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DSK: un rapport psychologique conforte la version de Nafissatou Diallo

Vraie victime ou fausse accusatrice ? Dans l’affaire DSK, le débat judiciaire en est réduit à cela. Une certitude en revanche, Nafissatou Diallo, la femme de chambre du Sofitel, reste encore, aux yeux de la justice new-yorkaise, le témoin de l’accusation. Et cette femme présentait bien, selon un rapport du Centre de traitement des victimes de crime (CTVC) de l’hôpital Saint-Luke’s-Roosevelt, où elle a été conduite le 14 mai après sa première audition à l’hôtel, toutes les caractéristiques d’une victime d’un viol ou d’une agression sexuelle violente.

   Ce document est rédigé en plusieurs parties. Une première fait état de constatations médicales strictement confidentielles. Un autre volet s’intéresse au déroulé des faits. Un autre, enfin, porte sur l’attitude et le décryptage psychologique de la victime, partie que notre journal a pu consulter. Un rapport où les soignants de ce centre de référence pour les victimes de viol, créé par une travailleuse sociale elle-même victime en 1974, consignent plusieurs points dans des rubriques déjà toutes prêtes sur leurs fiches de consultation : le comportement, le regard, l’attitude, les angoisses, la psychologie des victimes conduites au CTVC. Leur mission est « d’évaluer la victime et d’anticiper les risques liés à ce traumatisme ».

Kenneth Thompson, l’avocat de la femme de chambre, insiste toujours pour assurer qu’elle a « bien été la victime d’une agression violente » et que « les preuves biologiques et scientifiques ne manquent pas » dans ce dossier. Pour accréditer cette version, l’avocat a évoqué les ecchymoses relevées par les médecins sur ses parties intimes lorsqu’elle a été examinée dans ce service. Ce 14 mai, ce sont, comme souvent, les policiers de l’unité spéciale pour les victimes qui accompagnent Nafissatou Diallo dans ce centre. Elle y est accueillie par la directrice, puis d’autres bénévoles la prennent en charge.

D’emblée, l’un des soignants note chez elle « une intense surréaction émotionnelle sans doute alimentée par son absence de références culturelles qui la place dans une forte situation de stress face au personnel ». « Il est évident que cette femme revit et perçoit de très fortes images mentales de son agression », peut-on lire. Autre point relevé : « Cette femme n’arrête pas de passer sa main autour de sa bouche. » Un geste interprété comme « un signe réel d’angoisse ».

Toujours selon ce volet, Nafissatou Diallo montre également des « marques de colère qui la submergent », ce qui la « prive parfois de ses moyens de concentration ». La jeune femme semble « à l’évidence perturbée par des récurrences mentales de son agression ». Tellement « perturbée et affectée » qu’elle ne sait pas dire où elle réside avant d’accepter finalement un examen médical. Dans l’une des cases, on peut lire « état de sidération » lorsqu’un soignant lui demande de décrire les faits subis.

C’est sur ce point que la victime présumée présente quelques faiblesses qui ont miné sa crédibilité. Elle a, en effet, livré plusieurs versions. Elle a indiqué, selon le rapport sur les faits du CTVC, être « restée dans la chambre » après avoir été contrainte à une fellation par son agresseur qui lui « tenait la tête avec force », comme l’a indiqué mardi dernier le « New York Times ». Un agresseur qui n’a « pas dit un mot » et qu’elle a regardé « s’habiller » et « vu partir ». Or, dans une première version aux enquêteurs, Nafissatou avait dit avoir fui la suite 2806 aussitôt après l’agression avant de nettoyer une autre chambre. Ce changement dans son récit a été saisi comme une aubaine pour accréditer un mensonge de plus dans la série livrée par Nafissatou.

 Ce que certains décrivent comme un mensonge intentionnel ou récit erroné a son explication pour des spécialistes de la protection des victimes de viol : « Il s’agit simplement d’un réflexe d’autoprotection de la mémoire. Lorsqu’un événement est trop difficile à endurer, on se protège mécaniquement et on peut oublier certains événements. Cela n’a rien à voir avec un mensonge intentionnel. On est souvent confronté à cela », indique l’un des porte-parole du programme pour les victimes de viol de l’hôpital Bellevue à New York.

Source Le Parisien - 10/07/11

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