En orange, zone revendiquée par le Tibet (Wikipédia)
Le dalaï-lama en exil à Dharamsala (Inde) le 18 mars 2008
Alors que les autorités chinoises quadrillent toujours la capitale tibétaine, Lhassa, mercredi 19 mars, à la recherche de personnes ayant participé aux manifestations de la semaine dernière, le dalaï-lama a appelé à une reprise du dialogue avec Pékin. "Sa Sainteté est engagée à dialoguer avec les Chinois. Nous devons venir les uns devant les autres et nous parler", a déclaré Tenzin Taklha, proche collaborateur du chef spirituel tibétain. Il a estimé que les Chinois "ne résoudront jamais la question tibétaine en envoyant des troupes. La seule solution est de se retrouver face à face, d'entamer un dialogue et de trouver une solution".
Selon Gordon Brown, le premier ministre britannique, cet appel aurait été entendu à Pékin. Devant la Chambre des communes, il a dit s'être entretenu avec son homologue chinois, Wen Jiabao, qui se serait dit "prêt à entamer un dialogue avec le dalaï-lama".
"Je suis avec grande anxiété les informations qui nous arrivent ces derniers jours du Tibet. Mon cœur de Père ressent de la tristesse et de la douleur face aux souffrances de tant de personnes", a indiqué, mercredi 19 mars, le pape Benoît XVI devant des milliers de fidèles. "On ne résout pas les problèmes avec la violence, on ne fait que les aggraver", a-t-il souligné, en appelant "à Dieu pour qu'il donne à chacun le courage de choisir la voie du dialogue et de la tolérance". – (avec AFP.)
Le dalaï-lama s'est adressé à la communauté internationale, exhortant les dirigeants du monde entier à "appeler les dirigeants chinois à la plus grande retenue face aux troubles actuels". Dans sa résidence de Dharamsala, dans le nord de l'Inde, le chef spirituel des Tibétains, avait auparavant reçu des représentants de groupes tibétains en exil, notamment de certains groupes de jeunes militants qui ont organisé ou cautionné des marches de protestation, en particulier en Inde. "Il leur a expliqué quels étaient ses sentiments et leur a dit qu'il fallait peut-être aujourd'hui se pencher sur le long terme. Quant à savoir s'il a été entendu...", a indiqué à Reuters un autre porte-parole, Chhime Chhoekyapa.
"APPROCHE DE LA 'VOIE MOYENNE'"
"Sa Sainteté reste engagée dans son approche de la 'voie moyenne', dans la poursuite du dialogue", préconisant une autonomie culturelle et non pas une indépendance totale vis-à-vis de Pékin, assurent ces porte-parole. Les dernières négociations directes entre Tibétains et Chinois remontent à juillet 2007 et s'étaient soldées par un échec.
Au Népal, où l'accès à l'Everest est toujours fermé, des manifestations de Tibétains aux abords des installations des Nations unies à Katmandou se sont poursuivies, mercredi. Selon l'Associated Press, la centaine de manifestants ont pu défiler sans être inquiétés, mais sans pouvoir accéder au siège de l'ONU ni pouvoir crier des slogans anti-chinois. Il s'agissait de la quatrième manifestation de ce type depuis dimanche.
Dans les provinces chinoises avoisinantes du Tibet, les forces de sécurité interdisent toujours aux étrangers de circuler, selon des témoignages recueillis par l'AFP. La délivrance des permis de séjour dans la région himalayenne a été suspendue et de nombreux journalistes expulsés. "Il n'y a rien à voir maintenant mais vous serez les bienvenus si vous revenez plus tard", s'est contenté de répondre un policier chinois au barrage de Yajiang.