Propos recueillis par Adrien Cadorel | Publié le 02.11.2013, 22h17 | Mise à jour : 22h21
Pour l’universitaire Mathieu Guidère, spécialiste du monde arabe, islamologue et expert des questions de terrorisme, l'assassinat des deux journalistes français «signe l’échec de la stratégie française dans son entreprise de sécurisation de la région de Kidal.» Il craint que« «cela aggrave les dissensions» entre le MNLA et Ansar Dine, «qui vont probablement s’opposer plus violemment encore.
»
Kidal, où étaient les journalistes, est-t-elle une zone dangereuse ?
MATHIEU GUIDÈRE. Depuis le début de l’intervention militaire française, deux factions Touaregs se disputent le contrôle de cette ville où les armées maliennes et françaises n’ont jamais pu entrer : d’un côté l’entité laïque du MNLA — que les journalistes étaient venus rencontrer — et qui contrôlent le centre-ville, et de l’autre les Touaregs islamistes d’Ansar Dine, très hostiles à la France, qui sont présents à la périphérie de Kidal.
Les Touaregs peuvent-ils être à l’origine de cet enlèvement ?
M.G. Si le scénario n’est pas à exclure, cela me surprendrait, car les Touaregs n’ont pas pour habitude de pratiquer des enlèvements, et encore moins d’exécuter des ressortissants étrangers. A ce propos, il faut rappeler que les quatre otages d’Arlit libérés récemment ont pu l’être grâce à la médiation de l’un des plus hauts responsables du mouvement d’Ansar Dine. Et que, dans le même temps, le MNLA avait accueilli les journalistes français pour cette interview. Aucune de ces deux entités n’avait intérêt à ce que ces journalistes meurent.
Ce drame peut-il avoir un impact sur l’engagement militaire français au Mali ?
M.G. D’abord, il signe l’échec de la stratégie française dans son entreprise de sécurisation de la région de Kidal. Il faut rappeler que dès le début de l’intervention militaire, la France a délibérément souhaité ne pas s’opposer aux Touaregs. Ensuite, on peut craindre que cela aggrave les dissensions chez les deux factions, qui vont probablement s’opposer plus violemment encore. Enfin, il faut s’attendre à ce que, suite à cet événement, l’armée malienne tente une offensive pour prendre le contrôle de la ville. Plusieurs opérations similaires se sont déroulées par le passé, avec un certain nombre de violences et d’exactions.
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Kidal, où étaient les journalistes, est-t-elle une zone dangereuse ?
MATHIEU GUIDÈRE. Depuis le début de l’intervention militaire française, deux factions Touaregs se disputent le contrôle de cette ville où les armées maliennes et françaises n’ont jamais pu entrer : d’un côté l’entité laïque du MNLA — que les journalistes étaient venus rencontrer — et qui contrôlent le centre-ville, et de l’autre les Touaregs islamistes d’Ansar Dine, très hostiles à la France, qui sont présents à la périphérie de Kidal.
Les Touaregs peuvent-ils être à l’origine de cet enlèvement ?
M.G. Si le scénario n’est pas à exclure, cela me surprendrait, car les Touaregs n’ont pas pour habitude de pratiquer des enlèvements, et encore moins d’exécuter des ressortissants étrangers. A ce propos, il faut rappeler que les quatre otages d’Arlit libérés récemment ont pu l’être grâce à la médiation de l’un des plus hauts responsables du mouvement d’Ansar Dine. Et que, dans le même temps, le MNLA avait accueilli les journalistes français pour cette interview. Aucune de ces deux entités n’avait intérêt à ce que ces journalistes meurent.
Ce drame peut-il avoir un impact sur l’engagement militaire français au Mali ?
M.G. D’abord, il signe l’échec de la stratégie française dans son entreprise de sécurisation de la région de Kidal. Il faut rappeler que dès le début de l’intervention militaire, la France a délibérément souhaité ne pas s’opposer aux Touaregs. Ensuite, on peut craindre que cela aggrave les dissensions chez les deux factions, qui vont probablement s’opposer plus violemment encore. Enfin, il faut s’attendre à ce que, suite à cet événement, l’armée malienne tente une offensive pour prendre le contrôle de la ville. Plusieurs opérations similaires se sont déroulées par le passé, avec un certain nombre de violences et d’exactions.
LeParisien.fr
Commentaires
Il est certain que Bernard Lugan n a pas été consulté par la fine équipe sous la houlette de Hollande ...
C est bien lui le responsable du désastre.
La politique française récente, du gouvernement actuel au Mali, et donc du président Hollande, est directement responsable de la mort de ces deux journalistes.
Ils auront des médailles posthumes, en fromage dégoulinant.