la France n’est plus à l’époque de l’épopée coloniale.
Elle illustre la difficulté que nous avons, Français des DOM à travers nos parlementaires, à obtenir que nos faits d’armes, que nos héros fassent partie de l’histoire de la France. Souvenons-nous du retrait des œuvres d’Aimé Césaire au programme des terminales littéraires sous la pression de lobbies de parents d’élèves qui jugeaient le « Discours sur le colonialisme » violent et incitateur à la haine raciale.
Nous devons exiger par la voie de nos parlementaires que cette introduction d’éléments de l’histoire des civilisations africaines soit maintenue dans les programmes de 5e.
Nous devons faire entendre notre voix et notre exigence que soit prise en compte l’histoire des civilisations amérindiennes, africaines, l’histoire des traites négrières et des sociétés coloniales antillaises dans les programmes français.
C’est cette posture qui fondera le lien social d’une France réelle et multiculturelle, d’une France républicaine fidèle à ses idéaux de partage, d’égalité et d’universalité.
Aller dans le sens du repli frileux et de l’exclusion du roman national donnerait raison aux communautarismes et aux intégrismes de tout bord.
La culture commune à fonder est celle qui rassemble les citoyens français d’aujourd’hui dans toute leur diversité d’origine et leur richesse culturelle.
Elisabeth Landi.
Le Monde - 12.09/10
Commentaires
je suis absolument d,accord avec ce comité et son slogan: les rois de France ,Napoléon , l,empire colonial est notre histoire!! la culture universelle à la sauce des drh ne me concerne pas!!salutations.
Les civilisations africaines ne nous on apporté que des ennuis, l'inverse par contre existe, nous leur avons apporté une Civilisation, celle voulue par le Christ:"allez enseigner les nations".
Au final, chacun chez soi, la repentance sur la poitrine des Français finit par lasser.
Nous avons Notre Histoire,, nous la voulons intacte.
La leur, qu'ils s'en occupent, quant aux traites négrières, ce sont des Arabes et des Noirs qui fournissaient les esclaves, et des pharisiens faisaient le reste.
Alors Basta !
«Comme si l’Afrique n’avait pas d’histoire» : hé bien, j’attends qu’on nous cite les livres d’histoire que les africains ont écrit eux mêmes, par exemple, au XVIIème ou même au XIXéme siècle !
En fait, l’histoire des Africains que l’on peut connaître c’est celle que les colons et les historiens européens ont écrite pour eux. Bien sûr, il est toujours intéressant de la connaître, mais sûrement pas au détriment de l’histoire de France et en tout cas, vu que nous sommes encore en France, c’est bien cette histoire que l’on doit enseigner en priorité. De même que les Russes enseignent en priorité l’histoire de Russie.
Si l’on avait la possibilité d’enseigner beaucoup plus de matières, on pourrait envisager d’étendre cet enseignement de l’histoire. Mais quand on constate qu’avec les élèves d’aujourd’hui, on n’arrive même pas à enseigner correctement l’orthographe et le calcul, il est illusoire de prétendre enseigner toutes ces matières. A moins que le véritable but recherché soit précisément de ne plus rien enseigner du tout !
PS : N’en déplaise à l’immonde et inculte qui écrit dans l’immonde ces inepties sur l’enseignement de l’histoire de France, on dit bien histoire de France et non histoire de la France !