Toujours muet à son procès, Michel Fourniret a expliqué mardi la mécanique qui l'a conduit à tuer l'une de ses victimes présumées, mais lors d'aveux filmés en 2004 et diffusés devant la cour d'assises des Ardennes, procédure "rarissime" lors d'un procès.
"Donnez-moi les moyens de quitter mon silence", a-t-il lancé à Me Paul Lombard, un avocat des parties civiles, qui tentait à nouveau de l'interroger. Dans une envolée de plusieurs minutes en fin d'audience, Me Lombard a imploré en vain Fourniret de parler pour "réussir sa sortie", en évoquant les enfants de l'accusé.
La cour a pu néanmoins entendre Fourniret s'exprimer avec précision sur les faits, grâce à la diffusion dans la salle d'audience d'extraits d'une vidéo filmée lors des aveux du couple Fourniret en 2004.
La police judiciaire de Dinant (Belgique), chargée de l'enquête après l'arrestation de Fourniret en 2003, avait filmé plusieurs interrogatoires du couple.
Fourniret, jugé pour sept meurtres aggravés, a expliqué qu'il avait étranglé Elisabeth Brichet "pour faire taire les protestations, pour faire taire le regard" de sa victime. Il a précisé qu'en cas de "résistance", il devenait un "combattant dont la mission est de prendre le dessus".
"Le technicien que je suis tente de savoir où il en est. Là, c'est le rationnel qui s'exprime", a-t-il finalement déclaré pour expliquer sa décision de placer le corps de l'adolescente dans un congélateur avant de l'enterrer dans le parc du domaine du Sautou, où il a été retrouvé lors de fouilles en juillet 2004.
Auparavant, lors de la diffusion d'aveux de l'accusée Monique Olivier devant la police belge le 30 juin 2004, l'ancienne garde-malade admettait avoir été présente avec Sélim, le fils du couple âgé d'un an, dans la voiture lors de l'enlèvement d'Elisabeth.
"J'étais la complice, mais la complice forcée" de Michel Fourniret, a-t-elle déclaré d'une voix assurée, contrastant avec sa voix hésitante depuis le début du procès. Dans un autre extrait, Michel Fourniret admettait avoir fait comprendre à son épouse qu'il la tuerait si elle tentait de le dénoncer.
L'accusé, montré dans un extrait en train de pleurer en invoquant en termes confus la Vierge Marie, est resté impassible pendant la diffusion de la vidéo. Plus tôt, il avait essuyé sans réagir le cri de rage de Marie-Noëlle Bouzet, la mère de la victime, qui l'avait traité "d'impitoyable bouffon".
Cette dernière est intervenue à plusieurs reprises lors des débat, en interrogeant notamment Monique Olivier sur les étapes du stratagème d'enlèvement et sur son absence de réaction lorsque la fillette l'avait suppliée de l'aider.
Lundi, elle avait vivement dénoncé les dysfonctionnements des justices belge et française dans ce dossier.
Mercredi la cour se penche sur le meurtre de Natacha Danais, tuée à 13 ans en novembre 1990 près de Nantes.