INFO LE FIGARO - Selon un sondage Ifop pour l'Anacej, la candidate du Front national arrive en seconde position des intentions de vote chez les primo-votants à 23%, derrière François Hollande à 31%. Nicolas Sarkozy arrive troisième, à 21%.
Marine Le Pen fait mouche chez les jeunes. Si la candidate du Front national stagne à 16-17% dans les intentions de vote de l'ensemble de la population pour le premier tour de la présidentielle, elle arrive en revanche en seconde position chez les 18-22 ans, selon un sondage Ifop* pour l'Association nationale des conseils d'enfants et de jeunes (Anacej). En hausse de 4 points par rapport au dernier sondage publié en novembre, la fille de Jean-Marie Le Pen recueille 23% chez les primo-votants, derrière le socialiste François Hollande à 31% (-7 points), et devant le président-sortant Nicolas Sarkozy (21%, + 0,5) et le candidat du MoDem François Bayrou (9,5%, + 4.5). [voir l'ensemble des résultats ici]
Pour Mikaël Garnier-Lavalley, le délégué général de l'Anacej, «les jeunes, que la campagne ne captivent pas, s'orientent vers un vote protestataire, incarné par le discours de contestation de Marine Le Pen». «Si la répartition des intentions de vote chez les 18-22 ans est à peu près similaire à celle de l'ensemble des Français à gauche - avec François Hollande en tête -, on constate au contraire une répartition des votes à droite en faveur de Marine Le Pen», poursuit Mikaël Garnier-Lavalley, qui explique: «Les jeunes de droite semblent se poser des questions sur le président-sortant et ont donc tendance à se tourner vers la candidate du FN». «C'est un vote anti-système, renchérit Anne Muxel, directrice de recherches au Cévipof. En 2007, ces jeunes, qui avaient vu leurs parents voter pour Nicolas Sarkozy, observent aujourd'hui leur déception. Et ils ont donc tendance, comme leurs aînés, à retourner vers le FN».
Le FN, «porte-voix du mécontentement de la jeunesse»
Le suffrage des jeunes a toutefois toujours été marqué par une présence assez importante du Parti frontiste, nuance la spécialiste, auteur d'Avoir 20 ans en politique**. «Déjà en 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen était encore à la tête du Parti, le FN séduisait une partie de la jeunesse qui était sans emploi ou dans une situation précaire, en étant le porte-voix de ce mécontentement», rappelle-t-elle.
Les intentions de vote des 18-22 ans au second tour de la présidentielle ne sont pour leur part marquées par aucune surprise. Au contraire, elles suivent de près les chiffres de l'ensemble de la population, avec François Hollande à 56% et Nicolas Sarkozy à 44%. «Les jeunes ne font que se conformer à ce que l'on voit actuellement dans tous les sondages. Ils réclament un besoin d'alternance et de changement», note Anne Muxel.
«Une grande insatisfaction»
Autre enseignement de ce sondage: la participation des primo-votants s'annonce moins élevée qu'en 2007, année record pour une élection présidentielle. Sur une échelle de un à dix, 53% des personnes interrogées se disent tout à fait certaines d'aller voter au premier tour, le 22 avril, et 3% certaines de ne pas y aller. «Ces chiffres donnent l'impression que ces nouveaux électeurs ne prennent pas conscience des enjeux du scrutin. En 2007, le taux d'inscription sur les listes électorales était notamment plus fort qu'aujourd'hui», souligne Mikaël Garnier-Lavalley. Un résultat «interpellant», selon lui, l'élection présidentielle ayant toujours beaucoup mobilisé dans cette tranche d'âge. «Comme dans l'ensemble de la population, deux-tiers des jeunes disent suivre la campagne, mais ils affirment aussi ne pas la trouver intéressante. Ils ne trouvent pas ce qu'ils souhaiteraient chez les candidats, en termes de personnalité ou de propositions. Il y a donc une grande insatisfaction», décrypte de son côté Anne Muxel, ajoutant que l'abstention est très difficile à prévoir.
Rien n'est donc joué parmi les 18-22 ans qui représentent 7,9% du corps électoral français. 59% d'entre eux affirment pouvoir encore changer d'avis selon le sondage Ifop. Selon Anne Muxel, «on est face aujourd'hui à un nouveau modèle d'électeurs, plus autonomes et avec une loyauté politique moins affirmée». Tout peut donc se jouer jusqu'au dernier moment. Aux candidats de savoir s'attirer cette nouvelle frange d'électeurs.
* Échantillon de 805 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 à 22 ans. La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille) après stratification par région.
** Avoir 20 ans en politique, Anne Muxel, Le Seuil, 2010
14/03/12