Par Paulo A. Paranagua
Le 7 octobre 2012 prochain, le président vénézuélien Hugo Chavez va briguer un troisième mandat. L’opposition a choisi comme candidat Henrique Capriles Radonski, ancien gouverneur de l’Etat de Miranda (à l'est de Caracas).
Lu sur ...
Tous ceux qui ont assisté à ses discours le savent, Chavez a le verbe facile et l’insulte sur le bout de la langue. Il a rejeté un débat télévisé avec le candidat de l’opposition avec un simple argument : ce dernier serait un « nul ». La disqualification est une ressource commode pour ceux qui refusent la contradiction et le dialogue. Chavez traite son adversaire de « jalabola » (lèche-cul) de l’impérialisme ou de l’Empire et de candidat « majunche » (falot, médiocre). Chavez se présente lui-même comme « candidat de la patrie ». Il a donc désigné son opposant comme le « candidat de l’anti-patrie ». C’est un classique du répertoire nationaliste : ainsi, « l’anti-France » désignait pêle-mêle les juifs, les maçons, les communistes...
Mais Chavez ne s’est pas contenté de pointer du doigt Capriles comme « candidat de l’étranger » : il est passé de « candidat anti-patrie » à « candidat apatride ».
Ce glissement est lourd de sens. Dans le premier cas, on est dans le système binaire, pour ou contre, ami ou ennemi. Dans le second cas, on désigne un candidat qui n’a pas de patrie, qui n’a pas sa place dans le concert des nations. Appliqué à Capriles Radonski, catholique d’origine juive, le sous-texte implicite renvoie à la figure du juif dépourvu de patrie, le juif de la diaspora, le juif errant. Une autre limite est franchie lorsque Chavez traite Capriles de « porc ». La bestialisation et la déshumanisation de l’ennemi sont courantes dans la rhétorique des nationalismes. Le péronisme appelait ses opposants des « gorilles », le castrisme désignait les exilés comme des « gusanos » (vermine). Le bestiaire n’est pas indifférent : « porc », « vermine » ou « rat » n’ont pas le même sens qu’« âne ». Le discours de Chavez libère la parole de ses militants.
Le site chaviste Martillo Rojo écrit ainsi le nom de l’opposant : CAPrile$ Raton$ki. CAP évoque l’ancien président social-démocrate Carlos Andrés Pérez, dit CAP, destitué pour corruption. Le changement d’une simple lettre pour écrire Rat-onski se passe d’explications. Le signe du dollar incrusté dans le nom en renforce la connotation antisémite. CAPrile$ Raton$ki est un « agent nazi-sioniste », affirme le même site chaviste. Pour d’autres partisans de l’amalgame, l’antisémitisme est une invention du sionisme, « propriétaire de la plupart des institutions financières de la planète, qui contrôle presque 80 % de l’économie mondiale et l’industrie de la communication dans sa presque totalité » (Adal Hernandez, Radio Nationale du Venezuela).
Voilà donc Capriles présenté comme le candidat du « sionisme international » : jadis, on disait la juiverie internationale ; maintenant on préfère l’amalgame entre Israël et les juifs. Sur les réseaux sociaux, les chavistes se lâchent : « Radonsky se moque du peuple et de sa foi, ce sioniste est étranger même s’il a une carte d’identité et un acte de naissance vénézuéliens » ; l’utilisation de l’Y plutôt que l’I rend le nom plus exotique). Alors que Chavez invoque sa foi catholique à tout moment, « Radonsky est un hypocrite. Il se déguise en chrétien et prie la Vierge pour chercher le vote. En réalité il est sioniste. Il hait Jésus et la Vierge ». Le négationnisme trouve des suiveurs au Venezuela : « Je ne crois pas à la théorie de l’Holocauste inventée par l’Empire [américain] et ses collaborateurs ».
En 2011, une journaliste avait fait la promotion des Protocoles des sages de Sion, le faux fabriqué en Russie tsariste pour justifier les pogroms, sur l'antenne de Radio Nationale du Venezuela, propriété de l’Etat. Le texte des Protocoles est disponible sur le site chaviste Venezuela Patriota.
Crif
Commentaires
Chavez n'a pas traite son opponant de "porc", il l'a traite de "marano", terme espagnol du moyen age qui designe les juifs convertis au catholiscisme par "facilite" plutot que par conviction, qui continuaient donc a pratiquer le judaisme en cachette. Selon la jewish encyclopedia, le terme derive de "maran atha" (Dieu est avec nous) pour vouloir dire en espagnol les "bannis" ou les "possedes". Le sens du terme s'est elargi plus tard pour designe aussi ce qui est sale... Mais je pense que Chavez a utlise "marano" dans son sens premier.
Monseigneur JOUIN, auteur de la célèbre R.I.S.S., disait en parlant des Protocoles (PDSS) qu'ils n'étaient pas un faux, car il aurait fallu expliquer pourquoi Tout ce qui y est écrit se réalisait déjà à son époque (1920/1930 environ), nous pouvons continuer sa phrase : car Tout continue de se réaliser à la nôtre.
Pour un faux, cela tient vraiment du prodige.
Une simple citation : " Nous les détruirons par l'image et par le Sport " , cela était écrit au XIXème finissant,pas de radio, de télé,de folie planétaire pour l'idole fouteballistique, le cinéma était à peine né.
Quelle entité malsaine pouvait prévoir ce que nous connaissons maintenant ???
C’est curieux ils s’en prennent à un chef d’état bien éloigné de la France et de ses intérêts, par contre ils ne trouvent rien à redire des insultes de toutes sortes dont bhl, fabius, etc… ont accablé ou accablent encore les Kadhafi, Saddam Hussein, Assad, … ! Comme toujours on voit la paille dans les yeux de ses ennemis, mais pas la poutre qu’on a dans les siens !
Et ils sont encore plus mal venus de critiquer Cuba, eux qui l'ont toujours soutenu, crachant sans vergogne sur les victimes de Castro!
Plus aucun doute, Chavez est bien l'un des leaders mondiaux de l'opposition au mondialisme et à la pieuvre ! Il s'y attaque à mains nues, ce qui pourrait être bien dangereux, mais le courage ne lui manque pas !
"...l’antisémitisme est une invention du sionisme, « propriétaire de la plupart des institutions financières de la planète, qui contrôle presque 80 % de l’économie mondiale et l’industrie de la communication dans sa presque totalité »
Rien à ajouter à ce constat !
Plus haut, la couverture du magazine "kikiriki" est assez explicite:"Jodidos si los * llegan al poder"...
Qui a dit que la presse est muselee au Venezuela?
Pour ceux qui ne connaissent pas l'espagnol, jodidos veut dire "foutus" !
@ candide: voici ce que je viens de lire dans Wikipédia:
"L’origine de l’appellation marranes ou Marranos est incertaine. L’étymologie la plus communément retenue est celle de l’espagnol marrano, signifiant cochon (lui-même dérivé de l’arabe محرّم (muharram) signifiant « rituellement interdit », se référant à la prohibition de la viande de porc des religions juive et musulmane).
Une autre explication suggère qu’il proviendrait de l’araméen maranatha (en) (מרנא תא (maranâ' thâ' ) ou רן אתא (maran 'athâ' )) qui signifie le seigneur est venu1. Ce terme aurait été alors tourné en dérision par les Catholiques ou les Juifs non convertis, et appliqué aux Juifs qui ont choisi/subi la conversion. D’autres étymologies possibles sont l’hébreu mumar (apostat), les mots arabes marana (pliant, flexible) ou barrani (étranger)."