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La pouponnière belge de Hitler

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26/09/15 à 17:00 - Mise à jour à 25/09/15 à 16:16

Source : Le Vif/l'express

Pendant la dernière guerre, le château de Wégimont, près de Liège, a accueilli la maternité Ardennen. Une cinquantaine d'enfants nés de femmes de SS belges et allemands y ont vu le jour.

 

© Reuters

Comment fonctionnait cette fabrique d'enfants "aryens" ? Que sont devenues les chères têtes blondes de Hitler ? Retour sur cette histoire ahurissante tombée dans l'oubli.

 

Bienvenue à Wégimont ! Le site Internet du domaine provincial liégeois vante ce haut lieu du tourisme familial, avec piscines, aires de jeu, parc, étangs de pêche, arborétum, camping et château aménagé en centre d'hébergement. Autant d'attractions qui drainent, chaque année, à la belle saison, des dizaines de milliers de visiteurs. Mais aucune mention, sur place comme sur le site Web, ne rappelle que le domaine a abrité, pendant la Seconde Guerre mondiale, un projet stupéfiant : la maternité SS Ardennen, la seule fabrique d'enfants "aryens" installée en Belgique.

C'est pourtant là, en bordure du plateau de Herve, entre Liège et Verviers, que 40 à 50 bébés sont nés d'un père SS allemand, flamand ou wallon et de femmes majoritairement belges. C'est pourtant bien au pied de l'escalier monumental du château que ces bambins de la "race supérieure de Germains nordiques", destinés à constituer la future élite d'un Troisième Reich censé durer mille ans, ont été "baptisés" par le Sturmbannführer-SS Walter Lang, spécialiste des questions raciales et directeur de la maternité, ou par son adjoint, le Hauptmannführer-SS Pletsch, un invalide de guerre, borgne et estropié, chargé de l'administration du domaine de Wégimont.

Nazisme, sexe et eugénisme

Les filles-mères qui accouchaient dans l'anonymat au château pouvaient ainsi se soustraire au jugement moral de leur famille, du voisinage ou du prêtre. Les plus démunies voyaient dans l'"institution" la chance d'échapper à une maternité non désirée. Car le nourrisson illégitime pouvait être abandonné à la nurserie SS après douze semaines de séjour. Toutes les traces de son origine étaient alors effacées, y compris le nom des parents et le lieu de naissance. Seuls les responsables nazis connaissaient sa véritable ascendance, consignée dans un registre d'état civil confidentiel, qui n'a jamais été retrouvé. Seule importait l'apparence physique de ces "têtes blondes".

Nés au château entre le printemps 1943 et l'été 1944, ces enfants "parfaits" sont aujourd'hui à l'âge de la retraite. La plupart d'entre eux se sont mariés, ont eu des enfants à leur tour, mais restent marqués par le sceau de leurs origines. Un secret qu'ils ont découvert sur le tard, le jour où une mère vieillissante a brisé le tabou. Ou lorsqu'ils ont pu, enfin, consulter leur dossier personnel à l'Assistance publique française, à partir des années 1990. Les enfants nés à Wégimont parlant en général le français, ils ont, en effet, été envoyés arbitrairement en France en 1946. Ces dernières années, quelques-uns sont partis à la recherche d'une mère, belge, et d'un père, en général allemand, a priori membre de l'Ordre noir de Heinrich Himmler, chef de la Gestapo, "architecte de la Solution finale" et fondateur des maternités SS.

Vivants symboles de la Collaboration

Toutefois, jusqu'aux années 1980, l'existence de l'organisation Lebensborn ("Fontaine de vie", en vieil allemand), la structure des nurseries SS, est largement considérée comme une rumeur en Allemagne. En 1985, Georg Lilienthal, un jeune historien spécialiste de l'eugénisme nazi, consacre une thèse au sujet, mais elle ne retient pas l'attention des journaux. Il faudra attendre sa réédition en collection de poche, en 1994, pour que la question émerge enfin sur la place publique.

Certains des 9 000 SS-Kinder allemands sortent alors du silence. En Norvège, premier pays où les nazis ont exporté le projet à partir de 1942 - ils y ont ouvert une dizaine de centres, quelques-uns des 12 000 Tyskungar ("enfants de Boches", en norvégien) osent réclamer justice au tournant des années 2 000. Car ces vivants symboles de la collaboration ont été l'objet de sordides vengeances après la guerre.

Un pan oublié de l'histoire

La maternité SS de Wégimont, en Belgique, et celle de Lamorlaye, près de Chantilly, au nord de Paris, constituent l'autre pan, encore plus oublié, de cette histoire ahurissante. Un historien français, Marc Hillel, a consacré quelques pages à ces lieux fantômes dans Au nom de la race (1975). Mais le destin des gosses rapatriés en France après la guerre était à peine évoqué dans ce livre. L'auteur s'était surtout lancé sur la piste des responsables SS, toujours en vie à l'époque.

Jugés en 1948 lors des procès de Nuremberg, quatre des chefs de file de l'organisation L (pour Lebensborn) ont été libérés à l'issue des audiences. Ils ont convaincu le tribunal que les maternités étaient une "£uvre de charité". Seule leur appartenance à la SS sera finalement sanctionnée. Le général Max Sollmann, administrateur en chef, le médecin-chef Gregor Ebner, un intime de Himmler, et Günther Tesch, directeur du département juridique, tous trois détenus depuis 1945, ont été relâchés, leur peine étant purgée. Inge Viermetz, l'assistante de Sollmann et première responsable de la maternité de Wégimont, elle, sera tout simplement acquittée. La nature criminelle de ce que les enfants des nurseries SS ont subi n'est donc pas établie au yeux des Alliés. En 1945, dans les décombres de l'Europe, ces orphelins sont quantité négligeable.

La plupart des enfants du Lebensborn n'ont jamais retrouvé leurs parents naturels. Après la guerre, les petits ont été confiés à des services sociaux, placés dans des orphelinats, dans des familles d'accueil, en Allemagne, dans le pays d'origine de leur mère, et jusqu'au Canada ou en Australie. Certains ont été adoptés. Beaucoup se sont fait traiter, un jour ou l'autre, d'"enfant de la honte" ou de "sale Boche". Sans bien sûr pouvoir comprendre ce qui leur était reproché.

Commentaires

  • reprise ne réussit que trop bien .

  • J'ignorais l'existence de ce centre en Belgique.
    Au moins, ces enfants ont survécu. En France, leurs mères auraient été avortées et certainement tondues à la "libération" !

  • Vous y croyez vraiment à ces histoires ?

  • Oui. J'ai vu des photos, lu des articles sérieux sur le sujet. Mais je ne crois pas du tout à une "fabrique d'Aryens"! Ca, c'est l'invention des médias pour faire frissonner les lecteurs... - Ces "Lebensborn", c'était un peu comme l'institution de la Mie de pain à Paris pour les jeunes mères célibataires attendant un bébé. La mère reste avec son bébé, apprend à le soigner, bref elle n'est pas abandonnée, jetée à la rue et son enfant mis dans un orphelinat ou en "famille d'accueil".

  • J'ai lu en diagonale tant ces éternelles histoires de bonne femme m ' indisposent, mais apparemment ces centres étaient ce que l ' on appelle des orphelinats, où des mères déposaient des enfants non désirés, non ?
    La véritable expérience raciale est en train de se dérouler en ce moment en Europe.

  • En tous les cas, c'était mieux que le Planning familial! Mère et enfant y étaient bien soignés et protégés.

  • Je suis d'accord avec vous Gaelle!
    On peut penser et dire ce qu'on veut, mais le terrible moustachu aimait les enfants.

  • Oui, il aimait les enfants - et aussi les bêtes, la nature. C'était un païen.

  • A ce que je comprends de cet article, intuitivement certains avaient compris les dangers qui pesaient déjà sur la race blanche et, on le voit aujourd'hui, ils avaient tout à fait raison.

  • Gaëlle Mann > Je suis d'accord, les Lebensborn en tant qu'organisation charitable, oui, mais pas présentés comme dans l'article. J'avais l'impression, puisque vous n'y avez ajouté aucun avertissement, que vous adhériez à ces histoires de romans de gare.

  • Je ne mets jamais d'avertissement, c'est peut-être un tort. Mais je pense que mes lecteurs ont assez de sens critique et de jugement pour se faire une idée par eux-mêmes.
    Avec ces Lebensborn, on n'est pas dans "Le meilleur des mondes", loin de là! Une jeune femme enceinte, non mariée (il faut tenir compte aussi de l'époque) pouvait trouver une maison d'accueil pour accoucher tranquillement, loin de l'opprobre, de la misère, du rejet... Elle y élevait son bébé si elle voulait, certains de ces enfants vus en photos avait 4, 5 ans! On lui évitait ainsi un avortement de" désespoir". On aidait les mamans à trouver un emploi si besoin était.
    Non, ce n'est pas un roman de gare!, mais une bonne œuvre pour les femmes et les enfants. Le "social" avait beaucoup d'importance en Allemagne à cette époque, et pour cause.

  • " Das Kind adelt die Frau "
    Pourquoi ne serait-ce pas vrai ?

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