À l’occasion de l’été, Boulevard Voltaire vous offre cinq extraits de Du bonheur d’être réac, de Denis Tillinac. Cliquez sur la couverture du livre pour l’acheter.
La réalité n’est pas cool et sympa. Nulle part l’autochtone ne voit arriver l’étranger avec bienveillance. Surtout si on lui dénie la supériorité symbolique qu’il estime due. C’est un constat, pas un jugement de valeur. Le réac constate que les peuples européens, mal barrés à l’aube du nouveau siècle, redoutent une forme d’expropriation imposée par leurs élites, le patronat au premier chef, les idéologues en relais. En France plus qu’ailleurs, eu égard aux effets à retardement de la guerre d’Algérie. Il en déduit qu’il serait opportun d’aborder à ciel ouvert un sujet obsédant et crucial. Pourquoi le refuser en usant du Front national comme d’un alibi, quitte à faire sa fortune électorale ? Quels démons croit-on exorciser en imposant un tabou qui saute dans toutes les conversations privées, ouvrant les vannes des pires mythologies « purificatrices » ?
Sans que sa gouverne soit faite, le réac s’estime tenu, par simple souci d’intégrité morale, de ne pas taire ce qui lui paraît dangereux. À tort ou à raison, il pense que les vieux peuples sédentaires d’Europe risquent le pire en singeant les moeurs de pays d’immigration tels que les États-Unis, le Canada ou le Brésil. Sans doute est-il plus sensible que d’autres à ce risque, parce qu’il perçoit concrètement ce qui se perd : une sociabilité, un art de vivre, des tours d’esprit, des formes d’humour, un système d’émotions, de goûts et de références propres à son pays. De ce trésor il s’estime dépositaire, son patriotisme en procède, ses joies en découlent naturellement. Ses ancrages sont profonds et assumés. On pourrait le définir par cette singularité : il assume ses sentiments.
Ainsi le sentiment de décadence. Le mot fait pincer les becs. Le réac ose le dégainer. Sur les registres de la politesse, de la maîtrise du langage, du raffinement, des équilibres mentaux, de l’aptitude au contrôle de soi, de la noblesse des aspirations, de la culture des élites, la société contemporaine est décadente. Quel autre mot définirait mieux ce mélange nauséeux d’avachissement dépressif, d’émotivité hébétée et de hargne vindicative ? Lequel dirait mieux la veulerie des politiques, la goujaterie des puissants, la tyrannie des enfants ? Lequel évaluerait mieux la perte de substance des « valeurs » rabâchée par pure routine ? Lequel exprimerait mieux la mise hors jeu de la pureté, de la tendresse, de la probité, de la gratuité, du tact – vertus immémoriales sans lesquelles le bonheur a le souffle court et la vie de tous les jours, des aigreurs d’estomac ?
Commentaires
Oh oui ! Quel bonheur d'être réac et de l'assumer à chaque instant à la face des cloportes "progressistes" et des bobos !!!
Mais ce n'est pas suffisant de se faire plaisir : Wiki indique qu'il fait partie des "chiraquiens historiques qui soutiennent Nicolas Sarkozy". C'est rédhibitoire en ce qui me concerne !
Tillinac fait partie du problème de décadence qu'il dénonce, comme beaucoup de gens qui se disent de droite et ne bougent pas le petit doigt en s'engageant plus en avant! Je préfère relire Jean Cau cet été, même si Tillinac a une belle plume !
En voilà un vrai de réac !
Dirk, comme je vous comprends!
J'ai bien reçu Le secret de l'Atlantide" et dès qu'on l'a commencé, on est happé! C'est un ouvrage des plus passionnants, et je vous remercie de me l'avoir signalé.
Oui, c’est bien ce que dit Tillinac, mais on aimerait qu’il aille jusqu’au bout de son raisonnement pour dénoncer les VRAIS responsables de cette annihilation des nations européennes. Il n’ose dire qui sont les deux lobbies (qui, bien sûr, n’existent pas) qui organisent savamment cette destruction des peuples européens et leur remplacement par les immigrés ? Pourtant nous les voyons œuvrer tous les jours de plus en plus ouvertement, leur haine de l’Europe est de plus en plus voyante, mais la chape de plomb qu’ils nous imposent interdit d’énoncer la moindre vérité à ce sujet. Ils ont fait des lois pour cela. L’ouvrage qui dénoncerait cet abominable complot anti-européens et antichrétiens n’est pas prêt de paraître !
cher abad, un tel ouvrage qui parlerait des "causes" et non seulement des conséquences (la décadence, etc...) ne trouverait AUCUN éditeur, du moins en France.
Il existe aussi, plus difficile à déceler, le politiquement "faussement incorrect"...
@Gaëlle,
Je suis heureux de vous avoir fait connaître cet ouvrage que je juge capital pour connaître la protohistoire européenne. Vous irez de révélation en révélation ! Spanüth est le Galilée de cette histoire ! Bonne lecture chère Gaëlle !
Gaelle: vous avez trouvé la phrase juste pour définir ce livre et son auteur . .!!
salutations.
Ce brave homme ! Il n'atteindra jamais la cheville de vrais réacs comme le furent Pierrot ( Pierre Gripari ) et l' inimitable Emil Cioran .
Ne pas omettre la lecture de sa " Transfiguration de la Roumanie ". Le "fou furieux" s'assagit , un peu seulement , par la suite .