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Tollé autour de soldats russes entrés en Ukraine

 

Un milicien prorusse mardi dans les ruines du marché Petrovskiy à Donetsk, où de violents combats ont opposé les séparatistes et l'armée ukrainienne. Crédits photo : Mstislav Chernov/AP

Les Occidentaux dénoncent une escalade alors que l'Otan chiffre à au moins 1000 hommes ces troupes appuyant les séparatistes.

 
 

Depuis douze jours, Dmitri Tkatchenko n'a pour seule trace de son frère Ivan, parachutiste au régiment 234 de Pskov, que la photo de son bulletin de présence militaire. Ce document a été découvert le 20 août dans un blindé russe calciné, dans la région de Louhansk, l'un des principales places fortes séparatistes. Visible depuis sur les réseaux sociaux, l'image angoissante laisse entendre que le jeune appelé de 19 ans aurait disparu dans le Donbass, constituant, le cas échéant, une preuve supplémentaire de la présence de soldats russes en territoire ukrainien. Sur ce même bulletin figure le nom d'un autre parachutiste russe, Leonid Kitchatkin, qui a été enterré en toute discrétion le 25 août dans le cimetière de Pskov, six jours après sa mort en Ukraine.

«La dernière fois qu'Ivan m'a appelé, c'était le 16 août, pour me dire qu'il partait en manœuvres et qu'il serait hors réseau durant plusieurs jours», raconte son frère au Figaro. Après avoir découvert la photo du blindé, ce dernier s'est adressé au département régional du ministère de la Défense, qui s'est contenté de lui dire: «Tout va bien.» Pas de quoi, néanmoins, rassurer Dmitri et sa famille. «Je ne peux pas croire que les nôtres font la guerre en Ukraine, dans un autre pays. Qu'est-ce qu'ils fabriquent là-bas?», s'insurge le jeune homme.

«Invasion directe»

Une nouvelle étape est franchie dans le conflit du Donbass, qui prend de plus en plus l'allure d'une guerre entre deux États. Jeudi, le président Petro Porochenko a réitéré l'accusation de Kiev selon laquelle Moscou aurait acheminé des troupes sur le territoire voisin: plus d'un millier d'hommes, selon l'Otan. D'autres responsables ukrainiens dénoncent une «invasion directe» de l'État russe. Par la voix de son ambassadeur à Kiev, Washington fait écho à ces accusations, affirmant que la Russie, loin de se contenter de fournir à la rébellion des systèmes de défense antiaériens, type Pantsir-S1, était «directement impliquée» dans le conflit.

Selon l'état-major ukrainien, Moscou aurait même déployé un quartier général dans la localité de Pobeda, à 60 kilomètres à l'ouest de la frontière. Si ces faits étaient avérés, ils seraient «intolérables et inacceptables», a déclaré François Hollande, dans la foulée d'une nouvelle vague d'indignation occidentale. Tel est précisément le résultat que recherchent les dirigeants ukrainiens. Bousculé militairement par les séparatistes et leur puissant parrain, et après l'arrestation très médiatique, lundi, de soldats russes, Kiev en appelle désormais à l'Otan et à l'Union européenne pour assurer sa protection.

Le Kremlin continue de nier

En Russie à l'inverse, l'écho de ces révélations parvient assourdi. Le Kremlin continue de nier toute implication militaire, comme Vladimir Poutine l'avait d'ailleurs fait en mars dernier lors de l'annexion de la Crimée. Avant de reconnaître, trois mois plus tard, qu'il avait menti. Seuls quelques médias indépendants s'efforcent de rassembler des informations éparses auprès des proches des soldats. Exemple, dans la république musulmane de Bachkirie, les parents de Marcel Araptanov, mort le 12 août, ont réceptionné la dépouille de leur fils, décapité lors d'une attaque en Ukraine, croient-ils. L'unité régionale du ministère de la Défense leur a répondu que le visage du soldat avait été «abîmé» à la suite d'une explosion, survenue lors d'un exercice mené en territoire russe.

L'état-major s'efforce par tous les moyens de colmater les fuites. Les journalistes sont intimidés. Les familles de soldats font manifestement l'objet de pressions, contribuant à faire enfler les rumeurs. Deux jours après l'enterrement de deux parachutistes à Pskov, disparus près de Louhansk, les noms des intéressés ont disparu des tombes. Pour sa part, le chef séparatiste Alexandre Zakhartchenko a expliqué que des militaires russes combattaient en Ukraine, mais uniquement lorsqu'ils étaient… «en permission».

Ce début d'agitation a poussé le Kremlin, jeudi, à ordonner des «vérifications». Le Conseil pour les droits de l'homme, qui lui est affilié, a été chargé de mener une enquête qui pourrait se révéler une opération de diversion. L'opinion majoritaire russe, que ces révélations devraient peu émouvoir, assimile le confit ukrainien à une «guerre civile». Un activiste qui s'était aventuré, jeudi, près de la place Rouge, à contester cette thèse officielle a été embarqué manu militari.

LE FIGARO

Commentaires

  • Il est certain que les chefs d’états, plus précisément les marionnettes qui nous dirigent sont furieux contre Poutine, car que peuvent-ils faire ? Je vois Hollande déclarer la guerre à Poutine. La Russie n’est ni le centre-afrique, ni le Mali !

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