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François le jésuite, premier pape "noir"

VATICAN – La Compagnie de Jésus a gagné avec l'élection de François son premier pape de l'Histoire. Tout un symbole pour un ordre qui a longtemps entretenu une relation difficile avec Rome, à tel point que leur supérieur général est surnommé "le pape noir".

Premier pape non européen  (bien que d'origine italienne) depuis mille ans, François est aussi le premier pape jésuite de l'Histoire. "Enfin un pape noir !", se réjouit donc malicieusement le magazine brésilien Veja, en référence au surnom donné au supérieur général des jésuites.

Fondé par Ignace de Loyola dans la première moitié du XVIe siècle, la Compagnie de Jésus est aujourd'hui le deuxième ordre de l'Eglise, derrière les Franciscains, avec 19.000 membres. Parmi ses sept co-fondateurs se trouve aussi un certain Saint François-Xavier, missionnaire basque canonisé au XVIIe siècle. C'est sans doute, au delà du lien évident à Saint François d'Assise, l'une des références du nom de règne que le pape François s'est choisi.

Missionnaires et enseignants

En d'autres temps, l'élection d'un pape jésuite aurait été impensable. La relation avec le Saint-Siège démarre pourtant sous de bons auspices : les "Constitutions" de la Compagnie de Jésus - ensemble de textes élaborés par ses fondateurs pour régir l'organisation - stipulent l'obéissance à la personne du pape, se proposant d'effectuer des missions là où il le jugera utile.

"Mais du XVIe au XVIIIe siècle, l'expansion de l'ordre ne lui vaut pas que des sympathies", explique à Metro Gérard Chauvin, auteur d'une Petite histoire des jésuites. Sa vocation missionnaire place d'abord l'ordre en concurrence avec d'autres congrégations, notamment les dominicains. C'est le cas en Amérique latine, où le souci qu'apportaient les jésuites aux populations indigènes a laissé un lien affectif qui ne s'est jamais démenti. La qualité réputée de l'enseignement jésuite lui vaut en outre, à son apogée, de compter "plus de 700 collèges dans le monde, qui enseignent à 200.000 élèves", détaille l'historien. "A la cour du roi de France, de Henri III à Louis XIV, tous les confesseurs du souverain sont jésuites".

L'influence en Asie

Cette puissance finit par susciter la jalousie des grands de ce monde. Au Vatican, l'ordre est perçu comme une Eglise dans l'Eglise, à tel point que son supérieur général est surnommé le "pape noir", pour son habit sombre et son influence de l'ombre. La discorde atteint son apogée en 1773, quand la Compagnie de Jésus est dissoute par le pape Clément XIV. Elle ne sera rétablie que quarante ans plus tard, à la faveur de la Restauration.

Aujourd'hui, si l'élection d'un jésuite argentin fait bien entendu le bonheur des Sud-Américains, elle tourne également l'Eglise vers une autre partie du monde : l'Asie. C'est là-bas que Saint François-Xavier a mené ses principales missions d'évangélisation, de l'Inde jusqu'au Japon ; il meurt d'ailleurs aux portes de la Chine. Aujourd'hui, 30% des jésuites vivent sur ce continent. Soucieuse de s'ouvrir aux nouveaux territoires de la chrétienté, l'Eglise semble donc avoir trouvé pour remplacer son pape démissionnaire... un pape des missionnaires.

Metro - 14/03/13

 

Commentaires

  • 1) Les Jésuites du temps de la contre réforme et ceux d'aujourd'hui n'ont pas grand chose en commun hormis le nom.

    2) Un pape argentin ne fait pas le bonheur des sud américains, bien au contraire. Seuls les Argentins exultent comme à leur habitude pour tout ce qui peut contribuer à leur orgueil démesuré.

  • @ Philippe Régniez: je ne connais pas grand'chose au sujet des Jésuites. Ni au sujet de la mentalité des Sud-Américains. Si vous avez le temps de nous éclairer, merci.

    Amitiés

  • Chère Gaëlle Mann, merci pour l'invitation mais il faudrait remplir des pages rien que pour l'introduction sur ces deux sujets.

    Sur les jésuites, simplement, ils furent le fer de lance de la Contre Réforme. Un "mouvement" initié par saint Ignace de Loyola. Leur travail, particulièrement leurs travail missionnaire, fut remarquable. Ils proposèrent une alternative à nos sociétés séculaires, une société où le Christ était le centre de tout. Leur réussite la plus connue et la plus achevée fut dans les réductions guaranies au Paraguay, autrement appelées "Le Royaume de Dieu sur terre". Il est bien évident que les forces mercantiles ne pouvaient tolérer un tel exemple, et les réductions furent détruites - voir le film Mission qui donne une idée assez juste du sujet.
    C'est un sujet assez peu connu et sur lequel circulent beaucoup de "légendes noires".

  • PS Les Jésuites d'aujourd'hui ont embrassé le modernisme et toutes ses tares, seul le beau nom reste.

  • Merci, cher Philippe Régniez!

  • @gaelle:

    je confirme ce que dit M. Regniez : ma fille étudie dans un collège de jésuites, et ces bâtards n' ont rien trouvé de mieux que de reprendre sur leur site internet un manifeste du multiculturalisme .
    Qu' ils sont loin les guerriers de Jésus / Dieu de Ignace de Loyola , rien que des tapettes mondialistes !
    Il faut toutefois reconnaître qu' ils sont encore les seuls à prodiguer une instruction de qualité dans l' enseignement subventionné .

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