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Libye - Abou Salim: un vrai-faux charnier? La version du CNT est constestée

Dimanche dernier, un porte-parole militaire du CNT annonçait, lors d’une conférence de presse, que les autorités avaient découvert les "restes de 1.700 prisonniers exécutés en 1996 à la prison d’Abou Salim à Tripoli". Il ajoutait "nous avons découvert le lieu où étaient enterrés tous ces martyrs" en affirmant avoir "la preuve qu’il s’agissait d’actes criminels".

Le massacre de la prison d’Abou Salim, il y a maintenant quinze ans, n’a rien d’une révélation. Voilà longtemps que les organisations de droits de l’homme et les témoignages des proches des victimes ont dressé le tableau d’une véritable tuerie, par balles et à la grenade, d’un grand nombre de prisonniers alignés et massacrés dans la cour parce qu’ils avaient eu l’audace de se révolter. Le CNT parle de 1.700 morts, d’autres sources indiquent 1.270 victimes.

On rappelle que c’est bien parce que l’avocat des familles des victimes a été enlevé et a disparu en février dernier qu’une autre manifestation, elle aussi réprimée, puis un mouvement de colère général a abouti à l’insurrection générale. Le massacre d’Abou Salim est donc bien un événement historique de la Libye d’aujourd’hui.

De là à découvrir les preuves tangibles de ce massacre, c’est-à-dire un charnier, des ossements humains en grand nombre et identifiés comme ceux des prisonniers victimes, il y a un pas que le CNT a décidé de franchir.

Il ne suffit pas que des proches éplorés ou des combattants grattent la terre autour de la prison, découvrent quelques vêtements et des ossements pour établir ces preuves. D’autant que les reporters sur place mettent en doute cette version : les ossements exhumés à la va-vite ressembleraient davantage à des restes d’animaux, - chameaux, chiens, moutons -, qu’à des squelettes humains.

On sait combien il est difficile de pratiquer ce genre d’investigation. Pour analyser un "charnier" supposé, il faut des experts en anatomo-pathologie, des médecins légistes rompus à ce genre d’exercice. Sans entrer trop dans les détails morbides, plus d’un millier d’hommes enfouis depuis quinze ans forment un magma d’ossements, de vêtements, de débris divers, parfois imbriqués, mélangés à des tonnes de terre après avoir été enterrés à la va-vite, sur un ou plusieurs sites. En Bosnie, au Rwanda ou ailleurs, des équipes d’experts ont travaillé des années durant pour avoir une vue d’ensemble de leurs fouilles. Quant au bilan...

La complexité de l’investigation, l’émotion des familles, de tout un peuple, la tentation de la récupération politique des nouvelles autorités, tout ceci peut brouiller les faits et la vérité.

D’autant que l’opinion publique a gardé le souvenir de l’affaire de Timisoara, en Roumanie, où quelques corps autopsiés découverts dans un hôpital sont devenus l’emblème de la terreur de Ceausescu. Et ont permis de mobiliser tout un pays pour la "révolution" ! Au Vietnam, des escrocs ont régulièrement envoyé vers les Etats-Unis et contre paiement, des os de vache et des papiers falsifiés aux parents des disparus, en les faisant passer pour les restes de leurs époux, de leurs enfants. Tout cela ne résiste pas longtemps à l’analyse en laboratoire, encore faut-il avoir le temps et les moyens de procéder à l’expertise.

Dans le contexte libyen d’une "révolution en marche" contre Mouammar Kadhafi, la "découverte" du charnier d’Abou Salim est un élément fort émotionnel et politique. Les autorités  - partiales ou trop pressées ? - annoncent avoir des preuves. Il est urgent qu’elles les fournissent, autres que les vêtements sales et les ossements non-identifiés exhibés sur place.

 27/09/11

Commentaires

  • Une shouniah Libyenne ?
    Quand même Mouammar, là vous avez exégéré ;o)

  • Ils cherchent à nous refaire le coup de Timisoara ou des couveuses du Koweït ! Ils nous prennent vraiment pour des c.ns ! Mais on aimerait plutôt voir les cadavres des milliers de Libyens massacrés par les bombardements de l’OTAN !

  • Cher abad, cela me semble une information importante. Oui, qu'on montre les morts faits par l'OTAN, qu'on exhibe les crimes de guerre, contre l'humanité!
    Il y avait eu aussi les "charniers de Saddam Hussein": c'étaient les corps des soldats irakiens tués par l'Amérique et jetés n'importe comment dans des fosses sur lesquelles on faisait rouler des bulldozers! Honte, oui, à l'armée américaine et surtout à ses chefs! Qui terrorisaient des familles irakiennes: on a vu à l'époque les vidéos! Sans compter les viols de cette soldatesque droguée!

  • Comme quoi l'histoire se répète : dans un passé récent on a montré quelques centaines de morts du typhus afin de faire oublier Dresden !

  • Une maladie honteuse, je présume.

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