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  • Stratégie électorale du FN : on ne changera pas le plomb en or…

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    L’enthousiasme, ça se vit, ça ne se décrète pas.


    Conseiller départemental Front National de Vaucluse, conseiller municipal de Carpentras

     
     
     

    La lettre de Florian Philippot aux membres du groupe de travail « Thématiques de campagne », publiée dans Le Figaro le 18 juillet, a le mérite de clarifier le corpus idéologique du projet politique voulu par le vice-président du Front national. Il constitue également une justification des orientations qu’il a impulsées en matière de communication et de stratégie, domaines dont il a la charge au sein du mouvement, et qui ont contribué pour partie aux mauvais résultats des élections présidentielle et législative.

    Alors qu’on serait en droit d’attendre une autocritique sur le fond, puisque les derniers scrutins ont été un échec, c’est une remise en cause de la forme qui est proposée, avec pour ligne directrice le maintien de la sortie de l’euro, doctrine qui ne peut souffrir aucune critique et qui, selon son concepteur, n’aurait pas pesé dans la défaite. Voire…

    Puisqu’il est question de communication et de stratégie, posons quelques constats.

    1) Alors que Marine Le Pen a commencé sa campagne avec des intentions de vote proches de 30 %, elle n’a cessé de perdre des points, semaine après semaine, pour passer sous la barre fatidique des 20 %, sans que ceux chargés de la stratégie et de la communication ne corrigent en temps voulu ce qui devait être corrigé pour mettre un terme à cette dégringolade.

    2) Tandis que ceux qui ont fait une campagne de terrain, en marge des plateaux de télévision et autres « médias qui nous sont hostiles » (pour reprendre une formule consacrée), ont très clairement reçu comme message que la souveraineté monétaire n’est pas la priorité des électeurs, de sorte qu’ils ont été plus qu’agacés d’entendre cette antienne à longueur d’émissions : cette abstention sans précédent (et particulièrement parmi nos sympathisants) en a été la conséquence.

     

    3) « L’autre aspect ravageur pour l’opinion publique est le sentiment de reniement, et de légèreté, que nous donnerions » [en abandonnant la sortie de l’euro], nous explique l’élu mosellan. Or, c’est le contraire qui s’est produit puisque nos électeurs nous ont reproché notre obstination sur cette thématique, le premier tour de la présidentielle ayant constitué à cet égard une sorte de référendum sur ce sujet rejeté massivement par les Français.

     

    4) Nos électeurs nous attendaient en 2017 sur les questions d’immigration, de sécurité et de lutte contre l’islamisme car ce sont les préoccupations du moment : c’est factuel, c’est concret, ça n’appartient pas au passé mais à un présent brûlant.

    5) La référence appuyée au rendez-vous manqué des régionales de 2015 pour démontrer que la question de la sortie de l’euro serait étrangère à cette contre-performance est inappropriée puisqu’en PACA, on sait que ce projet a fait fuir l’électorat senior inquiet pour ses retraites.

    Mais, une fois de plus, la stratégie proposée par celui qui en a la charge ne changera pas le plomb en or électoral. De manière schématique, il nous est proposé de faire du Mélenchon sur les questions sociales et du libéral-libertaire sur les sujets sociétaux afin d’entrer dans la « modernité ». En d’autre termes, il est proposé de privilégier l’horizontalité matérialiste à la verticalité des principes, dans le but de récupérer davantage de parts de marché électoral, quitte à être dans le vent quand l’exigence de vérité appelle à être à contre-courant. L’exemple de l’IVG retenu par l’auteur est, à cet égard, symptomatique : un acte grave dépénalisé sous certaines conditions est présenté comme un droit libérateur qui ne peut être sujet à critique au risque d’être traité de réactionnaire. Pourtant, et en dehors de toute considération morale ou religieuse, 200.000 avortements par an est un constat d’échec en termes de santé publique et de politique familiale, et il est du devoir du politique de faire en sorte d’en diminuer le nombre dans le cadre d’un projet de société positif.

    La politique ne peut se limiter au maniement de concepts désincarnés : c’est un engagement humain qui exige de faire montre d’empathie, avec pour seule boussole la recherche du bien commun. L’enthousiasme, ça se vit, ça ne se décrète pas.

    BV

    NdB: N'oublions non plus que le départ  de Marion Maréchal-Le Pen n'a pas été fait pour rassurer les électeurs, qui mettaient en elle leur confiance, admirant son charisme, son intelligence et son intuition politique au sein du FN et face aux adversaires du parti.
     

  • Dunkerque: la guerre réduite à un jeu vidéo (un film de Christofer Nolan)

     n catastrophe de trois cent mille soldats britanniques et français menacés d'être capturés par  de commentaires dithyrambiques sur l'oeuvre et son auteur. Immense succès populaire aux États-Unis avec les recettes correspondantes.

    Les critiques français, d'ordinaire réservés, applaudissent à tout rompre, à l'exception de Jacques Mandelbaum(Le Monde) et Geoffroy Caillet (Le Figaro) qui critiquent l'approche de l'Histoire par le cinéaste Christopher Nolan, immortel adaptateur de Batman au cinéma.  

    Le film a un avantage. Il peut se résumer à la bande-annonce (très bien faite). Si l'on a vu celle-ci, on ne gagnera rien à aller voir la version intégrale. Son déroulement (le mot scénario serait présomptueux) tient en quelques mots :

    Un soldat court dans une ville déserte, poursuivi par des tirs venus d'on ne sait où. Il débouche sur une grande plage où attendent de longues files de soldats semblables à lui. Tout d'un coup, le sifflement d'un avion en piqué, les soldats courent dans tous les sens et se jettent à terre ; certains ne se relèvent pas. L'avion disparu, les survivants reprennent la queue et se hissent dans des bateaux. Tout d'un coup, le sifflement d'un avion en piqué, un bateau est touché, les soldats tombent à l'eau, certains en sortent, d'autres pas. Les rescapés reprennent la queue et se hissent dans des bateaux etc.

    Au-dessus de ce manège, un pilote garde l'oeil sur sa jauge de carburant et de temps en temps abat un avion ennemi ; à la fin, à court de carburant, il se pose sur la plage, enfin débarrassée de tous ses soldats. Fin du film.

    N'oublions pas la touche sentimentale : un plaisancier anglais, sage d'entre les sages, traverse le détroit avec son fils pour aller secourir les valeureux soldats. Et la touche superstar : Kenneth Branagh soi-même en costume marin (amiral ?), immobile au bout d'une jetée, l'oeil rivé sur l'horizon et les falaises. Peu probable qu'il recueille un Oscar pour cette prestation.

    Aucun personnage n'a de profondeur psychologique. Le seul d'ailleurs dont on donne le nom (Gibson) est un soldat français qui a volé l'identité d'un Anglais mort (salaud de Français).

    Figurants et acteurs de premier plan s'agitent les uns et les autres tout au long du film pour échapper à la mitraille des avions ennemis et à la noyade (sauf Kenneth Branagh, aussi immobile qu'un cormoran au soleil). 

    Une absente : l'Histoire

    Voilà donc le chef-d'oeuvre qui fait la quasi-unanimité du public et des critiques. Au fait, s'agit-il d'une fiction ou d'un événement en rapport avec la réalité ? On n'en saura rien.

    Le film est complètement étranger à l'Histoire et à ses enjeux. Ainsi n'est pas désigné une seule fois l'ennemi (la Wehrmacht, les Panzers de Guderian, la Luftwaffe, Hitler...). S'agirait-il de ne pas froisser le public allemand ?

    La chronologie et le contexte sont totalement absents. Sait-on même qu'on est dans la Seconde Guerre mondiale ? à son tout début ?... C'est tout juste si l'on cite deux ou trois fois le nom de Churchill sans prendre la peine de préciser sa fonction.

    Et ne parlons pas du rôle ridicule attribué aux Français. Jacques Mandelbaum l'a suffisamment dénoncé dans son excellent article du Monde.

    La guerre n'est pas un jeu vidéo

    Après tout, direz-vous, est-ce si grave ? L'important n'est-il pas que le public et en particulier les jeunes spectateurs découvrent l'existence de ce morceau d'Histoire ?

    On peut travestir l'Histoire en un « roman national » façon Alexandre Dumas ou Malet et Isaac, de façon que chacun puisse s'identifier à ses acteurs et rêver avec eux. Mais ce que l'on reproche à Dunkerque n'est pas un simple travestissement de la réalité, c'est bien plus gravement l'absence de récit et la réduction de l'événement à des sensations reptiliennes (images et sons).

    Craignons que cette vacuité et le succès qui l'accompagne soient le reflet de notre époque, qui a oublié que la guerre est autre chose qu'un lot de souffrances individuelles sans cause ni motif. C'est un drame collectif avec à sa racine des erreurs et des malveillances qu'il importe de connaître pour mieux les éviter. De cela le film à grand bruit de Christopher Nolan ne dit strictement rien. Il se déroule comme un jeu vidéo sans commencement ni fin. On joue, c'est tout. 

    N'est-ce pas aussi la direction que prennent les guerres du futur ? À deux pas d'Hollywood, sous les collines du Nevada, de jeunes gens en uniforme pianotent sur des écrans. Ils pilotent des drones opérant en Afghanistan ou au Yémen. Touché ! Cent ennemis liquidés d'un coup. Les participants d'une noce ? Tant pis, on fera mieux la prochaine fois.

    André Larané

    Publié ou mis à jour le : 2017-07-21 10:19:14

    HERODOTE.NET

    (Merci à Dirk)

  • À Istres, les applaudissements tièdes des militaires pour Emmanuel Macron - La charge de Christophe Castener

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    REPORTAGE - Après la démission du général Pierre de Villiers, le président de la République s'est rendu jeudi sur la base militaire d'Istres. Dans le même temps, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a vivement critiqué l'ancien chef d'état-major des armées.

    De notre envoyé spécial à Istres

    Le convoi du président sort de la «zone rouge», ce jeudi 20 juillet. Le périmètre ultraprotégé qui abrite, au sein de la base aérienne BA125, les têtes de missile de la dissuasion nucléaire. Sortant de sa voiture, Emmanuel Macron s'avance à pied sur le tarmac inondé de soleil. Il passe entre les carlingues sombres de deux C135, avions de transport. Il s'approche d'une centaine de militaires, rassemblés pour l'occasion au milieu de la piste. Flanqué du nouveau chef d'état-major des armées, le général François Lecointre, Emmanuel Macron affiche fièrement le nouveau duo de la chaîne de commandement. La ministre des Armées, Florence Parly, suit, quelques mètres derrière.

    Le calendrier tombe à point nommé. Cette visite était prévue de longue date. Elle fait partie d'une tournée des lieux stratégiques. Le 4 juillet, le président s'était rendu sur la base de sous-marins de l'Ile-Longue. Sauf que cette nouvelle rencontre revêt cette fois un sens bien particulier, dans le contexte de la démission du général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées (Cema).

    «Le chef d'état-major a été déloyal dans sa communication, il a mis en scène sa démission»

    Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement

    Juché sur une petite estrade, le président de la République s'empresse de rassurer des troupes encore sonnées par la crise de ces derniers jours. De les cajoler. De flatter leur fierté. «Je suis très content d'être là. Je tenais à vous remercier pour l'accueil que vous m'avez réservé.» Il insiste sur son «estime», sa «confiance», le rôle fondamental de la mission de ces soldats, qui l'écoutent poliment. Il promet de mieux prendre en considération la place des familles des soldats. Et annonce, pour cet automne, une remise à plat de la «stratégie opérationnelle» des armées.

    Pendant l'allocution, les militaires observent de près leur nouveau patron, silhouette longiligne et chevelure blanche. Le général Lecointre se tient debout derrière l'orateur. Il affiche un visage impassible, le regard droit, indéchiffrable. Peut-être fixe-t-il l'avion Awacs avec sa tour de contrôle et les Mirage 2000 qui sont stationnés. «Mon général, lui lance le président, je veux saluer votre exceptionnelle carrière opérationnelle.»Le quatre-étoiles s'est notamment illustré pendant le conflit au Kosovo. Au passage, Macron rend hommage à son prédécesseur: «Le général de Villiers a souhaité passer la main. C'est son choix», enchaîne le président, saluant «un grand soldat».

    Des paroles apaisantes, qui ne doivent pas faire illusion. En coulisses, l'exécutif n'a guère apprécié de voir le Cema claquer la porte avec fracas. Quand le général a remis sa démission une première fois, lundi 16 juillet, l'Élysée lui a demandé de bien vouloir patienter «48 heures». Histoire de trouver le nom de son remplaçant. Ce qui a été le cas, le 19 juillet. Mais le communiqué de démission et le mot d'adieu sur Facebook du général Pierre de Villiers ne semblent pas avoir été appréciés. «Le chef d'état-major a été déloyal dans sa communication, il a mis en scène sa démission», s'insurge le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.

    Mécontent, le ministre poursuit sa charge: «Son départ n'a rien à voir avec son audition par la commission de la défense, le 12 juillet, même si Pierre de Villiers aurait pu s'imaginer que ses propos allaient fuiter, à moins de manquer d'expérience.» Et d'ajouter: «C'est son comportement qui a été inacceptable. On n'a jamais vu un Cema s'exprimer via un blog, ou faire du off avec des journalistes ou interpeller les candidats pendant la présidentielle, comme cela a été le cas. Il s'est comporté en poète revendicatif (sic). On aurait aimé entendre sa vision stratégique et capacitaire plus que ses commentaires budgétaires.»

    «Je ne laisserai personne dire que tel ou tel choix budgétaire se fait aux dépens de forces, de votre quotidien, de votre sécurité, c'est faux»

    Emmanuel Macron

    À Istres, en tout cas, le président s'est voulu rassurant, y compris sur la question brûlante du budget des armées. «Je ne laisserai personne dire que tel ou tel choix budgétaire se fait aux dépens de forces, de votre quotidien, de votre sécurité, c'est faux.» Emmanuel Macron ne remet pas en cause, pour autant, les 850 millions de coupes budgétaires prévues pour cette année. Cependant, il assure que la pression sera moindre l'an prochain. Dès 2018, «nous augmenterons notre effort de défense». Le budget montera à «34,2 milliards d'euros». «Cette augmentation dans une année où aucun autre budget que celui des armées ne sera augmenté est inédite», précise le locataire de l'Élysée. Une petite phrase qui ne devrait pas passer inaperçue dans les autres ministères… En voulant rassurer la «grande muette», Emmanuel Macron prend le risque d'allumer d'autres foyers d'inquiétude…

    Le discours se termine. Quelques applaudissements sans enthousiasme retentissent. La Marseillaise retentit. Emmanuel Macron salue quelques militaires, puis remonte en voiture. Pendant ce temps, le pupitre du président et les drapeaux officiels sont chargés sur un chariot de l'armée, qui file vers un hangar. Les soldats retournent à leur poste. En quelques instants, la piste s'est vidée. Un militaire glisse: «On ne siffle pas notre chef. C'est notre chef, on le respecte.»

    Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 21/07/2017. Accédez à sa version PDF en cliquant ici

  • JOURNAL TVL DU 21 JUILLET 2017

  • Séminaire du Front national : la grande explication

     

     

    Marine Le Pen réunit jusqu'à samedi ses troupes en séminaire. Objectif : amorcer la transformation du parti.

    L'acte I de la transformation «profonde» du Front national débute ce vendredi, à Nanterre, où une quarantaine de cadres du mouvement se retrouvent au siège pour un séminaire. Ce brain strorming de deux jours doit préparer la consultation inédite des adhérents prévue en septembre, ainsi que le 16e congrès de mars 2018.

    Après deux défaites électorales, Marine Le Pen a promis du changement. Du nom du parti à son organisation interne, elle veut amorcer les mutations qui permettraient de garantir l'avenir d'un «très grand mouvement politique français», comme elle l'a expliqué le 4 juillet sur France Info. Malgré le volontarisme de cette démarche, également destinée à rassurer les troupes frontistes avant les grandes vacances, plusieurs sujets brûlants devraient être évoqués au séminaire et nombre de frontistes attendent de vrais changements.

    En coulisses, deux camps s'affrontent. Cette querelle entre anciens et modernes oppose les partisans d'un retour aux fondamentaux, guidés par l'union des droites, aux apologistes de l'ouverture élargie, toujours attachés à la souveraineté monétaire.

    Si certains participants abordent cette grande explication avec scepticisme, d'autres la jugent essentielle pour l'avenir

    Si certains participants abordent cette grande explication avec scepticisme, d'autres la jugent essentielle pour l'avenir. «Des sujets de fond sont posés et Marine Le Pen va devoir trancher», estime un cadre en attente d'«un nouveau cap» et d'«une nouvelle stratégie politique». Parmi les économistes du FN, ceux qui avaient pensé la sortie de l'euro comme mesure phare du projet frontiste, tels Bernard Monot et Jean-Richard Sulzer, ont pris acte du rejet de cette mesure par les Français. Aujourd'hui, ils jugent urgent de sortir d'une «impasse politique». De leur côté, des personnalités comme Florian Philippot et l'économiste Philippe Murer persistent à défendre la sortie de l'euro. Elle doit rester la clef de voûte du souverainisme FN, affirment-ils. Contesté en interne, Philippot a exposé sa vision de la refondation. Dans une contribution révélée par lefigaro.fr , il a mis en garde le mouvement contre une «dangereuse facilité»et une «erreur fatale» qui consisterait à se «restreindre» sur les fondamentaux tels que l'immigration, l'insécurité et l'islamisme. «Tout faux», lui répondent ses opposants, encore écœurés par l'échec des législatives et le «boulevard manqué» d'un scrutin où ils avaient misé sur l'électorat de droite.

    Plusieurs cadres ont en outre laissé entendre que si la réflexion générale devait se transformer en simple opération cosmétique ils n'hésiteraient pas à exprimer leur désaccord au lendemain du séminaire. Certains exigent un changement radical de ligne politique. Ils pensent que des sujets comme la sortie de l'euro ou le Frexit ont éloigné le FN de son socle électoral.

    Au milieu de la bataille, Marine Le Pen, en position pour le moins inconfortable, a tenté de calmer les colères. Elle a haussé le ton, exigé la discipline et réclamé la discrétion sur les divisions internes. Si elle admet l'impasse de la sortie de l'euro, elle ne veut pas renoncer au discours souverainiste. Elle cherche les moyens de rassembler plus largement mais elle s'interroge sur la bonne stratégie.

    «Présidentialité» de Marine Le Pen

    Au-delà de cette question complexe à résoudre en raison des rapports politiques et humains qu'elle entretient avec ses différents et divergents collaborateurs, la présidente du FN ne peut pas ignorer une autre interrogation, qui ne sera pas explicitement posée lors du séminaire, mais qui revient de plus en plus en coulisses: quel est le niveau de «présidentialité» de l'ex-candidate à la présidentielle, notamment après son débat raté de l'entre-deux-tours face à Emmanuel Macron?

    Selon Jean-Marie Le Pen, les sportifs de haut niveau ont un droit à l'erreur. Si son leadership n'est pas menacé au sein du mouvement, Marine Le Pen entend des voix lui conseiller de prendre du champ, pour mieux préparer 2022. À peine élu, Emmanuel Macron a anticipé cette échéance présidentielle comme une menace. «Le Front national dans cinq ans sera redoutable, ayant fait ses mues, si nous n'avons pas bien présidé, bien gouverné», avait-il déclaré dans un documentaire diffusé le 11 mai sur France 2. Une analyse que partage Marine Le Pen et à laquelle elle veut croire. La refondation du Front national, qui débute ce week-end, n'a d'ailleurs pas d'autre finalité que de replacer un parti politique fragilisé en situation de conquête.

    Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 21/07/2017. Accédez à sa version PDF en cliquant ici

  • Paris n’est plus vraiment Paris

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    Paris-Plages

     

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    En quelques décennies, Paris est devenue une ville sans mystères. Toujours plus citoyenne, écologique, sportive et participative, la capitale devient, comme le dit sa maire, une «ville pacifiée».

    Je ne sais pas qui a dit que Paris serait toujours Paris, mais il s’est sacrément planté. Il aura fallu quelques décennies de grands projets, d’expérimentations urbaines et d’idées fumeuses pour transformer presque complètement la ville de Gavroche et de Proust en terrain de jeux pour bobos innovants et touristes pressés. Philippe Muray, qui est certainement l’un des meilleurs chroniqueurs des saccages parisiens de la fin du XXe siècle (et sans conteste le plus drôle), observait que « la plupart des choses nouvelles, de nos jours, se cachent derrière les anciens noms ».

    Bientôt, les humains de dernière génération ne sauront plus qu’il y avait avant, à la place de ce conglomérat de commerces, bureaux et musées, ce simulacre qu’on appelle encore Paris, une vraie ville, pleine de miasmes et d’opportunités, de recoins oubliés et de vitrines éclairées, de possibilités d’intrigues et de promesses de rencontres. « Les sortilèges de Paris, écrit Antoine Blondin, tiennent aux monuments et aux sites, mais également à cette impression, qui vous envahit soudain, au débouché d’une rue banale, que le système nerveux du monde passe par là. »

    Piétons partout, vigueur nulle part

    Peut-on penser sans éclater de rire que « le système nerveux du monde passe par là »quand ce sont des hordes de cyclistes coiffés de leurs casques ridicules qui passent sous vos fenêtres ? Quel cœur palpite sur le boulevard Saint-Michel, principal axe de notre célèbre quartier latin, désert dès 20 heures parce qu’il n’y a plus un bistrot et encore moins de librairies entre les boutiques de fringues ? Et quel sortilège a pu donner naissance au panneau d’information planté place du Panthéon et ainsi rédigé : « Sur le plan du paysage, il s’agit de respecter la conception minérale, tout en la réinventant. Spatialement, la symétrie, les percées visuelles et l’équilibre général de la place sont des équilibres à respecter » ? Ce sortilège-là, comme tous ceux que la machine municipale crache à jets continus, n’a pas grand-chose à voir avec les sortilèges de Paris dont parlait Blondin.

    A lire aussi: Paris est un cauchemar

    En l’occurrence l’irrésistible prose de la municipalité était destinée à vendre le projet de piétonnisation qui, après celle de la République, devait concerner sept places parisiennes. Sans doute faut-il punir encore un peu plus les automobilistes et, au passage, créer partout des lieux où 100 Nuit debout pourront s’épanouir. En présentant le projet, la maire a expliqué qu’il visait à « donner plus de place à celles et ceux qui ont envie de vivre dans une ville plus pacifiée, avec moins de voitures et moins de stress ». En somme, Paris ne veut plus être le système nerveux mais la camomille du monde. Quel progrès. Et si une ville, justement, n’était pas une terre de paix mais une zone de conflits, de fractures, d’antagonismes ? Et si on voulait un peu de voitures et de stress, histoire d’être bien sûr qu’on n’est pas à la campagne ? Quoi qu’il en soit, face à la révolte des habitants du Ve, emmenés par la maire de l’arrondissement Florence Berthout, l’Hôtel de Ville a prudemment retiré le Panthéon de la liste des places à réinventer.

    Paris n’est plus qu’un fantôme en robe de soirée bas de gamme

    Je vous vois venir. Vous vous demandez de quels saccages il est question, alors que Paris est devenue l’une des premières destinations touristiques au monde ? C’est bien le problème et il ne tient pas seulement aux centaines d’autocars qui sillonnent la ville et stationnent sur ses plus beaux sites sans se soucier d’ailleurs de la religion municipale sur la pureté de l’air que nous respirons.

    Tout d’abord, les défenseurs du patrimoine le savent, derrière quelques sublimes vitrines de l’art français, une grande partie du patrimoine parisien, celle qui n’est pas visible des Bateaux-Mouches mais que l’on découvre en flânant ou en poussant la porte d’une église, est abandonnée, menacée d’être détruite et remplacée par des résidences de luxe ou des logements sociaux, quand elle ne fait pas l’objet d’une demande de surélévation, la dernière mode des architectes. C’est ainsi que, passant outre l’avis de la Commission du Vieux Paris, instance consultative qui se prononce sur les demandes de permis de construire, la mairie a autorisé la construction de plusieurs étages au-dessus d’une façade Art déco, rue Marcadet. Décision d’autant plus atterrante, souligne un membre de la commission, que le bâtiment bénéficiait de la protection de la ville, créée lors de l’adoption du nouveau PLU (Plan local d’urbanisme) en 2016.

    Surtout, une ville qui ne cesse de s’apprêter pour les touristes, pour les supporters qui en sont l’un des avatars les plus destructeurs, ou pour les fashion-weekers, fait penser à une femme qui ne sortirait qu’en tenue de soirée et outrageusement maquillée. Au début, on trouverait peut-être cela charmant ou audacieux, mais très vite ce serait lassant, on aurait envie de voir son vrai visage, de pouvoir y déceler les traces du temps. Eh bien, j’en ai assez de voir Paris en tenue de soirée, d’autant plus que c’est plus souvent du bas de gamme que de la haute couture. J’ai envie de voir Paris en bleu de travail, parfois même en tenue d’intérieur, habillée juste pour vous et moi.

    Il ne reste à Paris que des riches, et quelques pauvres pour les servir

    Admettons, mais on ne va pas interdire la plus belle ville du monde aux touristes. Nul ne songe à commettre un tel crime contre l’humanité, qui déclencherait à coup sûr une action armée contre la France. Du reste, ça ne changerait pas grand-chose. Muray, encore lui, pardon, a parfaitement saisi que la transformation de la ville avait entraîné la mutation des habitants. Évoquant la victoire de Bertrand Delanoë à la Mairie de Paris, en 2001, il écrivait : « Delanoë n’a mis la main que sur des ruines où les derniers humains rasent les murs et où ceux qui se montrent si fiers de vivre sont de toute façon des touristes. » La transformation urbaine a-t-elle produit une nouvelle humanité ? En tout cas, en un siècle Paris a été le théâtre d’un véritable grand remplacement. Repoussées vers les faubourgs par Haussmann, les classes populaires avaient quasiment quitté Paris à la fin des années 1950, souvent attirées, il est vrai, par la modernité de la banlieue. Depuis, seuls les bénéficiaires de logements sociaux ont pu revenir – comme le dit Guilluy, il faut bien du petit personnel pour faire tourner la machine et garder les enfants des cadres. Les classes moyennes, qui n’ont pas accès aux HLM, ont pratiquement disparu. Pour faire court, donc un brin caricatural, il reste à Paris des riches et des pauvres pour les servir.

    Ce changement de peuple parisien vient de loin, de plus loin en tout cas que l’arrivée à l’Hôtel de Ville d’héritiers de Jack Lang. En 1966, quand Louis Chevalier, professeur au Collège de France publie Les Parisiens, il parvient encore, en évitant de passer à proximité des grands chantiers comme celui des Halles, à croire que quelque chose du Paris d’avant résistera. Dix ans plus tard, il publie L’Assassinat de Paris. Et en 1985, en avant-propos à la nouvelle édition de l’ouvrage, il observe avec mélancolie « la disparition, l’effacement dans les souvenirs, dans les esprits, l’engloutissement dans les abîmes de l’oubli de ce qui était hier encore “la ville merveilleuse” que vante La Bruyère, “la ville des villes“ de Victor Hugo », et conclut : « Une rupture avec le passé comme je n’en connais pas d’autre dans l’histoire de Paris. » C’est qu’en vingt ans, avec leurs dalles hors sol qui ont déchiré le tissu urbain de l’Est parisien à La Défense en passant par le Front de seine, les grands programmes lancés par le préfet Delouvrier (qui voulait, paraît-il, tracer une autoroute allant de la porte d’Orléans à celle de la Chapelle) ont considérablement et irrémédiablement changé la physionomie de la capitale. Il s’agissait déjà, rapporte Jean-Pierre Garnier dans sa postface de 1985, « d’ancrer Paris dans le troisième millénaire ».

    La positivité, nouvelle idéologie parisienne

    C’est à ce moment-là que s’accélère la substitution des nouveaux Parisiens aux anciens, observe Garnier : « C’est, en effet, principalement au profit des “battants” et des “performants”, designers dans le vent, modélistes “in”, architectes d’intérieur “créatifs”, bref “innovateurs” et “ découvreurs” en tous genres de l’ère “info-culturelle”, que s’effectue la “reconquête” de l’Est parisien dans les années 1980. “La France qui gagne”, [….] c’est la France qui gagne de l’argent et qui, à Paris, gagne du terrain en grignotant, îlot par îlot, appartement par appartement, les derniers morceaux qui subsistent du Paris populaire. »La mégalomanie de la table rase a initié la transformation. Le marché a fait le reste, les municipalités ayant surtout, dans le fond, accompagné un mouvement qu’elles n’avaient pas les moyens d’enrayer, en eussent-elles eu la volonté. Il est cependant fâcheux que, sous Anne Hidalgo, la ville ait cédé pas mal de terrains, au risque d’alimenter la spéculation plutôt que de construire elle-même par l’intermédiaire de ses innombrables sociétés d’aménagements comme c’était de tradition à Paris.

    Dans le fond, Delanoë et Hidalgo n’ont fait, que parachever la transformation initiée par d’autres. Mais en mettant des mots sur les idées qui flottaient dans l’air, ils ont inventé l’idéologie qui va avec la nouvelle ville, laquelle a produit la novlangue dont on a vu quelques échantillons. Le cœur de cette idéologie, c’est la positivité. Plutôt que de parler de restauration, ou de simple adaptation, on dira que la ville bouge et surtout qu’elle se réinvente, de même que la Seine, les places ou la vie elle-même. Pour le grand bonheur des promoteurs qui veulent gagner de l’argent, des architectes qui veulent faire un geste architectural, des animateurs culturels qui veulent faire la fête, sans oublier les annonceurs qui rêvent des JO. « Paris, point le plus éloigné du Paradis, n’en demeure pas moins le seul endroit où il fasse bon désespérer », disait Cioran. Paris est désormais un endroit où il faut au contraire espérer, aimer l’avenir, écrire demain. Beaucoup trop près du Paradis, penserait Cioran.

    La végétalisation, nouvelle eldorado

    Mais ne soyons pas bêtement nostalgique, les néo-humains à roulettes sont certainement enchantés par toutes les possibilités que leur offre ce Paris colorisé et remastérisé. Grâce à Paris Plages, ils se sont réconciliés avec la Seine, raconte Muray : « Il paraît que jusqu’alors, le Parisien tournait le dos à la Seine, ses eaux noires moirées de mazout et ses courants d’air. De temps en temps, il s’accoudait au parapet pour regarder un suicidé en train de gagner le large avec nonchalance. C’est tout ce qu’il avait comme distraction. Quel chemin parcouru depuis. Maintenant, il peut bronzer en bordure de concept et s’initier à la fabrication de nœuds marins dans une station balnéaire non figurative où tout est stylisée, le sable, les pelouses, les oriflammes, les nœuds marins, les murs d’escalade, sa propre personne. Exactement comme dans un quartier piétonnier […]. Le réaménagement abstrait du territoire est en train de forger son peuple. » Une fois réconcilié avec son fleuve, le Parisien pourra « favoriser les mobilités douces » en participant à La journée sans ma voiture. Et ils seront des milliers « à investir toutes les rues de Paris, à travers des modes de déplacements et des pratiques à la fois conviviaux et respectueux de l’environnement » – plus que de la langue française, c’est indéniable. Quand ils en auront marre de la convivialité et du respect, ils pourront apporter leur brin d’herbe à la grande entreprise de notre maire à tous, Anne Hidalgo, la végétalisation.

    Attention, c’est autre chose que le prosaïque « espaces verts » ou le classique « parcs et jardins ». À la fois « innovante » et « citoyenne », les deux mamelles du futur désirable, la végétalisation est un projet global, qui consiste à « développer la nature en ville ». Ambition oxymorique si on considère que la ville, précisément, n’est pas la nature – et accessoirement, que nos ancêtres ont dû batailler ferme contre la nature pour édifier des villes. Bien entendu, la nature dont il est ici question n’est qu’un ersatz kitsch de ce que nous appelons nature. Peu importe, chacun peut donc « jardiner sur son balcon ou dans la rue, participer à l’aventure des jardins partagés et de l’agriculture urbaine ». Afin que les végétaliseurs puissent se rencontrer entre eux, la plateforme numérique et collaborative Végétalisons Paris, lancée le 27 juin, jouera le rôle de « réseau social local autour des enjeux de végétalisation ». On aimerait rencontrer les fonctionnaires payés pour pondre un tel salmigondis. « Il faut dire qu’il y a une compétition de précieux ridicules qui s’agitent autour de la maire, raconte un agent des services techniques. C’est à celui qui trouvera l’idée la plus dingue, la plus boboïsante. Et ensuite, c’est nous qui devons assurer la réalisation, l’entretien et la maintenance. » Pour que chacun puisse exercer son imprescriptible droit de jardiner en ville, les mairies d’arrondissements doivent désormais mettre des kits de jardinage à la disposition de leurs administrés. Bien entendu, ces kits, quand ils existent, rouillent dans des coins dont ils ne sortent jamais.

    Peuple de Paris, qu’attends-tu pour te soulever?

    On dépeint souvent le Parisien comme un rebelle, il est d’une surprenante docilité. Certes, la piétonnisation des voies sur berges de la rive droite, qui a considérablement aggravé la congestion de la capitale, suscite plus que des grognements. C’est que la maire a pratiquement fait un coup de force, comme le reconnaît cet agent municipal. « On craignait que Fillon soit élu et qu’il revienne sur la décision de fermeture, alors on a voulu rendre les choses irréversibles. Mais du coup, on n’a pas pu se préparer. » Hormis ce léger ratage (pour lequel la maire me doit les heures de vie perdues dans les embouteillages), les Parisiens ne se révoltent pas plus contre les innombrables fêtes qui occupent bruyamment l’espace public, la nuit de préférence, ou les fan-zones que contre les grands discours merkeliens de la maire qui aboutissent à créer des campements sauvages et insalubres sans que la ville ait l’ombre d’une solution à proposer aux migrants. Notez qu’on leur demande leur avis aux Parisiens. Chaque année, ils doivent décider à quoi servira le budget participatif : 5 % du budget de la ville affectés à des projets proposés et choisis par les citoyens. En 2015, 67 000 personnes ont voté, dont 62 % par internet. Et ce chiffre misérable représentait, triomphe la mission Participation citoyenne qui propose par ailleurs des formations à la parisianité, une augmentation de 67 % par rapport à l’année précédente. Si on ajoute que toute personne sachant lire est autorisée à voter, on mesure l’enthousiasme populaire. Du reste, les mairies d’arrondissement qui sont chargées de l’organiser ont compris le parti qu’elles pouvaient en tirer : « Avec si peu de votes, observe un élu, il suffit de quelques dizaines de voix pour faire passer un projet. Donc on en profite pour faire passer la réfection de nos cours d’école. » Ce qui est nettement moins chatoyant que des « projections de dessins accompagnés de mots d’auteurs jeune public contemporains sur des murs du quartier Mouffetard ».

    Bien sûr, j’exagère. Rome ne s’est pas défaite en un jour. La vie concrète avec ses mystères et ses manigances a encore droit de cité dans la « Ville des villes ». La négativité aussi. Alors peut-être que le peuple de Paris n’a pas dit son dernier mot. Mais soyons honnête, il est peu probable, pour reprendre une formule de Garnier, qu’à la fin le commerce des hommes l’emporte sur le commerce des choses.

    NdB: Un très bel article pour ceux qui se révoltent contre la destruction de Paris et de son âme millénaire.  

  • Des musulmanes à la plage

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    Plage du Prado à Marseille (8ème)

    (Photo prise par PB l'après-midi du 20 juillet 2017)

    NdB: Le problème du burkini semble ici avoir été résolu