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VICTOR HUGO (1802-1885)

Lorsque l'enfant paraît

 

Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.

Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre
Fasse autour d'un grand feu vacillant dans la chambre
Les chaises se toucher,
Quand l'enfant vient, la joie arrive et nous éclaire.
On rit, on se récrie, on l'appelle, et sa mère
Tremble à le voir marcher.

Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
De patrie et de Dieu, des poètes, de l'âme
Qui s'élève en priant ;
L'enfant paraît, adieu le ciel et la patrie
Et les poètes saints ! la grave causerie
S'arrête en souriant.

La nuit, quand l'homme dort, quand l'esprit rêve, à l'heure
Où l'on entend gémir, comme une voix qui pleure,
L'onde entre les roseaux,
Si l'aube tout à coup là-bas luit comme un phare,
Sa clarté dans les champs éveille une fanfare
De cloches et d'oiseaux.

Enfant, vous êtes l'aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Quand vous la respirez ;
Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
S'emplissent pour vous seul de suaves murmures
Et de rayons dorés !

Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies,
Car vos petites mains, joyeuses et bénies,
N'ont point mal fait encor ;
Jamais vos jeunes pas n'ont touché notre fange,
Tête sacrée ! enfant aux cheveux blonds ! bel ange
À l'auréole d'or !

Vous êtes parmi nous la colombe de l'arche.
Vos pieds tendres et purs n'ont point l'âge où l'on marche.
Vos ailes sont d'azur.
Sans le comprendre encor vous regardez le monde.
Double virginité ! corps où rien n'est immonde,
Âme où rien n'est impur !

Il est si beau, l'enfant, avec son doux sourire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,
Ses pleurs vite apaisés,
Laissant errer sa vue étonnée et ravie,
Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie
Et sa bouche aux baisers !

Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j'aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur ! l'été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !

 

Les feuilles d'automne (1831)

 

Commentaires

  • Merci Gaëlle,
    C'est l'une des plus belles poésies d'Hugo qui savait mieux que nul autre cultiver l'art d'être grand-père. Qui est encore capable en France d'écrire de la sorte ? Les "Lettres" aujourd'hui sont illustrées par cette misérable pétasse inculte de Filippetti ! Heureusement qu'il nous reste nos géants de la poésie pour nous changer d'air !

  • Merci Gaelle pour ce beau poeme, que j'adore!
    Quel genie ce Victor Hugo! Quelle chance pour notre belle langue francaise!

  • Très beau poème ! Merci, Gaëlle !

  • @ abad: ce poème est je crois très connu, mais je l'ai publié en contraste avec l'article précédent: "Enfants vivant avec des homosexuels".
    Au XIXème siècle, il n'y avait pas dans la société française cette "haine" de l'enfant, qui marque si tristement notre époque...
    Et ce poème de Hugo est vraiment très beau, et après tout bouleversant, quand on songe à tout le mal qu'on fait actuellement aux petits!

  • @ Nelly: voilà un très beau poème, écrit par un génie incontesté, qu'on pourrait faire apprendre aux enfants!

  • Hugo avait en plus de ses dons extraordinaires de poète et d'écrivain une prodigieuse intelligence de la Vie, allant du réalisme au sublime, à une vérité supérieure: c'est un petit enfant qu'il décrit et en même temps c'est un jeune dieu !

  • SVP répondez à ma question "V H aurait il été au Front National ?? , question amicale , personnellement je pense qu il était plutôt socialiste ?? . GAUTHIER MICHEL

  • @ GAUTHIER: comment voulez-vous que je vous réponde sérieusement? Il ne s'agit pas du tout de la même époque, des mêmes problèmes (VH ne connaissait pas l'immigration, par exemple) ni des mêmes hommes politiques.

    Ce qui est sûr, c'est que Victor Hugo aimait la France!

    Il ne s'agissait pas du tout du même socialisme... voyons !

  • Apres réflexion....( plus de 24 heures....! ) je réalise l idiotie de ma question ! Gaelle veuillez m en excuser svp , la conjoncture des années 1850 n était pas celle de notre époque , ! , le F.N n existait pas , l époque n était pas aussi perverse que maintenant.....etc etc ... merci donc , GAUTHIER MICHEL 13009

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