Trois mois se sont écoulés depuis son retour en France. Le vieil homme, qui a bientôt 90 ans, est accusé « d'attentat contre la sûreté intérieure de l'État et d'intelligence avec l'ennemi, en vue de favoriser ses entreprises en corrélation avec les siennes. »
L'ancien président du conseil Paul Reynaud sans aucune honte ose l'accuser : «d'avoir fomenté un complot en 1940 pour "trahir la France". » Lui qui avec tous ses comparses ont désarmé le pays et l'ont livré à l'ennemi, fuyant lâchement devant l'avancée des troupes allemandes !
L'accusé est introduit vers 13 h 30, il porte l'uniforme avec pour seule décoration la médaille militaire. Contrairement aux usages, il n'est pas précédé d'un officier, mais seulement d'un sous-officier de la garde républicaine. La salle pleine à craquer. Les jurés, les témoins, les journalistes, l'assistance entassée sur des bancs et des gradins forment une masse compacte qui d'un seul homme se lève à la vue du Maréchal.
Alors que la parole lui est enfin donnée, Philippe Pétain se lève, «aucun tic du visage, aucun tremblement des mains, son impassibilité garde de l'allure» note l'écrivain Jean Schlumberger, il commence la lecture d'une déclaration rédigée. D'une voix ferme, le vainqueur de Verdun commence par s'en prendre au tribunal et à la légitimité de la Cour :
«C'est le peuple français qui, par ses représentants réunis en Assemblée nationale le 10 juillet 1940, m'a confié le pouvoir, c'est à lui que je suis venu rendre des comptes.
La Haute Cour, telle qu'elle est constituée, ne représente pas le peuple français, et c'est à lui seul que s'adresse le Maréchal de France, chef de l'État »
Je ne ferai pas d'autre déclaration. Je ne répondrai à aucune question.» Mes défenseurs ont reçu de moi la mission de répondre à des accusations qui veulent me salir et n'atteignent que ceux qui les profèrent.
J'ai passé ma vie au service de la France. Aujourd'hui, âgé de près 90 ans, jeté en prison, je veux continuer à la servir, en m'adressant à elle une fois encore. Qu'elle se souvienne ! J'ai mené ses armées à la victoire en 1918. Puis, alors que j'avais mérité le repos, je n'ai cessé de me consacrer à elle.
J'ai répondu à tous ses appels, quels que fussent mon âge et ma fatigue. Le jour le plus tragique de son Histoire, c'est encore vers moi qu'elle s'est tournée.
Je ne demandais rien, je ne désirais rien. On m'a supplié de venir : je suis venu. Je devenais ainsi l'héritier d'une catastrophe dont je n'étais pas l'auteur. Les vrais responsables s'abritaient derrière moi pour écarter la colère du peuple.
Lorsque j'ai demandé l'armistice, d'accord avec nos chefs militaires, j'ai rempli un acte nécessaire et sauveur.
Oui, l'armistice a sauvé la France et contribué à la victoire des Alliés en assurant une Méditerranée libre et l'intégrité de l'Empire.
Le pouvoir m'a été confié et légitimement reconnu par tous les pays du monde, du Saint-Siège à l'U.R.S.S. De ce pouvoir, j'ai usé comme d'un bouclier pour protéger le peuple français. Pour lui, je suis allé jusqu'à sacrifier à mon prestige. Je suis demeuré à la tête d'un pays sous l'occupation.
Voudra-t-on comprendre la difficulté de gouverner dans de telles conditions ? Chaque jour, un poignard sur la gorge, j'ai lutté contre les exigences de l'ennemi. L'Histoire dira tout ce que je vous ai évité, quand mes adversaires ne pensent qu'à me reprocher l'inévitable.
L'occupation m'obligeait à ménager l'ennemi, mais je ne le ménageais que pour vous ménager vous-mêmes, en attendant que le territoire soit libéré.
L'occupation m'obligeait aussi, contre mon gré et contre mon cœur, à tenir des propos, à accomplir certains actes dont j'ai souffert plus que vous, mais devant les exigences de l'ennemi, je n'ai rien abandonné d'essentiel à l'existence de la patrie.
Au contraire, pendant quatre années, par mon action, j'ai maintenu la France, j'ai assuré aux Français la vie et le pain, j'ai assuré à nos prisonniers le soutien de la Nation.
Que ceux qui m'accusent et prétendent me juger s'interrogent du fond de leur conscience pour savoir ce que, sans moi, ils seraient peut-être devenus. *
Pendant que le Général De Gaulle, hors de nos frontières, poursuivait la lutte, j'ai préparé les voies de la libération, en conservant une France douloureuse mais vivante.
A quoi, en effet, eût-il servi de libérer des ruines et des cimetières ?
C'est l'ennemi seul qui, par sa présence sur notre sol envahi, a porté atteinte à nos libertés et s'opposait à notre volonté de relèvement.
J'ai réalisé, pourtant, des institutions nouvelles ; la Constitution que j'avais reçu mandat de présenter était prête, mais je ne pouvais la promulguer.
Malgré d'immenses difficultés, aucun pouvoir n'a, plus que le mien, honoré la famille et, pour empêcher la lutte des classes, cherché à garantir les conditions du travail à l'usine et à la terre.
La France libérée peut changer les mots et les vocables. Elle construit, mais elle ne pourra construire utilement que sur les bases que j'ai jetées.
C'est à de tels exemples que se reconnaît, en dépit des haines partisanes, la continuité de la Patrie. Nul n'a le droit de l'interrompre.
Pour ma part, je n'ai pensé qu'à l'union et à la réconciliation des Français. Je vous l'ai dit encore le jour où les Allemands m'emmenaient prisonnier parce qu'ils me reprochaient de n'avoir cessé de les combattre et de ruiner leurs efforts.
Je sais qu'en ce moment, si certains ont oublié, depuis que je n'exerce plus le pouvoir, ce qu'ils ont dit, écrit ou fait.
Des millions de Français pensent à moi, qui m'ont accordé leur confiance et me gardent leur fidélité.
Ce n'est point à ma personne que vont l'une et l'autre, mais pour eux comme pour bien d'autres, à travers le monde, je représente une tradition qui est celle de la civilisation française et chrétienne, face aux excès de toutes les tyrannies.
En me condamnant, ce sont des millions d'hommes que vous condamnerez dans leur espérance et leur foi. Ainsi, vous aggraverez ou vous prolongerez la discorde de la France, alors qu'elle a besoin de se retrouver et de s'aimer pour reprendre la place qu'elle tenait autrefois parmi les nations.
Mais ma vie m'importe peu. J'ai fait à la France le don de ma personne. C'est à cette minute suprême que mon sacrifice ne doit plus être mis en doute.
Si vous deviez me condamner, que ma condamnation soit la dernière et qu'aucun Français ne soit plus jamais détenu pour avoir obéi aux ordres de son chef légitime.
Mais, je vous le dis à la face du monde, vous condamneriez un innocent en croyant parler au nom de la justice et c'est un innocent qui en porterait le poids, car un Maréchal de France ne demande de grâce à personne.
A votre jugement répondront celui de Dieu et celui de la postérité. Ils suffiront à ma conscience et à ma mémoire.
Je m'en remets à la France ! »
Tiré du livre Message d'outre-tombe du Maréchal Pétain : Textes officiels, ignorés ou méconnus, consignes secrètes (Aux Nouvelles Editions Latines. Pages 272, 273, 274,275.) rédigé par Philippe Pétain, Monique Paillard,Jean Paillard.
La confusion des débats et telle, qu'elle ne permet pas de lever le voile sur les vraies responsabilités entre le maréchal et les institutions de la IIIème République. Philippe Pétain est condamné à mort le 15 août, radié de l'Académie française, laquelle n'élit personne jusqu'à sa mort, et démuni de tous ses biens. De Gaulle lui accorde la grâce présidentielle et commue sa peine en détention à perpétuité. Incarcéré sur l'île d'Yeu, il y meurt six ans plus tard.
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le 23 juillet 1951 : mort du Maréchal Philippe Pétain,homme d'État.
C'est le plus vieux détenu du monde qui meurt. Il a 96 ans ; 6 ans, jour pour jour après son procès. Le 11 avril 1951, le colonel REMY, chef et créateur du réseau de résistance « Réseau Notre Dame » écrit dans l'hebdomadaire « Carrefour » un article où sous le titre :
« la justice ou l'opprobre »
Il s'élève contre le maintien en forteresse du Maréchal dans des conditions honteuses et inhumaines. Le colonel REMY a, par ailleurs, adhéré à l'Association pour la défense du maréchal Pétain, afin que justice lui soit rendue.
LE SALON BEIGE
NdB: Quelle dignité face à l'infamie! Quelle grandeur qui nous élève !
Commentaires
Merci Gaelle, de nous rappeler la memoire du marechal.
Un Francais bien de chez nous, ne a Cauchy la Tour... qui meritait d'avoir sa statue partout en France.
Il aimait les Francais plus que lui-meme, mais pour recompense on l'a laisse mourir dans une casemate , ou il lui etait impossible de gravir les escaliers pour sa marche quotidienne.
Ils l'ont frappe d'indignite nationale, une loi abjecte, que le sieur Hollande voudrait reiterer..
https://fr.wikipedia.org/wiki/Indignit%C3%A9_nationale
En le gardant en vie, De Gaulle l'a fait mourir a petit feu, dans la souffrance et le desespoir.
J'espere qu'il reprendra sa place avec celle des grands hommes de notre histoire, n'en deplaise aux Klarsfeld!
Vive le marechal Petain!
https://www.youtube.com/watch?v=LmsdHnQ7RD8
Chère Nelly, ce ne sont pas les Klarsfeld qui m'empêcheront d'aimer le Maréchal Pétain!!! Ni personne au monde d'ailleurs!
Amitiés
Un des plus grands noms de l'Histoire de France, le plus illustre du XXème siècle.
Il n' y a que la M.... pour le salir.
Français de tous âges soyez fiers d'un tel Homme, d'un tel Militaire, d'un si honnête ,valeureux et courageux Patriote.
J'ai chez moi un portrait du maréchal Philippe Pétain à côté de celui du roi de France, Louis XVI, et je l'aime comme j'aime mon grand père.
Je plains ceux qui ne le reconnaissent pas comme un grand français, ils sont les esclaves du sanhédrin !
Je considère le Roi Louis xvi comme un saint martyr et le Maréchal Pétain comme le plus grand des Français, et également comme un martyr
Mais je me dis maintenant que le Maréchal n'aurait pas dû sauver la France...
Gaelle :il est vrai que feu le Maréchal Pétain aurait pu refusé le poste et jouir tranquillement d, une retraite bien méritée , la France aurait été sous le joug d,un Gauleter ,l,histoire aurait pris une autre tournure , mais cette "France" actuelle est bien malade depuis la fin de cette époque . .!!
salutations.
Merci Gaëlle de ne jamais oublier ce grand homme, à côté duquel De Gaulle est un nabot sans parole! Pétain était un natif de chez nous, et l'abbé Gantois, le chef du Vlaemsch Verbond van Frankrijk pendant la guerre, lui a consacré de belles lignes. Il était très fier de rappeler ses origines bien franques !
Merci à vous, Dirk, pour cet addendum si important. Philippe Pétain était un Franc, comme son valeureux grand-père.
N'oublions jamais notre Maréchal et transmettons sa mémoire.
ADDENDUM (bon sang ne saurait mentir !
Jean-Marie GANTOIS dans la revue « le miroir de l'Histoire » écrit ceci :
« Le nom des PETAIN perce de l'anonymat de la paysannerie et de l'artisanat et émerge au grand jour dans le triangle compris entre Aire sur la Lys, Béthune et Saint-Pol sur Ternoise lors de la tourmente de 1793-1794. Cette « Vendée d'Artois » dont le foyer le plus actif était sis à Pernes, jouxtant Cauchy la Tour, était le fief des « Chouans de Saint Pol » parmi lesquels les PONCHEVILLE faisaient figure incontestée de chefs.
Un de leurs partisans les plus déterminés se nommait François PETAIN. Lorsque que le 25 mars 1793, Jean-Baptiste Bernard de PONCHEVILLE parvint à s'échapper de la prison de Saint-Pol..., la première action des autorités d'épuration fut d'inculper PETAIN de complicité d'évasion et de lui octroyer sous les verrous la place laissée libre par les fugitifs.
Les juges pourtant ne retinrent par contre lui ce chef d'accusation et le relaxèrent des fins de la poursuite le 12 juillet. Le Proconsul de l'Artois prend sur lui de le faire arrêter derechef le 15 germinal an II (4 avril 1794), nonobstant l'autorité de la chose jugée, pour le même grief dont le prévenu venait d’être acquitté. Le tribunal révolutionnaire d’Arras se le tint pour dit et ses magistrats... trois jours plus tard, rendaient une sentence de mort... avant que s'achevât la journée du 18 germinal, PETAIN avait été décapité par la Sainte Guillotine ».
François PETAIN est le grand-père de Philippe PETAIN, futur maréchal de France, né lui aussi à Cauchy la Tour le 24 avril 1856.