Tous les observateurs s’attendaient à une rude soirée pour le PS, et la fébrilité quasi pathologique de Manuel Valls depuis trois semaines laissait penser que les sondages non publiés devaient être aussi mauvais que ceux annoncés. Ils n’ont pas été déçus car en dépit du déni du Premier ministre qui s’est félicité de l’efficacité de sa campagne hystérique, le PS a bien pris la raclée mémorable attendue.
Si l’on s’en tient à ces moyennes nationales de 21 % des voix pour le PS et de 35 % des voix pour le bloc de gauche mises en avant par les médias, le bilan de la soirée est déjà sévère. En effet, comme le décompte du ministère de l’Intérieur englobe dans cette moyenne tout un tas de binômes divers gauche, le score du PS seul est, en vérité, bien inférieur à 20 % et le bloc de gauche ne représente plus qu’un tiers des Français contre plus de la moitié lors des scrutins précédents.
Mais, c’est surtout en termes de conséquences sur le nombre d’élus dimanche prochain que ce résultat doit être analysé. Compte tenu du mode de scrutin qui ne qualifie pour le second tour que les deux binômes arrivés en tête ou les candidats ayant recueilli le suffrage de plus de 12,5 % des inscrits, le PS se trouve d’ors et déjà éliminé dans près de la moitié des 2.054 cantons en jeu. À l’issue de ce premier tour, il ne peut guère espérer conserver plus d’une vingtaine de départements sur les 60 qu’il détient actuellement, et les Français peuvent fort bien encore saler l’addition dimanche prochain. La déculottée du jour est sévère, mais celle du 29 mars pourrait être historique. Elle devrait être d’une ampleur bien supérieure aux deux précédentes, à savoir que les élections municipales de mars 2014 avaient valu à la gauche l’élimination de dizaine de milliers de conseillers avec, pour conséquence, la perte de 21 sièges de sénateurs 6 mois plus tard, et les élections européennes du mois de mai dernier, où le bloc PS-EELV avait perdu un tiers de ses sièges, passant de 28 à 19 représentants à Strasbourg, tandis que le FN passait de 3 à 24 députés.
Alors, bien sûr, ce résultat ne va rien changer dans l’immédiat. Les institutions non élues et non démocratiques comme la Commission européenne, la Cour européenne des droits de l’homme, le Conseil constitutionnel, les médias et les créanciers de la France, vont continuer à diriger notre pays comme avant. François Hollande ne modifiera ni sa façon d’être ni sa politique et Manuel Valls restera peut-être même à son poste pour continuer à menacer la France et les Français au nom des valeurs de la République.
Qu’importe, nul ne peut plus aujourd’hui ignorer que le pouvoir exécutif et législatif n’a plus la moindre représentativité et, par conséquent, plus la moindre légitimité. Les Français savent qu’ils sont, eux, la légitimité et s’ils se contentent de cette insurrection électorale, s’ils laissent ces gens saccager encore quelque temps notre grande nation alors que la moindre des dignités eût été de démissionner en bloc par respect pour la démocratie et pour la France, c’est uniquement parce qu’ils devinent l’extrême dangerosité de l’animal blessé. La sagesse commande de le laisser encore s’épuiser avant de porter le coup de grâce.