Aujourd'hui, les petits Flamands connaissent davantage Halloween que notre Sire Halewyn …connu de tous leurs ancêtres ! Signe des temps !
Dans ses Chants populaires des Flamands de France, Edmond De Coussemaker cite ce chant (vidéo ci-après), comme étant l’un des plus populaires de la Flandre, et l’un des plus anciens qui nous soient parvenus, remontant aux temps les plus antiques de notre histoire. Ce que confirme le grand historien Kervyn de Lettenhove.
La chanson évoque le terrible Sire Halewyn dont la chanson envoûtante attirait dans la forêt toutes celles qui l'entendaient. Il attirait ainsi les plus belles filles pour les pendre au gibet.
Un jour elle fut entendue par une fille de roi beaucoup aimée de ses parents. Elle supplia ces derniers de la laisser partir pour rejoindre Halewyn. Essayant de la dissuader en vain, son père finit par lui dire : « Il m’importe peu où tu ailles, pourvu que tu conserves bien ton honneur et portes droit ta couronne ». Aussitôt, elle se vêtit de ses plus beaux atours, mit une couronne d’or sur ses beaux cheveux blonds, choisit le meilleur coursier dans l’écurie de son père, et en sonnant du cor, chevaucha à travers bois jusqu’au château d’Halewyn.
Dès qu’il la vit, Halewyn la salua et chevaucha à ses côtés jusqu’à ce qu’ils arrivent près d’un gibet où pendaient maints cadavres de femmes. Sire Halewyn lui dit alors : « puisque tu es la vierge la plus belle, choisis ta mort : le moment est venu ». « Eh bien, je choisis le glaive ! Mais ôte ta tunique afin de ne pas être aspergé de mon sang ! » La fille du roi avait mis au point une ruse. Avant que sa tunique soit retirée, la tête d’Halewyn roula à ses pieds. Mais cette tête parlait toujours et cherchait à convaincre la princesse de lui mettre un onguent magique sur son cou ensanglanté. La fille du roi connaissait la ruse et n’en fit rien. Elle prit la tête d’Halewyn par les cheveux, la lava dans l’eau claire d’une fontaine, monta sur son coursier, et en chantant et en jouant du cor elle traversa la forêt, non sans montrer au passage la tête d’Halewyn à la mère de ce dernier.
Quand elle arriva au château de son père, une grande joie se répandit. On fit un festin et la tête d’Halewyn fut posée au milieu de la table.
On retrouve ce terrible brigand, parfois désigné sous le sobriquet « Allowin » (qui prend tout) à l’origine de Gand. Il ne put résister à l’éloquente parole d’Amandus (St Amand) et le supplia de le recevoir au nombre de ses disciples. Ce dernier le conduisit au pied de l’autel de St Pierre, et là, après avoir fait tomber sa barbe et sa chevelure (c’était probablement un Saxon païen), il l’admit dans la milice chrétienne. Le farouche Allowin devint le doux Saint Bavon, patron de la ville de Gand.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bavon_de_Gand
Nous retrouvons enfin le même Allowyn/Hallewyn à l’origine de la ville de Dunkerque, où là, c’est St Eloi qui le remit dans le droit chemin. Les Dunkerquois en ont fait le célèbre Géant du carnaval.
Ces légendes, véritables livres d’histoire pour qui sait les déchiffrer, comme celle de Lydéric et Winhard (Phinaert) à Lille, ne seraient-elles pas des récits d’origine franque et chrétienne pour montrer la victoire de ces derniers sur le rude peuple saxon resté farouchement païen et constitutif en grande partie du socle des Flamands du Westhoek (cf.: les Kerles) ? C’est toujours le vainqueur qui écrit l’histoire…et ses belles légendes !
PS : A l’époque, on parlait d’ « invasions barbares. » Aujourd’hui de « vague migratoire ». Signe des temps !
Mais le mieux est d’écouter cette magnifique complainte chantée par le groupe RUM…c'était dans les années 75/80…Souvenirs ! Souvenirs !
https://www.youtube.com/watch?v=zYdvHbtpveU
Les paroles en flamand sur Wiki : https://nl.wikipedia.org/wiki/Heer_Halewijn_zong_een_liedekijn
Une autre version, très différente:
https://www.youtube.com/watch?v=GKxfqVhJzGw
(merci à Dirk)
Commentaires
ADDENDUM et précisions :
Il n’y a aucun rapport entre Halloween et Allowyn/Hallewyn autre que l’homonymie
C’était l’occasion pour moi dans ce petit article de rappeler une de nos belles légendes. Nos contrées du nord ont été les dernières à être évangélisées. Les plus anciennes chroniques et les légendes flamandes (il en existe d’autres sur la même thématique) retracent sous une forme symbolique ces conflits sanglants entre les Francs, tôt christianisés et détenteurs du pouvoir et la population autochtone des campagnes, composition hétéroclite de peuples germaniques majoritairement saxons, restés attachés à la religion traditionnelle (dite « paganisme »). Bien sûr, ces derniers sont présentés comme des barbares, cruels, rustres, grossiers, querelleurs…jusqu’à ce qu’ils rencontrent la grâce au contact d’un « saint », ou qu’ils soient vaincus, puis qu’on en fasse des fondateurs de cités.. Cf. : la légende de Lydéric, un Saxon christianisé et rallié aux Francs, 1er Gouverneur de Flandre , tuant en combat singulier Phinaert (francisation de Winhard, patronyme typiquement saxon). Lydéric est le héros tutélaire de la ville de Lille qui possède un Géant et une rue à son nom.
Pour écouter la magnifique ballade (impossible à ouvrir sur l’article précédent), allez sur Google et tapez : RUM Heer Halewijn
https://www.google.fr/search?rls=aso&client=gmail&q=RUM+heer+hallewyn&authuser=0&gws_rd=cr&ei=zroYWNm9MoShUd7_r-AF
Ou l’autre interprétation (avec les paroles originales), tapez simplement : Heer Hallewijn
https://www.youtube.com/watch?v=GKxfqVhJzGw
Merci pour votre intérêt !
J'i écouté cette ballade, très belles et envoûtante en effet. Mais il est dommage qu'il n'y ait pas de traduction en français...
Le Sire effrayant de Hellewyn me fait penser à Barbe-Bleue! Un serial killer!
J'aime beaucoup les Contes anciens, de Ma Mère l'Oye.
Très germanique, le conte de Blanche-Neige, qui me faisait terriblement peur!
Amitiés et merci.
à notre époque , ce sont les sirènes Mondialistes qui donnent le ton . . .avec comme refrain : tolérance , repentance et ouverture sur l,autre . . .!!
salutations.