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Pour mieux vendre en France, Mohamed doit s'appeler "Alexandre"

Un jeune a porté plainte pour discrimination à l'encontre de l'entreprise où il effectuait son stage. Celle-ci lui aurait demandé de changer de prénom quand il démarchait au téléphone des clients. Un «délit pénal», assure l'avocat du lycéen. L'entreprise conteste les faits.

«Je suis français, né en France et je veux vivre avec mon vrai prénom comme tout le monde». Un lycéen prénommé Mohamed, en stage dans une société de livraison des Ardennes, a porté plainte cette semaine pour discrimination contre sa direction. Ses employeurs, assure-t-il, lui aurait demandé de se présenter par téléphone aux clients sous le prénom «Alexandre», plus vendeur selon eux que «Mohamed».

Tout commence lorsque le jeune homme, élève en terminale comptabilité au lycée d'Etion, à Charleville, accepte un stage d'un mois à Tournes comme commercial au sein de la société Maximo, chargée de la vente et livraison de produits alimentaires à domicile. Jusqu'ici, plusieurs élèves ont déjà effectué des stages dans cette entreprise, sans jamais rencontrer le moindre problème. La mission de Mohamed est simple : il doit proposer au téléphone des promotions aux clients de l'enseigne.

Mais, rapidement, selon lui, son prénom dérange. «J'avais préparé mon argumentaire ainsi : 'Service clientèle, bonjour. Mohamed à l'appareil', quand le directeur adjoint est venu vers moi pour me dire : 'Mohamed, ce n'est pas courant. Tu vas t'appeler Alexandre, ça passe mieux'», rapporte le jeune homme. Choqué par la demande, le lycéen se plaint auprès du directeur local de l'entreprise. Dans la foulée, assure-t-il, il est mis à la porte.

 

L'entreprise conteste les faits

 

«Le directeur auprès duquel je me suis plaint m'a remercié comme si j'étais en tort. Ma dignité a été rabaissée», explique le jeune homme, bien déterminé à aller jusqu'au bout de son action en justice. Son avocat, de son côté, se montre confiant, dénonçant un «délit pénal». «Le fait de demander à quelqu'un de changer ou de franciser son prénom parce qu'il a une consonance étrangère, c'est une discrimination fondée sur les origines et sur le patronyme. C'est passible du tribunal correctionnel pour le représentant de l'entreprise qui s'est rendu coupable de cet agissement», a ainsi assuré Xavier Médeau sur Europe 1.

Contacté par lefigaro.fr, les dirigeants de Maximo, l'entreprise aujourd'hui mise en cause, contestent farouchement les faits. «Lors de la découverte du poste de télévendeur, le stagiaire a suivi le script habituel d'appel clients. Il est d'usage dans la profession que les télévendeurs changent leur prénom, ce qui leur permet de préserver leur identité et ainsi d'éviter de s'exposer personnellement», affirme la société, qui précise qu'elle se réserve le droit de demander réparation en justice pour atteinte portée à l'image.

 

Un précédent jugé

 

Difficile de dire si cette pratique est courante dans le monde du travail. Contactée par lefigaro.fr, la Halde indique qu'elle ne dispose pas de chiffres exacts sur la question. D'une façon générale, tient-elle toutefois à rappeler, l'origine reste le principal motif de discrimination au sein de l'entreprise, avec 28% des discriminations enregistrées en 2009 (Rapport annuel 2009 de la Halde).

En matière de justice, il existe toutefois un précédent. Le 10 novembre 2009, la cour de Cassation a en effet jugé que «demander à un salarié de changer de prénom» s'apparentait à une forme de discrimination. Dans cette affaire, qui se déroulait à Marseille, il s'agissait déjà d'un homme prénommé Mohamed, à qui son entreprise - une maison de retraite - avait conseillé d'utiliser plutôt le prénom «Laurent». L'employé avait accepté, avant de se rétracter, deux ans plus tard, et de saisir la justice.

Dans son arrêt (consultable ici), la cour de Cassation avait estimé qu'au regard des articles L. 1132 1 et L. 1134 1 du code du travail, «le fait de demander au salarié de changer son prénom de Mohamed pour celui de Laurent est de nature à constituer une discrimination à raison de son origine». L'employé s'était vu verser de la part de son entreprise 2500 euros de dommages et intérêts.

Le Figaro - 06/10/10

Commentaires

  • Ca apprendra à Maximo de prendre n’importe qui comme stagiaire !
    Et j’aime bien le bon valet de chambre figaro, qui pour être en conformité avec son habituelle ignominie, confond les activités de vendeur avec celles d’assistance à la personne.

  • Le culot de cet individu, il se croit chez lui parce que né en France. Les Pieds-noirs sont bien nés "là-bas", mais personne n'a vraiment pris leur défense, pourtant ils étaient menacés de mort, même s'ils avaient changé de prénoms.
    Où étaient les lois en leur faveur, et les avocats et tous les systèmes de la "justice" pour les secourir ? Ouellou !
    De plus il est consternant de voir une telle arrogance ( soutenue par la camarilla qui n'existe pas), alors que les Français se voient opposer " La criminelle discrimination positive " l'oeuvre la plus cynique des " qui n'existent que trop".
    Momo, va voir au Maghreb si se prénommé Alexandre est bienvenu ou même toléré.
    Les lois idiotes, ne sont que PQ.

  • (pardon ) se prénommer

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