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Sinclair: un immense patrimoine ...

 

Au Grand Palais, devant le Portrait de Marguerite de Matisse. (Villard/SIPA)
Au Grand Palais, devant le "Portrait de Marguerite" de Matisse. (Villard/SIPA)

Cohéritière du marchand d'art Paul Rosenberg, Anne Sinclair détient un immense patrimoine, essentiellement constitué d'oeuvres d'art et de biens immobiliers.

Ce n'est pas la première fois qu'Anne Sinclair affronte aux côtés de son mari les difficultés que celui-ci traverse. Financièrement, elle lui a toujours offert les moyens de ses ambitions. Il y a quelques mois, DSK confiait en effet à des journalistes de Libération: «Mon épouse m'a mis à l'abri du besoin pour le restant de mes jours.» Cette fois, c'est de l'appareil judiciaire qu'Anne Sinclair protège son mari. Caution, frais d'avocats et de détectives, luxueux appartement dans le sud de Manhattan, elle prend tout à sa charge. On parlait peu de sa fortune, mais le scandale qui touche aujourd'hui son époux a révélé au grand jour son immense patrimoine, partagé entre œuvres d'art et biens immobiliers. Une fortune d'origine familiale: Anne Sinclair est la petite-fille de l'un des marchands d'art les plus célèbres du XXe siècle, Paul Rosenberg, qui, dans sa galerie parisienne de la rue La Boétie, fut l'un des premiers à soutenir et à exposer Braque, Léger, Matisse et Picasso, avec lequel il avait signé un contrat d'exclusivité entre 1918 et 1939.

Le nom du marchand s'impose vite sur le marché de l'art. Paul Rosenberg a du flair et du goût. Il a misé sur les bons chevaux et, en 1935, il peut ouvrir une seconde galerie, à Londres, cette fois. Tout s'écroule en 1940: pour échapper aux persécutions contre les Juifs, il émigre aux États-Unis avec femme et enfants, mais doit abandonner derrière lui une bonne partie de son stock professionnel et de sa collection personnelle. Il a bien tenté de mettre des œuvres à l'abri, en les dispersant en différents endroits en France et à l'étranger, dans sa succursale londonienne, dans une villa qu'il possède à Floirac, près de Bordeaux, et dans une banque à Libourne. Parmi elles, un Autoportrait de Van Gogh, une Marine de Seurat et la Robe bleue de Matisse. Mais les Allemands vont lui confisquer près de 200 toiles, d'abord entreposées au Jeu de paume, qui joue alors le rôle de plaque tournante, où les œuvres sont répertoriées avant d'être remises à un bâtiment officiel en Allemagne ou à un dignitaire nazi.

Exilé à New York, Paul Rosenberg réussit à ouvrir une galerie à Manhattan, d'abord sur la 57e Rue, puis à l'angle de Madison Avenue sur la 79e Rue. A la fin de la guerre, quelque 160 toiles en provenance d'Allemagne et d'Autriche lui seront restituées, un Nu allongé sur un bord de mer, de Courbet, que Goering s'était approprié, mais aussi des tableaux signés Degas, Renoir, Cézanne...

Elle vend un Matisse de 1937 pour 33,6 millions de dollars

Quel a été le trajet de ces œuvres pillées pendant la guerre puis restituées après la capitulation allemande? Entre 1940 et 1945, 100.000 œuvres d'art ont quitté la France pour l'Allemagne. Dès septembre 1944, la Commission de récupération artistique (CRA) s'est employée à les retrouver, à obtenir leur retour en France et à les restituer à leurs légitimes propriétaires. Celles dont l'origine n'a pas pu être alors établie ont été confiées à la garde des musées français et inscrites sous l'inventaire MNR, Musées nationaux récupération, dans l'attente d'informations sur leur provenance. C'est ainsi qu'en avril 1999, des Nymphéas de Monet, un grand panneau de 90 x 92,5 qui avait été déposé au musée de Caen, ont été restitués aux ayants droit de Paul Rosenberg: en l'occurrence à Anne Sinclair, qui, peu après, a négocié l'œuvre de gré à gré pour 20 millions de dollars, d'après des sources du marché de l'art.

Plusieurs tableaux, tous importants, ont ainsi été localisés ces vingt dernières années et remis aux héritiers de Paul Rosenberg, mort en 1959. Le marchand d'art avait deux enfants, un fils, Alexandre, mort en 1987, mais dont la femme, Elaine, vit toujours et réside à New York, et une fille, Micheline, la mère d'Anne Sinclair, morte en 2006.

Aujourd'hui, Anne et sa tante Elaine, âgée de 80 ans, sont donc les seules héritières d'une fortune estimée à plusieurs dizaines de millions d'euros. Ce qui n'a pas empêché Anne Sinclair de remettre sur le marché plusieurs chefs-d'œuvre de la collection Rosenberg: en novembre 2003, elle a vendu chez Christie's un tableau qui fut longtemps accroché aux cimaises du Centre Pompidou, la Femme en rouge et vert de Fernand Léger, pour 22,4 millions de dollars, et, en novembre 2007, L'Odalisque, harmonie bleue de Matisse, pour 33,6 millions de dollars.

En 1996 avait lieu au Grand Palais une exposition intitulée «Picasso et le portrait». Une œuvre de 1918 attirait tous les regards, Madame Rosenberg et sa fille, précisait le cartel. Dans la foule des visiteurs, il se murmurait que le tableau, qui représentait la mère et la grand-mère d'Anne Sinclair, lui appartenait et qu'il était estimé, selon les spécialistes, entre 30 et 40 millions d'euros. Cette fois, le tableau ne passera pas en vente; après le décès de la mère de l'ex-journaliste, il fera l'objet d'une dation en 2008, un dispositif fiscal qui permet d'acquitter ses droits de succession en cédant une œuvre à l'Etat. Il a ensuite rejoint les collections du musée Picasso.

Anne Sinclair possède aussi un joli patrimoine immobilier sur trois continents. A New York, l'immeuble qui abritait la galerie d'art de Paul Rosenberg sur la 79e Rue est toujours dans la famille. Idéalement situé dans l'Upper East Side, il a été estimé 50 millions de dollars. Quand DSK a été nommé à la tête du FMI, sa femme a acheté 4 millions de dollars une maison à Washington dans l'élégant quartier de Georgetown, avec une multitude de chambres et de salles de bains. A Paris, le couple est propriétaire d'un vaste appartement de 200 mètres carrés sur la très recherchée et très chère place des Vosges. Et en 2000, ils ont acheté un riad en plein cœur de Marrakech, qu'ils ont luxueusement rénové et qui, selon un proche, vaudrait entre 5 et 8 millions d'euros.

Ce qui n'a jamais empêché Anne Sinclair de rêver d'une jolie maison au 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré....

Source Le Figaro - 11/06/11

Commentaires

  • Leur argent pue !

  • @JLA: combien achetait-il leurs tableaux à ces peintres à l'époque, de leur vivant?

  • bonne question Gaelle!!
    il est évident que des tableaux , méme de maitres , atteignant de tels sommets à la vente , cela ne veut plus rien dire!!
    salutations!!

  • Ces peintres vivaien t modestement de leur vivant.

    Mais Paul Rosenberg achetait des paquets de toiles pas cher à ces peintres de leur vivant.

    Comme il disait, "j'achète vivant, je vends mort"!
    La cote d'un peintre grimpe après sa mort puisqu'il ne peindra plus jamais.

    Il y a spéculation, comme sur des actions. L'art compte pour rien en fait.

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