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Jacques, le retraité "héroïque", en passe de devenir un héros national

                                        

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Jacques Blondel, en 2003, sur le stand de l'association Burkin'Avenir qu'il soutenait. Crédits photo : DR

 

Une information judiciaire pour meurtre va être ouverte samedi soir. L'un des deux braqueurs, en garde à vue, nie avoir tiré sur le témoin, qui a tenté de les arrêter au prix de sa vie.

 
 

Une information judiciaire va être ouverte samedi soir pour le meurtre de Jacques Blondel, qui a pris en chasse deux braqueurs vendredi à Marignage, avant d'être mortellement blessé par un fusil à pompe. Il était 18h30, jeudi, quand Carmen a entendu «un grand boum, comme un accident». Et pour cause: devant sa maison de Marignane, boulevard Albéric-Bernard - à quelques centaines de mètres au sud des pistes de l'aéroport Marseille-Provence et de l'étang de Berre -, une voiture vient d'emboutir un scooter. Sauf que le choc n'a rien d'un accident: Jacques Blondel, au volant du véhicule, a volontairement percuté le deux-roues, sûr d'avoir devant lui deux braqueurs en fuite après un vol. «Il est sorti de la voiture. Il a tenté de les raisonner, raconte Carmen, aux premières loges depuis son perron, et s'est empoigné avec les deux jeunes tombés du scooter, l'un d'eux avait un fusil à la main, l'autre disait: “charge-le, charge-le”. Jacques agrippait le canon pour le dévier. Et puis il y a eu trois coups de feu. Ensuite, les deux garçons ont récupéré des cabas qui étaient tombés pendant le choc et sont repartis.» Dans ces cabas, des paquets de cigarettes, de la monnaie. Le fruit d'un vol à main armée: quelques minutes avant cette rencontre avec Jacques, les deux jeunes hommes avaient braqué, encagoulés, un tabac à quelques centaines de mètres de là.

La femme de Jacques, Isabelle, ancienne infirmière, tente alors de compresser la blessure de son mari, touché à l'artère fémorale. Leur petite-fille de 15 mois qui était assise à l'arrière de la voiture, est prise en charge par les voisins. Jacques, Isabelle et la petite revenaient de la plage, et rentraient chez eux, dans un petit lotissement quelques dizaines de mètres plus loin. Jacques Blondel n'y reviendra plus: immédiatement transporté à l'hôpital Nord, il y est décédé quelques heures plus tard. Les deux braqueurs, eux, ont disparu, jusqu'à ce que l'un d'entre eux soit interpellé dans la ville voisine de Vitrolles. Le jour de ses 18 ans. Considéré comme l'auteur des coups de feu, le jeune homme, déjà connu pour une série de délits, est depuis son arrestation en garde à vue dans les locaux de la brigade de répression du banditisme (BRB) de Marseille. Il a reconnu sa participation au braquage mais assure ne pas avoir tiré sur le retraité. Il sera présenté au parquet samedi soir et auditionné par un juge d'instruction en vue de sa mise en examen. «Une information judiciaire sera ouverte. Les chefs envisagés sont vol avec arme et meurtre ayant pour objet l'impunité de son auteur», a annoncé le procureur adjoint au parquet d'Aix-en-Provence, Denis Vanbremeersch. Son complice, en cours d'identification, est lui toujours en fuite.

«D'une honnêteté et d'une rigueur inébranlables»

Un ancien collègue d'Air France

Jeune retraité depuis moins de six mois, Jacques Blondel, 61 ans, avait longtemps travaillé pour Air France à l'aéroport voisin. Frédéric, salarié d'une société du même site, se souvient d'un membre remarqué de cette «grande famille» de l'aéroport, chargé du «plan de chargement des avions». Mais aussi et surtout une figure du comité d'entreprise de la compagnie aérienne à Marignane, qui «par amitié» pour le retraité, a laissé ses bureaux fermés ce vendredi. C'est à lui que l'on s'adressait pour réserver une location de vacances au tarif d'entreprise, ou pour les différents partenariats du comité d'établissement, tel l'association Burkin'Avenir, fondée par un pilote de ligne et soutenue par le CE depuis sa création en 1999 et par Jacques. Un homme décrit par un de ses anciens collègues d'Air France comme «l'illustration exacte de ce qui est arrivé, d'une honnêteté et d'une rigueur inébranlables. C'était une personne de confiance, tout à fait fiable dans son travail.» Ni une «tête brûlée», ni un «chevalier blanc». Mais, à en croire ses proches, un homme excédé par de tels faits: il s'était fait voler son scooter sous la menace il y a quelques années, à Marseille.

 

Dans Marignane, les réactions sont unanimes après ce drame. Le maire DVD de la ville, Éric Le Dissès, a salué cet «acte de courage, qu'il a payé de sa vie» et mis en berne le drapeau de la mairie. Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a quant à lui évoqué «un acte de bravoure qui doit imposer le respect», et estimé que la mort du sexagénaire devait être l'occasion d'un «réveil des esprits et des consciences» face à la violence qui gangrène certaines villes de France, au premier rang desquelles figure Marseille. La garde des Sceaux, Christiane Taubira, a, quant à elle, fait part de sa «tristesse» et de sa «profonde estime» à l'épouse du disparu, rappelant la sévérité des peines encourues pour ce type de crimes. Une marche a d'ores et déjà été programmée lundi à 18 heures pour rendre hommage à celui que, dans le quartier, on appelle «un héros».

 

Le Figaro - 24/08/13

Commentaires

  • La mère Taubira qui rappelle la sévérité des peines encourues... Quelqu'un peut-il la faire taire s'il vous plait?

  • la mére Taubira devrait avoir au moins la pudeur de se taire . . .!!
    salutations.

Les commentaires sont fermés.