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Ecole et identité - Un avenir de crétins

Lorsqu’on se penche, encore une fois, sur les difficultés de l’Ecole en France, les faits sont tellement tordus par les discours, ou bien même occultés, qu’il devient difficile d’établir un diagnostic crédible, ou, du moins, acceptable par des gouvernants qui ne démordent pas de leurs buts, à savoir niveler par le bas les savoirs, formater les élèves à l’entreprise, marchandiser l’éducation, détruire les racines culturelles. Il est nécessaire alors de s’informer avec une louable persévérance, comparer par exemple ce qui est comparable, les pays analysés ne présentant pas les mêmes paramètres socio-énonomiques, sinon identitaires, de décoder les propos des uns, de dévoiler les motivations souvent peu louables des autres, de soulever des tapis pour montrer une réalité qui dérange, comme l’immigration massive qui plombe le système, de mener une enquête historique pour saisir les sources d’un pédagogisme qui nous fait tant de mal, bref, de devenir un expert. Sans compter l’expérience du terrain qui peut s’avérer très significative, au moins en confrontant les clichés politiquement corrects avec la réalité crue.

Je retiens quelques idées-forces, qui me semblent cruciales :

- D’abord, en plaçant l’élève au centre du système, on a programmé la destruction de ce dernier. Un enfant ne peut pas se construire lui-même, ni bâtir son savoir, découvrir et modeler de façon cohérente une perception viable du monde. C’est absurde intellectuellement, et c’est imposer aux jeunes un cahier des charges complètement délirant, qu’il n’est pas capable d’assumer;

- ensuite, en discréditant les savoirs hérités d’un long et glorieux passé (inutile de rappeler nos grands penseurs, écrivains, scientifiques etc.), au nom du présent, auquel notre utopie consumériste voue un culte, on se prive d’un terrain solide sur lequel bâtir un futur tout aussi cohérent : il n’y a pas d’avenir sans un passé revendiqué. Le constat est le même pour les pratiques éducatives. La mémorisation, l’emploi raisonnable du “dressage”, c’est-à-dire de la répétition, de la structuration programmée, méthodique, assumée, permettent de forger des outils, des réflexes, des habitudes propices à la compréhension des textes et à l’expression, tant orale qu’écrite. Au fond, c’est la règle en sport, où l’entraînement est indispensable pour être performant, de même que dans l’art et l’artisanat;

- en outre, le « libre jeu » des narcissismes, à base de modes imposées par le marché, de nombrilisme “démocratique” et de tout le blabla démagogique, sans compter les pratiques d’”éveil” et autres jeux récréatifs, qu’on prétend “créatifs”, doit être supprimé et la discipline d’antan restituée. Les pays asiatiques prônent le travail, la discipline quasi militaire. Cela n’interdit pas la pratique des arts, mais de façon sérieuse.

Pour finir, j’insisterai sur une idée qui me tient à coeur. Contrairement à ce que les “modernistes” avancent, nous ne nous appartenons pas. La langue que nous parlons nous a été léguée par nos parents, nos façons de penser, de sentir, d’aimer, de haïr etc. par notre pays et notre civilisation. Notre culture, notre identité nous traversent en nous faisant être nous-mêmes. Sinon nous ne sommes que des bulles anonymes. Notre devoir est de transmettre tout cela, qui doit être le centre du système. Nous devons donc inculquer la grande humilité et l’orgueil qui fait oser. C’est un combat.
Les raisons du rejet de l’Ecole sont donc aisément identifiables. En reniant notre identité, les finalités d’une formation en rapport avec ce que nous sommes, nous supprimons le gouvernail au bateau, sans compter le mode de propulsion, qui est au bâtiment ce qu’est la passion à l’individu. Ce n’est pas en prêchant une citoyenneté abstraite, un savoir-vivre moralisateur, des règles de boy scout coulées dans le bain de la diversité, ce n’est pas en achetant la paix scolaire par la culture du « plaisir » qu’on va redonner un sens, une âme à l’éducation.

L’échelle des valeurs est donc exactement contraire à ce qui est admis par nos thuriféraires pédagogistes et sociologues. Tout ne se vaut pas. Il conviendrait alors de remettre les idées en place, et de redonner du relief à ce qui a été sérieusement arasé. Il est tout de même inouï de trouver chez certains professeurs de Lettres une haine de la littérature, du livre, de la grammaire, de la langue, qu’ils s’efforcent de transmettre aux jeunes qu’on leur confie imprudemment. Oui, cela existe. Sait-on par exemple qu’une grande partie des certifiés de Lettres n’ont jamais passé le concours, qu’ils ont été intégrés dans le corps pour des raisons tout autres que celle concernant la discipline, sur des critères pédagogistes, donc idéologiques, que certains mêmes proviennent d’un autre cursus que celui des Lettres ?

Le problème est ainsi clairement celui des contenus. Tout, dans la logique actuelle des politiques éducatives, tend à les détruire, du moins à les vider de leur substance, pour privilégier une technicité médiocre, évaluée comme ensemble de « compétences », seul moyen de sauver la face et de générer un avenir de crétins.
Claude Bourrinet
VOXNR - 12/12/10

Commentaires

  • sur ce sujet , un livre a déjà été publié : la fabrique des crétins!
    toujours le plan!!
    salutations.

  • Avec la substitution de population, les programmes d’enseignement doivent être vidés de leur contenu pour être conformes au cerveau de ces nouveaux élèves, futurs bleus. Et c’est ainsi que l’on forme ces nouveaux boursiers pour lesquels notre gouvernement a toutes les prévenances.
    Ainsi va la nouvelle France !

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