À Paris jeudi, le premier ministre israélien plaide contre un vote à l'ONU sur la création d'un État palestinien.
Benyamin Nétanyahou est engagé dans une course-poursuite avec Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne. Objectif: convaincre d'ici à septembre les Européens et les États-Unis de s'opposer, ou à défaut de s'abstenir, lors d'un vote sur la création d'un État palestinien à l'ONU. Après une étape à Londres mercredi, le premier ministre israélien était attendu jeudi à Paris et à la fin du mois à Washington, où il doit présenter une «initiative de paix» devant le Congrès.
Hasard du calendrier: les visites dans les deux capitales européennes ont eu lieu au moment même où Mahmoud Abbas prenait une longueur d'avance. Mercredi au Caire, le président palestinien a officialisé la réconciliation entre le Fatah, son mouvement, et les islamistes du Hamas, qui contrôlent la bande de Gaza après quatre années de querelles, qui ont parfois dégénéré en affrontements armés. Très optimiste, Mahmoud Abbas a proclamé que «les Palestiniens ont tourné pour l'éternité la page noire de la division». Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du Hamas, a, pour sa part, assuré que son organisation était prête à «payer n'importe quel prix pour une réconciliation car la seule bataille des Palestiniens doit être dirigée contre Israël».
Cette volonté affichée d'unité va désormais être mise à l'épreuve des faits. Les deux mouvements rivaux vont devoir s'entendre sur la composition d'un gouvernement formé de personnalités «indépendantes» et préparer des élections pour l'an prochain. En attendant, Mahmoud Abbas, fort du soutien de 150 pays pour ses projets d'État palestinien, dispose d'un atout maître. Il va pouvoir se présenter devant la communauté internationale comme le seul représentant de l'ensemble des Palestiniens aussi bien de Cisjordanie que de la bande de Gaza.
Faire le lit des islamistes
Benyamin Nétanyahou tente pour sa part de retourner cette situation à son profit. Sa thèse est simple: en s'alliant avec le Hamas, Mahmoud Abbas a pactisé avec une «organisation terroriste dont le but déclaré est la destruction de l'État d'Israël». Conséquence: voter pour la création unilatérale d'un État palestinien reviendrait à faire le lit des islamistes, qui ne manqueront pas de transformer la Cisjordanie en une nouvelle «entité terroriste», comme ils l'ont fait dans la bande de Gaza en 2007 lorsqu'ils ont bouté le Fatah hors de cette région à la suite d'un coup de force. «Cet accord du Caire a porté un coup fatal à la paix et récompensé le terrorisme», a résumé mercredi Benyamin Nétanyahou à Londres. Pour étayer sa thèse, le premier ministre a obtenu un «cadeau» inespéré d'Ismaël Haniyeh, le premier ministre du gouvernement du Hamas à Gaza, qui a condamné l'élimination d'Oussama Ben Laden qualifié de «combattant de l'islam», tout en critiquant la «politique d'oppression américaine fondée sur l'effusion de sang des Arabes et des musulmans». Selon le quotidien Israël Hayom, très proche de Benyamin Nétanyahou, cette déclaration devrait permettre au premier ministre de mieux faire passer son message auprès des Américains, qui l'accusaient ces derniers mois d'être responsable de l'impasse totale des négociations avec les Palestiniens.
Sur le terrain, Benyamin Nétanyahou a l'intention de mener la vie dure à Mahmoud Abbas. Dès l'annonce de l'accord Hamas-Fatah, Israël a commencé à imposer un blocus financier en gelant les transferts des fonds prélevés par les douanes israéliennes pour le compte de l'Autorité palestinienne, menacée de se retrouver en état de cessation de paiements. Parmi les autres mesures de rétorsion envisagées figure l'annulation du statut de VIP pour les principaux responsables de l'Autorité palestinienne, qui leur permet de franchir sans encombre les barrages routiers de l'armée israélienne en Cisjordanie. À plus long terme, le premier ministre pourrait également, selon la radio publique, empêcher la tenue d'élections en Cisjordanie et à Jérusalem-Est pour éviter que le Hamas l'emporte haut la main comme lors des dernières législatives de janvier 2006.
Source Le Figaro - 04/05/11
Commentaires
Qu'il est LAID !
On dit qu'on porte son âme sur son visage .
@ Cat: oui, il est LAID!
Et on porte bien son âme sur son visage, je l'ai vérifié bien des fois!