Les Arabes chrétiens désertent Jérusalem. C'est ce constat qui a poussé le patriarcat latin de la ville à endosser le rôle improbable de promoteur immobilier pour réaliser des projets à portée de bourse de ses ouailles.
En dépit du grand nombre d'églises, de monastères et autres institutions chrétiennes que l'on trouve à Jérusalem, la population chrétienne de la ville connaît un net déclin. Au nombre de 31 000 en 1948, elle ne comptait plus que 15 400 âmes en décembre dernier, soit à peine 2 % de la population totale d'Israël, selon les chiffres de l'Institut de Jérusalem pour les Etudes israéliennes. "Le projet de Beit Safafa s'adresse au départ aux employés de l'Eglise", explique Mgr William Shomali, évêque auxiliaire du patriarcat latin de Jérusalem. "Mais nous ne construisons pas un ghetto. Des Musulmans nous ont même encouragés, parce qu'ils savent que nous sommes une très petite communauté qui a besoin de se préserver."
Quand l'immobilier vaut de l'or
Si la population chrétienne d'Israël, mais aussi de tout le Moyen-Orient, diminue depuis plusieurs décennies, Jérusalem pose un problème particulier : la ville a une superficie limitée et ne peut plus s'étendre. Conséquence : les terrains sont devenus une denrée rare et leurs prix ont monté en flèche. Sans parler des formalités d'obtention d'un permis de construire, qui constituent un véritable parcours du combattant et réclament des trésors de patience. D'autant que les Chrétiens de la ville, déplore Shomali, ne bénéficient pas de traitement de faveur à la municipalité : pour preuve, les 15 années qu'il aura fallu pour faire inscrire le projet au cadastre !
L'évêque s'applique à minimiser le caractère purement chrétien de l'entreprise du patriarcat latin, qui entend contribuer à l'achat de terrains par des groupes issus de toute la population palestinienne. "Il est bien plus facile aux groupes qu'aux particuliers d'obtenir un permis de construire", affirme-t-il. "J'encourage donc tous les Palestiniens à former des groupes, et nous les aiderons."
Il précise que la participation de l'Eglise se réduit à établir une coordination entre les acheteurs en fournissant les avocats et les ingénieurs nécessaires aux divers projets. Ce sont les acheteurs eux-mêmes qui assurent le financement, souligne-t-il, en empruntant à l'Arab Bank, une institution de prêt jordanienne implantée en Judée-Samarie. L'Eglise, elle, ne verse jamais d'argent. Rula Shehedeh, 22 ans, est chrétienne et habite Abou-Tor, à Jérusalem. Elle déplore le prix élevé des logements, devenus inabordables pour les jeunes - chrétiens ou musulmans - et ajoute que les Musulmans refusent souvent de louer à des Chrétiens.
"Et il est rare que l'on puisse acheter un logement sans l'aide des parents", soupire-t-elle. "Heureusement, les monastères chrétiens, comme celui d'Al-Faji, sur le mont des Oliviers, financent parfois la construction de projets pour les Chrétiens au sein de leurs propres domaines."
Aider les Chrétiens à devenir propriétaires
Hanna Issa, qui supervise les affaires chrétiennes au ministère du Waqf de l'Autorité palestinienne, regrette les départs en masse de Chrétiens des territoires palestiniens. "Depuis quelque temps, cette émigration est devenue un phénomène déconcertant", commente-t-elle dans une interview au quotidien arabe Al-Qods Al-Arabi, basé à Londres. "Les dernières statistiques indiquent que 600 Chrétiens quittent chaque année Jérusalem, la Cisjordanie et Gaza."
Mgr Shomali souligne que, si l'idée d'aider les Chrétiens à devenir propriétaires à Jérusalem est venue de lui, l'Eglise l'a peu à peu adoptée. Car, ajoute-t-il, le principal problème que rencontrent les Chrétiens de Jérusalem n'est pas le chômage, mais le fait que des terrains dans la ville soient si chers. Hana Bendcowsky, directrice du Centre de Jérusalem pour les Relations judéo-chrétiennes, rappelle que plusieurs projets immobiliers avaient déjà vu le jour sur des terrains appartenant à l'Eglise, permettant à de jeunes couples de louer des appartements neufs à des tarifs inférieurs aux prix du marché.
"Le patriarcat latin possède des bâtiments qu'il loue en Vieille Ville, tandis que les biens de l'Eglise luthérienne se trouvent plutôt sur le mont des Oliviers", précise-t-elle. "Il est difficile de dire ce qui pourra retenir les familles chrétiennes à Jérusalem, mais il est clair qu'on est moins tenté de partir quand on a un lieu où habiter."
Dans son évocation, fin 2010, des souffrances des Chrétiens du Moyen-Orient, le pape Benoît XVI a désigné l'occupation israélienne comme principal responsable du départ des Chrétiens de Terre sainte. "[Les attaques contre les Chrétiens sèment la terreur parmi la communauté chrétienne et suscitent chez beaucoup le désir d'émigrer pour aller chercher une meilleure vie ailleurs", a-t-il déclaré. "L'occupation israélienne rend leur existence difficile et est la cause du déclin en nombre de la communauté chrétienne."
Hana Bendcowsky renchérit : pour elle, la barrière de sécurité, qui a coupé du reste de Jérusalem certains quartiers arabes, a contribué à faire grimper les prix de ceux situés dans les limites de la municipalité. "Des quartiers comme Beit Hanina et la Vieille Ville, où la population chrétienne est très présente, ont subi des augmentations considérables ces dix dernières années."
JERUSALEM POST - 30/01/11
Commentaires
tous les moyens sont bons pour chasser de chez eux les chrétiens d,Orient!!
peu de voix s,élévent pour les soutenir!!
salutations.
j'ai beaucoup de relations parmi les chretiens messianiques qui habitent où sont venus habiter a Jerusalem, sans problémes, au point que ces communautés ont passées de 1 (en 1965)à 20 actuellement sur la ville. Elles contribuent à renforcer le caractére chrétien de la capitale d'Israel.