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Après les Caraïbes et Cuba, Irma poursuit samedi sa course destructrice vers le sud-est des États-Unis. Des pluies diluviennes et des rafales de vent sont attendues. À Miami, l'inquiétude grandit.
De notre envoyé spécial à Miami (Floride)
Irma semble en avance sur l'horaire. L'ouragan devait frapper la Floride dans la nuit de samedi à dimanche, mais ses prémisses se font sentir avec quelques heures d'avance. Dès midi, samedi, une pluie battante s'abat par intermittence sur Miami. Le vent est fort, le ciel de plus en plus sombre. De larges avenues sont inondées en quelques minutes, jonchées de branches de palme et de débris. De larges flaques se forment, exposant les rares véhicules à des traversées en aquaplaning.
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Vers 13h30, les premiers coups de tonnerre retentissent. À 14 heures, il est clair qu'il ne sera bientôt plus prudent de circuler sous l'orage. Quelques arbres ont déjà cédé sous le vent. Des coupures d'électricité affectent 45000 foyers dans la ville. Les derniers badauds venus se photographier devant la mer agitée plient bagage, encouragés par la police. Un couvre-feu doit entrer en vigueur à 16 heures locales (22 heures en France). «Les gens ne doivent pas circuler pendant la tempête car nous ne pourrons pas leur porter secours», prévient Barbara Sharief, la présidente du conseil de Broward County.
«Je pensais rester chez moi mais maintenant je prends peur»
Les abris - 45 dans l'ensemble de l'agglomération - sont au maximum de leur capacité. Même à la Ronald Reagan Senior High School de Doral, un quartier plutôt cossu solidement construit en retrait de la côte. «Je pensais rester chez moi mais maintenant je prends peur», avoue Lisa Gomez, qui vient de se faire réorienter vers un abri où son chien Bobby serait accepté. «Je sais que je m'y prends trop tard», dit-elle en panique. Lisa n'a ni couvertures, ni eau, ni nourriture, ni même le carnet de vaccination de son setter. Elle a consciencieusement ignoré toutes les consignes martelées depuis des jours par les autorités.
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Les dernières projections du Centre national des ouragans (NHC) voient l'épicentre d'Irma viser Tampa, sur la côte ouest de la péninsule. Cette baie sur le golfe du Mexique n'a pas subi d'ouragan majeur depuis 1921. «La ville avait alors 10.000 habitants, elle en compte aujourd'hui 4 millions, souligne Dennis Feltgen, le porte-parole du NHC. Ça fait une grosse différence. Ils sont terriblement vulnérables là-bas». Vu la taille d'Irma, Miami et le reste de la Floride ne seront pas épargnés pour autant, avec des vents annoncés d'au moins 160 km/h, des pluies diluviennes et surtout une montée de l'océan qui pourrait s'avancer dans les rues sur une partie de la côte.
Dix heures de tempête à forte intensité
Dans les hôtels, pleins comme les refuges, les clients se retrouvent dans le lobby pour regarder la télévision et papoter. «Que faire d'autre», dit Laura Stoltz, une habitante d'Islamorada dans les Keys. Elle est arrivée sur la terre ferme vendredi matin avec son mari Jon et deux couples d'amis. Tous sont retraités, plutôt aisés, leurs enfants vivent à New York ou Los Angeles. Ils s'inquiètent surtout pour leurs jolies maisons sur la plage, «notre petit paradis menacé de disparaître», dit Laura.
Le temps promet d'être long: au moins dix heures de tempête à forte intensité et 36 heures avant de voir passer l'orage. Après Irma, nul ne sait ce qu'il restera des lignes électriques, des connexions téléphoniques ou Internet. Alors c'est l'heure où chacun appelle ses proches pour les rassurer - et se rassurer soi-même.