PARIS (Reuters) - Mohamed Merah, l'auteur des tueries de Toulouse et Montauban, a confié aux policiers du Raid qu'il avait ressenti un "plaisir infini" à tuer et que le collège-lycée juif Ozar Hatorah où il a tué un adulte et trois enfants le 19 mars était une solution de repli, sa cible initiale, un parachutiste, n'ayant pas quitté son domicile ce jour-là, rapporte Le Journal du Dimanche.
Le jeune homme de 23 ans, dont la trajectoire "atypique" et apparemment solitaire intrigue les enquêteurs, a été tué jeudi matin lors d'une intervention policière contre son logement toulousain au terme de plus de 30 heures de siège.
Son frère aîné, Abdelkader, a été présenté dimanche matin à Paris à un juge d'instruction antiterroriste en vue de sa mise en examen pour "complicité d'assassinats", notamment.
Le JDD dévoile une partie des échanges entre Merah et le Raid, que le ministre de l'Intérieur Claude Guéant et le directeur de la DCRI (Direction centrale des renseignements intérieurs), Bernard Squarcini, avaient évoqué publiquement de manière très parcellaire.
C'est via un talkie-walkie, donné par les policiers en échange d'une arme, que Mohamed Merah a parlé pendant plusieurs heures mercredi dernier. Les informations qu'il a pu livrer sur son parcours sont le plus sujettes à caution, selon les enquêteurs.
Son discours était posé, en termes choisis, selon une source proche des négociateurs du Raid citée par le JDD.
Mohamed Merah a déclaré avoir ressenti un "plaisir infini" dans l'exécution de ses crimes -un militaire abattu le 11 mars à Montauban, deux militaires tués et un grièvement blessé le 15 mars à Toulouse, quatre morts devant et dans l'école Ozar Hatorah.
"VOIR SES VICTIMES"
Il a filmé ses actes et dit avoir transmis les images à "des frères" pour qu'ils les postent sur internet. Le procureur de Paris, François Molins, a déclaré jeudi qu'il ne savait pour l'heure ni où ni quand ces vidéos avaient été mises en ligne.
Le jeune homme aurait refusé de "finir en kamikaze" afin de multiplier les actions meurtrières pour "voir ses victimes" et les "toucher", selon une source citée par le JDD. Il regrettait d'avoir manqué de quelques minutes la rentrée des classes dans l'école juive, ce qui lui aurait permis de faire plus de victimes.
En fait, Mohamed Merah projetait ce lundi 19 mars de tirer sur un militaire qu'il avait repéré mais "comme ce para n'est pas sorti de chez lui, il s'est attaqué aux enfants", précise un policier au JDD. Il avait prévu de s'en prendre également au chef de la Brigade anticriminalité (BAC) de Toulouse et à la policière de la DCRI qui l'avait interrogé à son retour du Pakistann (2010-2011).
Il a assuré avoir voulu viser exclusivement des militaires à Montauban et Toulouse, non des soldats maghrébins comme ce fut le cas. Il était arrivé à la conclusion que "tuer un soldat français en France aurait le même retentissement que tuer dix soldats français en Afghanistan".
Il semble avoir projeté de perpétrer d'autres attentats en France. Il avait loué à cette fin deux voitures fin février. Il a assuré qu'il avait été formé par un seul instructeur au Waziristan, une région pakistanaise frontalière de l'Afghanistan, et que ce dernier voulait qu'il commette des attentats à Paris.
Se présentant comme un "autodidacte de l'islam", il a affirmé aux policiers avoir agi seul et a dédouané son frère en qui il disait ne pas avoir confiance.
Sophie Louet
Yaho!Actu - 25/03/12