Sa Fondation Louis-Vuitton est acclamée, Beaubourg lui consacre une grande rétrospective. Mais qui est vraiment Frank Gehry ?
A 85 ans, un regard d'enfant, de l'espièglerie et des projets en pagaille, dont le futur musée Guggenheim d'Abu Dhabi, et un doigt d'honneur à un journaliste : Frank Gehry ne s'est pas assagi, bien au contraire. Parce que le plus célèbre des architectes vivants, dont on vient d'inaugurer fin octobre la Fondation Louis-Vuitton dans le bois de Boulogne, revient de loin. Portrait en quatre traits de caractère, alors que le Centre Pompidou présente ses projets les plus fous.
Un provocateur
Frank Gehry n'a rien du vieux sage. Fin octobre, le roi d'Espagne Felipe VI lui remet un prix à Oviedo. Lors de la conférence de presse, un journaliste ose demander au concepteur du musée Guggenheim de Bilbao s'il ne craint pas de succomber, comme le lui reprochent ses détracteurs, à « l'architecture spectacle ». La réponse fuse : un doigt d'honneur qui fait le tour du monde. Royal... Tout comme l'explication de texte : « Dans le monde actuel, 98 % des bâtiments construits sont de la pure merde. » La revanche est un plat qui se mange froid : à ses débuts, le jeune architecte a été moqué par ses confrères qui ne croyaient pas à ses délires formels...
Un outsider
Fils d'un camionneur, lui-même brièvement camionneur en ses jeunes années, né au Canada de parents juifs polonais qui émigrent ensuite en Californie, Gehry s'est longtemps appelé Goldberg. C'est seulement à l'époque de son premier mariage qu'il change de nom, à la demande de sa femme, qui redoute l'antisémitisme, comme il l'a raconté au cinéaste Sydney Pollack dans le passionnant documentaire que celui-ci lui a consacré en 2006, diffusé dans l'exposition de Beaubourg.
Le Picasso de l'architecture est un self-made-man qui s'est accroché au rêve américain, sous le soleil de Californie, où il a réalisé ses premiers édifices. Comme son incroyable maison personnelle à Santa Monica, premier chef-d'oeuvre, réalisée à partir de tôle ondulée ou de grillages déstructurés. Quarante ans après, il a changé de femme et a fait quatre enfants, mais y habite toujours.
Un gribouilleur génial
C'est un rabbin qui a détecté ses dons. L'enfant Ephraïm Goldberg va au Talmud Torah, le catéchisme juif. Il dessine le portrait de Theodore Herzl, fondateur du sionisme. « Votre fils a des doigts d'or », confie le rabbin à la mère du futur architecte qui s'essaie d'abord à la céramique. Dans chacune de ses réalisations, tout part d'un petit gribouillis, selon l'expression d'un de ses plus gros clients. Gehry, pourtant précurseur des maquettes numériques en 3D, reprend l'expression : « Quand j'ai fini, si l'on prend le petit gribouillis d'origine, tout y est déjà. » La forme du poisson, que l'on retrouve dans beaucoup de ses oeuvres comme une signature, vient aussi de son enfance : c'est la carpe farcie que sa grand-mère achetait pour le shabbat, et qui nageait dans la baignoire avant de passer à la casserole.
Un architecte qui voulait être peintre
Gehry, longtemps boycotté par ses confrères, s'est réfugié chez ses amis peintres de la Côte Ouest. Lui-même cite le cubisme parmi ses influences majeures. Ses bâtiments ressemblent à des tableaux. « S'il y a un truc dont je suis envieux, c'est les peintres », dit-il. Lui-même est admiré comme un artiste, aussi bien par Lady Gaga, qui lui a demandé un chapeau, qu'Hillary Clinton, qui le cite dans ses Mémoires comme l'architecte dont le monde a besoin. Même la série animée « les Simpson » a rendu hommage à Gehry. Dans un épisode de 2009, on voit son double de dessin animé froisser des bouts de papier pour en faire naître un bâtiment miniature, un de ses rituels.
Le Parisien 09 11 14
Commentaires
Des horreurs ! Ils ne produiront jamais rien d'autres . C'est génétique .
Ils sont tous timbrés .
Après Oscar Niemeyer , celui-là au Brésil !
Et dans quasiment tous les domaines , des monstruosités prolifèrent .
- une confidence : les Médicis , leurs richesses et leurs crimes , cela ne me gêne pas . Il y a tant de chefs-d'oeuvre en contrepartie ! .
Le Cortège des Rois Mages de Benozzo Gozzoli , par exemple . L'artiste met en scène une société joyeuse de jeunes seigneurs vêtus de costumes somptueux ou sont fixées des pierreries .
"Un gribouilleur génial"...