Succédant à son grand-père, Marion Maréchal-Le Pen croit en ses chances
Après quelques hésitations, Marion Maréchal-Le Pen a confirmé hier à La Provencequ'elle serait bien la candidate du Front national aux régionales de décembre prochain. Explications.
Pourquoi avez-vous décidé d'être candidate à la région Provence-Alpes-Côte d'Azur ?
Marion Maréchal-Le Pen : Avant de me décider, je voulais m'assurer que Jean-Marie Le Pen ne s'immiscerait pas dans la campagne ; qu'il n'en ferait pas un sujet de conflit après l'escalade à laquelle on a assisté. Je voulais aussi m'assurer du soutien des cadres et des militants. J'ai eu le plaisir de constater que c'était le cas. J'ai donc tous les éléments pour être candidate.
Vous y allez pour gagner ?
Marion Maréchal-Le Pen : Bien sûr. Nous avons les cadres et les équipes pour y parvenir. Jean-Marie Le Pen a été pendant très longtemps le chef politique de notre parti dans la région. Je vais m'employer à mettre en avant de nouveaux visages, de nouveaux cadres, pour être à l'origine de l'éclosion de la génération politique de demain dans la région.
Comment espérez-vous gagner alors que l'UMP est très forte dans des départements comme les Alpes-Maritimes, le Var et les Bouches-du-Rhône ?
Marion Maréchal-Le Pen : Le combat va être long et difficile. Mais, pour une fois, avec la proportionnelle, le mode de scrutin n'est pas en notre défaveur. Avec lui, on a pu voir, notamment aux européennes, que le FN est le premier parti en nombre de voix dans la région. La dynamique est de notre côté, face à une gauche décrédibilisée et une UMP incarnée par M. Estrosi, dont la carrière politique est marquée par des retournements constants.
L'UMP doit être rebaptisée Les Républicains, Nicolas Sarkozy l'a pacifiée. N'est-elle pas sur une nouvelle dynamique ?
Marion Maréchal-Le Pen : Dans la région, elle a misé sur le mauvais cheval. J'aurais eu beaucoup plus à craindre de M. Ciotti que de M. Estrosi. Éric Ciotti, lui, a une pensée. Au contraire de Christian Estrosi qui fait souvent des déclarations contradictoires. Quant à Nicolas Sarkozy, il n'est pas innovant, il recycle des propositions anciennes qui ne peuvent pas convaincre des Français qui connaissent son bilan. Il essaye encore une fois de séduire les électeurs du FN. Mais cette fois-ci, ça ne fonctionnera pas.
Si le FN devait gagner cette élection, vous seriez la présidente de la région ?
Marion Maréchal-Le Pen : C'est la logique. Mais je tiens à insister sur le fait que je vais faire une campagne d'équipe, mettre en avant tout le futur exécutif. Non seulement je connais mes limites, mais je sais qu'un politique n'est pas omniscient et omnipotent. Je vais montrer que je suis entourée de personnes compétentes et loyales.
Redoutez-vous la concurrence du mouvement politique que votre grand-père a annoncé vouloir former ?
Marion Maréchal-Le Pen : En aucun cas. Il a précisé qu'il s'agirait plutôt d'une association qui n'aura pas vocation à présenter ou à soutenir des candidats.
Depuis l'interview à "Rivarol" qui a mis le feu aux poudres, avez-vous eu l'occasion de le voir et de discuter avec lui ?
Marion Maréchal-Le Pen : Je l'ai vu une seule fois, au sujet de la candidature en Paca et des différentes options pour une sortie de crise apaisée. Depuis, je l'ai revu au bureau politique mais pas en tête-à-tête.
Souhaitez-vous sa présence à vos côtés durant la campagne que vous allez conduire ?
Marion Maréchal-Le Pen : Je ne le lui ai pas demandé et je ne pense pas qu'il le souhaite. Ce qui m'importe le plus, c'est d'avoir la latitude nécessaire pour mener une campagne à ma façon, avec mes équipes. Sur ce plan, je crois que nous sommes en parfait accord.
Ne craignez-vous pas que cette querelle de famille ait discrédité le FN en tant que force politique capable de diriger le pays ?
Marion Maréchal-Le Pen : Ce n'était pas une querelle familiale, mais une crise éminemment politique. La dimension familiale de ce conflit est, si je puis dire, un dommage collatéral. Nous en étions arrivés à un tel point de désaccord qu'il devenait difficile d'échapper à cette crise et à la nécessaire explication de texte qui a suivi. Personne n'en est sorti grandi. Marine Le Pen, elle-même, souffre beaucoup de la situation. Elle souffre d'avoir dû prendre une décision difficile en tant que chef de parti et en tant que fille. Cela étant, elle a fait la démonstration de sa capacité à dissocier les obligations d'une présidente de parti politique et les aspects plus personnels.
Florian Philippot souhaite que le titre de président d'honneur du Front national disparaisse. Êtes-vous d'accord avec lui ?
Marion Maréchal-Le Pen : L'important, c'est que Jean-Marie Le Pen n'ait plus de fonctions exécutives au sein du mouvement. Si, dès le départ, il avait été cantonné à un rôle purement honorifique, ça ne serait pas arrivé.
On entend beaucoup de critiques au sein du FN sur le rôle éminent que joue Florian Philippot auprès de Marine Le Pen. La ligne politique est-elle aussi clairement définie qu'il le suggère ?
Marion Maréchal-Le Pen : La ligne politique est très claire, c'est celle qu'a fixée Marine Le Pen dans son programme présidentiel et qu'elle défend au quotidien. Il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus.
Vous n'avez pas de réticence vis-à-vis de Florian Philippot, qui est arrivé loin derrière vous aux élections internes et qui joue un rôle plus important que vous au sein des instances du FN ?
Marion Maréchal-Le Pen : Il est arrivé quatrième, mais avec tout de même 70 % des voix, ce qui n'est pas un désaveu. Pour ce qui me concerne, il n'y a aucune concurrence avec Florian Philippot, plutôt une forme de complémentarité.
Il s'est montré particulièrement sévère avec Jean-Marie Le Pen, alors que beaucoup de gens au FN sont encore très attachés à la personnalité et à ce que représente votre grand-père. N'est-ce pas un risque politique de vous couper aussi brutalement de Jean-Marie Le Pen que l'a fait Florian Philippot ?
Marion Maréchal-Le Pen : Nous aurons un congrès extraordinaire au mois de juillet. Les adhérents auront la parole et ils choisiront de façon démocratique. Cela permettra de couper court à toutes les suspicions. Beaucoup de gens sont tristes de ce qui s'est passé et de la fin politique de Jean-Marie Le Pen, mais il y a toujours une unité derrière la présidente.
Sur quels thèmes allez-vous faire campagne pour la Région ?
Marion Maréchal-Le Pen : Notre programme détaillé sera dévoilé en septembre, mais je peux d'ores et déjà vous dire que nous ferons campagne à droite, sur l'économie, l'emploi, l'identité, la bonne gestion des deniers publics... Mais nous ferons aussi campagne sur des thèmes où on ne nous attend pas forcément.
Une région peut-elle selon vous être gérée sans augmentation d'impôts, à l'heure où l'État restreint ses dotations ?
Marion Maréchal-Le Pen : Oui, et nous en avons apporté la preuve avec les mairies que nous gérons. Certaines étaient quasiment en faillite et les impôts n'y ont pas augmenté pour autant. Nous avons simplement fait des choix qui nécessitaient du courage et la recherche d'économies auxquelles les élus précédents avaient beaucoup de mal à se résoudre.
Du fait du programme économique du Front national, qui préconise notamment la sortie de l'euro, une région gérée par le Front national restera-t-elle attractive pour les investisseurs ?
Marion Maréchal-Le Pen : Il ne vous a pas échappé qu'on ne pourra pas sortir de l'euro au niveau régional... Cela étant, je m'attends bien entendu à ce que nos adversaires en mal d'arguments politiques essayent une fois de plus de surfer sur les peurs, comme ils le font à chaque élection. Sauf que nous gérons aujourd'hui des exécutifs où nous démontrons que ces peurs n'ont pas lieu d'être.
Dans les villes que le FN a gérées à partir de 1995, ça ne s'est pas toujours très bien passé sur le plan économique. À Vitrolles, notamment plusieurs entreprises ont préféré partir...
Marion Maréchal-Le Pen : C'était il y a plus de 20 ans... Aujourd'hui, qu'en est-il ? Y a-t-il eu des départs massifs d'entreprises dans les communes gérées par le Front national ? Je ne crois pas. Y a-t-il eu des départs massifs de fonctionnaires ? Je ne crois pas non plus. Depuis 20 ans, le contexte politique a évolué et la place du FN dans la vie politique n'est plus du tout la même.
Sur l'identité, ferez-vous de la surenchère sur les propos de M. Estrosi qui dénonce notamment une 5e colonne islamiste ?
Marion Maréchal-Le Pen : Sûrement pas. Je n'ai pas besoin de cela pour convaincre les électeurs. J'ai une ligne politique et je m'y tiens. Je n'ai pas besoin d'en faire des tonnes pour dissimuler un bilan, comme M. Estrosi. Dans sa ville, il subventionne des associations clairement liées à l'UOIF (*), une branche des Frères musulmans avec une vision très radicale de l'islam. La mosquée de Nice est tenue par cette obédience et ça n'a pas empêché la mairie de lui accorder une subvention déguisée sous la forme d'un bail au montant dérisoire. Elle a d'ailleurs été condamnée par le tribunal administratif.
Après la relaxe de deux policiers dans le procès sur la mort de deux adolescents d'origine immigrée en banlieue parisienne, vous aviez tweeté "la relaxe montre que la racaille avait mis par plaisir les banlieues françaises à feu et à sang". Vous le regrettez ?
Marion Maréchal-Le Pen : Comme tout le monde, je suis triste qu'un accident ait provoqué la mort de deux adolescents. Mais je ne parlais pas d'eux. Je parlais des émeutiers qui ont pillé, cassé, brûlé, agressé pendant trois semaines, au point que l'état d'urgence avait été instauré pour la première fois depuis la guerre d'Algérie. Rien ne justifiait les agissements de la racaille, qui n'est que le terme trivial pour "délinquants".
La justice a autorisé Nicoals Sarkzoy à rebaptiser l'UMP sous le nom de "Républicains". Ça vous gêne ?
Marion Maréchal-Le Pen : Ça me réjouit. Ça concrétise l'admiration béate de Nicolas Sarkozy pour les Républicains américains, ses grands frères. Tout le monde voit bien que les valeurs républicaines défendues par l'UMP comme par les socialistes sont dévoyées, invoquées à tort et à travers. Ça ne trompe personne.
(*) : Union des Organisations islamiques de France
LA PROVENCE
Commentaires
Marion se révèle déjà comme une redoutable femme politique. Nous n'avons pas fini d'en entendre parler ! Elle représente, avec tous ceux de sa génération qui ont rejoint le FN ces dernières années, l'avenir du FN.
Elle donne un sacré coup de vieux aux politiciens du système (et pas seulement du système !) !
Le FN peut et doit évoluer s'il veut progresser et ne pas rester nostalgiquement figé sur le FN des débuts. L'essentiel est qu'il reste intransigeant sur ses fondamentaux : lutte contre le GR et l'islamisation du pays et défense de la souveraineté nationale.
Le reste, l'économie, ne relèverait que de l'intendance s'il ne faisait pas peur à beaucoup de Français.
Lire à ce sujet les analyses de Guillaume FAYE :
http://www.gfaye.com/le-front-national-a-la-croisee-des-chemins-diagnostic/
Une fois de plus Marion se révèle excellente femme politique. Mais parmi les grands thèmes de son programme de campagne pour la PACA, elle aurait pu citer la lutte contre l’immigration !
Dans un entretien avec La Provence, c'était délicat! Ce quotidien est socialiste...