Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Poésie

  • Poème pour ma mère

    Boulevard Mérentié

     

    Il avait des maisons calmes et des passants légers

    C'est là que j'appris à aimer ma mère

    Plus que tout au monde

     

    Les dimanches étaient pareils à des arbres fruitiers

    Les semaines semailles mêmes de ma vie

     

    Elle m'apprenait

    La course si mobile des nuages

    Le soleil des lents après-midi d'été

     

    Sans mots ni phrases

    Le bonheur d'aimer

    Pour toute l'éternité

     

    Gaëlle Mann

     

     

  • LE DORMEUR DU VAL

    213086071.jpg
    Arthur Rimbaud à 10 ans: lequel est-ce?
    443970023.jpg
    Arthur Rimbaud à 17 ans (1854-1891)

    Le Dormeur du val


    C'est un trou de verdure, où chante une rivière
    Accrochant follement aux herbes des haillons
    D'argent; où le soleil, de la montagne fière,
    Luit: c'est un petit val qui mousse de rayons.

    Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
    Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
    Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
    Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

    Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
    Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
    Nature, berce-le chaudement: il a froid.

    Les parfums ne font pas frissonner sa narine.
    Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
    Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

    Arthur Rimbaud, novembre 1870

     



     

     

     

  • DELFICA

           Ultima cumaei venit jam carminis aetas.

     

    La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance,

    Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,

    Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants,

    Cette chanson d'amour qui toujours recommence?...

     

    Reconnais-tu le Temple au péristyle immense,

    Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,

    Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,

    Où du dragon vaincu dort l'antique semence?...

     

    Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !

    Le temps va ramener l'ordre des anciens jours;

    La terre a tressailli d'un souffle prophétique...

     

    Cependant la sibylle au visage latin

    Est endormie encore sous l'arc de Constantin

    - Et rien n'a dérangé le sévère portique.

     

     Gérard de Nerval  ( 1808 - 1855 )