La jeune Tarentine
Pleurez, doux alcyons ! ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez !
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine !
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine :
Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Une clef vigilante a, pour cette journée,
Sous le cèdre enfermé sa robe d'hyménée
Et l'or dont au festin ses bras seront parés
Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés.
Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles,
Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles
L'enveloppe : étonnée, et loin des matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.
Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine !
Son beau corps a roulé sous la vague marine.
Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocher
Aux monstres dévorants eut soin de le cacher.
Par ses ordres bientôt les belles Néréides
S'élèvent au-dessus des demeures humides,
Le poussent au rivage, et dans ce monument
L'ont, au cap du Zéphyr, déposé mollement ;
Et de loin, à grands cris appelant leurs compagnes,
Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes,
Toutes, frappant leur sein et traînant un long deuil,
Répétèrent, hélas ! autour de son cercueil :
" Hélas ! chez ton amant tu n'es point ramenée,
Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée,
L'or autour de tes bras n'a point serré de noeuds,
Et le bandeau d'hymen n'orna point tes cheveux. "
Poésies antiques
Commentaires
Merci, chère Gaëlle, pour ce très beau poème de Chénier. Les révolutionnaires ne pouvaient supporter une telle beauté. Leurs descendants, hélas, sont toujours à pied d’œuvre de nos jours : ils haïssent toujours autant ce qui est beau, intelligent, patriotique, français quoi.
Merci, cher abad. Je trouve personnellement, comme vous, ce poème d'une grande beauté. J'admire sa riche musicalité, sa grâce indicible.
Mais la Terreur a fait guillotiner André Chénier, frère dans le temps de Robert Brasillach.
les éclairés de l,époque , n,aimaient pas les belles lettres!!
vrai abad !! l,on voit la soi-disant culture de la notre , souvent que de la grosse M. . .!!
salutations.